Expérience de Sortie-du-Corps FAQs
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written by Jouni A. Smed   jounsmed@utu.fi Traduit en français par Dominique.

 Contents of OBE-FAQ:

' Introduction
' C’est quoi une expérience de sortie-du-corps?
' C’est quoi PES, PK and psi?
' Quelles théories ont été mises en avant pour expliquer l’ESC?
' Cest quoi une projection astrale?
' Est-ce que projection astrale est une explication adéquate ?
' C’est quoi l’animisme?
' Est-ce que l’ EursSC peut être vu comme une apparition?
' Comment peut-on trouver à quoi ressemble une ESC?
' A quoi ressemble une projection astrale moyenne?
' A quoi ressemble une ESC moyenne ?
' A quel point les ESC sont-elles communes?
' Quels sont les prérequis pour induire une ESC ?
' Comment induire une ESC?

o Techniques d’Imagerie
o
Induction d’une Motivation Spéciale pour Quitter le corps
o
Le Petit Système' d’Ophiel
o
La Technique Christos
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La Méthode de Robert Monroe
o
Méthodes de Rituel Magique
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Méditation et Méditation Chakra
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Hypnose
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Drogues
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Dévelopement du Rêve
o
Méthode Expérimentale de Palmer

' C’est quoi les Rêves lucides?
' Quelle est la physiologie des rêves et des rêves lucides?
' Quelle est la physiologie des ESCs?
' C’est quoi les expériences de mort imminente et est-ce que ce sont des sortes d’ESCs ?
' Est-ce que l’ESC est une forme de maladie mentale ?
' Les personnes avec une grande imagination sont-elles plus susceptibles de faire des ESCs?
' Les ESCs sont-elles une forme d’hallucination?
' Quelles sont les caractéristiques de la vision de SC?
' Comment peut-on expliquer l’ESC?

o Quelque chose Quitte le corps
       
Théories Physique
       
Théorie du Monde Physique Astral
       
Théorie du Mone Mental Astral

o Rien ne Quitte le Corps
      
 Théorie Parapsychologique
       
Théories Psychologiques    

o Autres approches

' Outils Sortie-du-Corps
' Références

Introduction

La plupart de la discussion sur les expériences de sortie-du-corps a tourné autour de leur récit de de la spéculation sur la nature de ces expériences. Certains articles ont soulevé la question de la nature de ces expériences, hallucinatoire ou purement une fonction de processus biologiques ayant lieu dans le cerveau, et, de l’autre extrême, certains les ont associées avec la notion de l’existence d’une âme immortelle et autres idées généralement reliées à des interprétations religieuses de l’existence humaine. La plupart des lecteurs sont intrigués à l’idée que quelqu’un soit capable d’avoir et de contrôler des ESCs et les regardent comme une expérience potentiellement intéressante, cependant un petit nombre de personnes prenant part aux discussions est intéressé de comprendre leur nature et fonction, ainsi que les possibles implications pour la compréhension de ce que cela signifie d’être complètement humain.

C’est quoi une expérience de sortie-du-corps?

Les expériences de sortie-du-corps (ESCs) sont ces expériences curieuses et généralement brèves dans laquelle la conscience de la personne semble se séparer de son corps, autorisant l’observation du monde d’un point de vue différent de celui du corps et par des moyens différents de ceux des sens physiques. Par conséquent une expérience de sortie-du-corps peut initialement être définie comme ‘une expérience dans laquelle une personne semble percevoir le monde à partir d’un endroit hors du corps [ dans certains cas les expérienceurs déclarent qu’ils ont ‘vu’ et ‘entendu’ des choses (objets qui étaient vraiment là, évènements et conversations ayant vraiment eu lieu) qui ne pouvaient pas être vues ou entendues des positions réelles de leur corps.

De façon surprenante, les ESCs sont relativement communes ; différentes enquêtes ont produit des résultats quelque peu différents, mais certaines estimations montrent qu’entre une personne sur dix à une personne sur vingt a probablement fait ce genre d’expérience au moins une fois. Qui plus est, il semble que les ESCs peuvent survenir chez n’importe qui dans presque n’importe quelles circonstances. Les chercheurs ont approché la question du moment des ESCs en demandant aux personnes déclarant avoir eu des ESCs de décrire quand c’était arrivé. Chez l’un d’eux, plus de 85 pourcent des interrogés ont dit avoir eu une ESC alors qu’ils se reposaient, dormaient ou rêvaient [Bla84]. D’autres enquêtes montrent également que la majorité des ESCs ont lieu quand les gens sont au lit, malades, ou se reposant, avec un plus petit pourcentage survenant quand la personne a pris de la drogue ou des médicaments [Gre68a, Poy75]. Mais elles peuvent survenir pendant presque n’importe quelle activité. Green cite quelques cas dans lesquels des motards, à pleine vitesse sur leur motos, se retrouvent subitement à flotter au-dessus de leur machines en regardant vers le bas leurs propres corps qui continuent à conduire. Sans avoir un accident. Des pilotes d’avion en haute altitude (peut-être affectés par l’absence de vibration, et l’uniformité de stimulation sensorielle) se sont de même retrouvés semble-t-il hors de leur avion, à lutter pour y rentrer. On peut bien lutter avec acharnement dans de telles circonstances.

Encore plus curieux sont les cas d’ESC et d’apparition mutuelles :le sujet ayant l’ESC, conscient qu’il fonctionne dans une espèce de corps dédoublé, se déplace vers un endroit éloigné où il voit une personne et est conscient d’être vu par cette personne, cette dernière confirmant qu’il a vu une apparition de l’EurSC au moment où l’EurSC déclare être en sa présence. Donc les deux expériences se corroborent l’une l’autre.

Toutes les ESCs ne sont pas spontanées. À l’aide de techniques diverses, certaines personnes ont semble-t-il développé la capacité de les induire plus ou moins à la demande, et certains ont écrit le récit détaillé de leurs expériences. Ces récits ne s’alignent pas toujours exactement aux récits faits par les personnes qui ont vécu des ESCs spontanées. Par exemple la grande majorité de ceux qui ont des ESCs à la demande déclarent qu’ils sont toujours dans un corps, mais un corps dont la forme, les caractéristiques externes, et la localisation spatiale peuvent être facilement modifiés à volonté et un nombre appréciable d’entre eux font référence à un ‘cordon argenté’ entre leur nouveau corps et le vieux. Un bien plus petit pourcentage de ceux ayant des ESCs spontanées mentionnent avoir un corps, et certains disent spécifiquement se trouver sans corps. Le ‘cordon argenté’ est très rarement mentionné. Il est difficile de ne pas suspecter que plusieurs traits des ESCs auto-induites sont déterminés par les lectures du sujet et ses attentes précédentes.

Les aspects communs de l’expérience comprennent se trouver dans un corps ‘hors-du-corps’, proche du corps physique, sentant une sensation d’énergie, ressentant les vibrations, et entendant d’étranges bruits forts [GT84]. Parfois une sensation de paralysie du corps précède l’ESC [Sal82, Irw88, MC29, Fox62]. Les ESCs, surtout les spontanées, sont très vives et ressemblent aux expériences quotidiennes de l’état de veille plutôt qu’aux rêves, et elles peuvent faire une très grande impression à ceux qui les vivent. Ces personnes peuvent trouver difficile de croire qu’en fait elles n’ont pas quitté leur corps, et elles pourraient tirer la conclusion que nous avons une âme séparable, peut-être liée à un second corps, qui survivra à l’état de conscience totale, peut-être même de conscience augmentée, après notre mort. La mort serait, comme une ESC dans laquelle on n’aurait pas réussi à retourner dans son corps.

De telles conclusions s’imposent encore plus à l’esprit de ceux qui ont fait une ‘expérience de mort imminente’ (EMI). Il n’est pas rare que ceux qui se sont trouvés au seuil de la mort et sont revenus à la suite de, disons un arrêt cardiaque ou une blessure sérieuse dans un accident, rapportent une expérience (pour tous de façon très claire et impressionnante) de quitter son corps, et se rendre (souvent dans un corps dédoublé) à la frontière d’un domaine nouveau et merveilleux. Les rapports suggèrent que la conscience du Soi hors du corps est non seulement intacte mais elle est augmentée : les évènements se déroulant pendant la période de perte de connaissance sont décrits avec des détails pertinents et confirmés par ceux présents.

Parfois le sujet ‘entend’ le médecin le prononcer pour mort alors qu’il se sent intensément vivant et libéré de toute douleur physique, et il est contraint de retourner aux constrictions du corps physique. Si les ESCs démontrent la capacité du conscient Soi d’avoir des expériences et des perceptions hors du corps physique, les expériences de mort imminente semblent suggérer que cette capacité persiste quand le corps physique est totalement inconscient.

L'idée que nous avons tous un double semble naturellement surgir de l’idée d’une ESC. Si vous semblez quitter votre corps physique et observer les choses depuis l’extérieur il semble donc naturel de supposer que, du moins temporairement, vous aviez un double. Il semble aussi évident que ce double peut voir, entendre, penser et bouger. Cette interprétation n’est pas nécessairement correcte. Comme Palmer l’a souligné avec précaution [Pal78a] l’expérience d’être hors du corps n’équivaut pas au fait d’être dehors.

Selon la psychologue britannique Susan Blackmore, la définition d’une ESC comme expérience n’est peut-être pas une parfaite définition mais l’un de ses avantages majeurs est qu’elle n’implique pas une interprétation particulière de l’ESC. Les conséquences de cette définition sont importantes. D’abords, puisque l’ESC est une expérience, lorsque quelqu’un dit avoir eu une ESC nous devons le croire. On peut concevoir que dans le futur, on puisse trouver des moyens de mesurer, ou d’établir des critères extérieurs pour l’ESC, mais pour le moment, on ne peut qu’accepter ce que la personne dit. Une autre conséquence associée est que l’ESC n’est pas un genre de phénomène psychique. Comme Palmer l’a expliqué, l’ESC n’est pas, ni potentiellement ni dans les faits, un phénomène psychique. Cette façon de voir est la conséquence naturelle de toute définition expériencielle. Une expérience privée peut prendre n’importe quelle forme que l’on désire. Cette expérience peut devenir une associée à une PES et des évènements paranormaux, ou non.

C’est quoi PES, PK and psi?

‘Perception Extrasensorielle’ (PES) est un terme inventé par le DR. J.B. Rhine de l’Université Duke. Il couvre toute instance d’acquisition apparente de connaissance non inférentielle de faits matériels sans l’utilisation des organes de sens. Habituellement on parle de trois types de PES : la ‘télépathie’ dans laquelle la connaissance d’évènements est dans l’esprit d’une autre personne, la ‘clairvoyance’, dans laquelle la connaissance concerne des objets physiques ou des états de choses ; et la ‘prémonition’ (télépathique ou clairvoyante) où la connaissance concerne des évènements encore dans le futur. Le mot connaissance n’est pas tout à fait adéquat, car il peut y avoir ‘interaction’ télépathique ou clairvoyante, dans laquelle l’état mental ou les actions d’une personne peuvent être influencé par des états de choses extérieurs, bien qu’elle ne le ‘sache’ ni ne le ‘connaisse’.

Un autre terme américain est ‘psychokinésie’ (PK), influence directe d’évènements du mental sur des évènements physiques externes au corps de l’agent. ‘Psi’ (de la lettre grecque) est ‘un terme général pour identifier des facteurs personnels ou des procédés en nature qui transcendent les lois acceptées’[Gay74]. Il est parfois utilisé pour couvrir la PES et la PK.

Quelles théories ont été mises en avant pour expliquer l’ESC?

La notion du double humain a une longue histoire haute en couleurs. Platon nous a donné une première idée. Il croyait que ce que nous voyons dans cette vie est seulement un pâle reflet de ce que l’esprit pourrait voir s’il était détaché du physique. Emprisonné dans un corps physique grossier, l’esprit est contraint ; séparé de ce corps, il serait capable de converser librement avec les esprits des disparus, et de voir les choses plus clairement. Une autre idée qui remonte aux grecs est que nous avons un deuxième corps. L’esprit ou autre corps subtil serait capable de mieux voir sans son corps. Aristote enseignait que l’esprit pouvait quitter le corps et qu’il était capable de communiquer avec les esprits, pendant que Plotinus soutenait que toutes les âmes doivent être séparables de leurs corps physiques. Cette ‘doctrine du corps subtil’ persiste dans toute la tradition occidentale.

Homer regardait l’homme comme un composite comprenant trois entités distinctes, à savoir le corps (soma), le ‘psyché’ et le thumos ; ce dernier terme est intraduisible, mais est toujours intimement associé au diaphragme (phrenes), qui était considéré comme étant le siège de la volonté et du sentiment, peut-être même de l’intellect. A ce stade (800-750 BC) le terme psyché ne signifiait pas encore âme personnelle, mais représentait plutôt la vie impersonnelle qui habite le corps mais qui n’est pas en relation avec l’intellect et les émotions. Un quatrième composant, ‘l’image’ (eidolon) peut-être aussi inclus dans la constitution de l’humain ; c’était cet aspect du Soi qui agissait et apparaissait dans les rêves, où il était considéré comme figure réelle.

Les premiers adeptes de Dionysos en Thrace ont reconstitué sa mort et sa résurrection lors d'une cérémonie macabre, au cours de laquelle ils ont déchiré un taureau vivant avec leurs dents, avant de se promener dans les bois en poussant des cris frénétiques. Les rituels ultérieurs n'étaient guère moins barbares et frénétiques ; tous étaient calculés pour induire un stade de folie ou de manie religieuse. Ils avaient lieu la nuit, au son de la musique et des cymbales, ce qui excitait le chœur des adorateurs qui ne tardaient pas à se joindre à eux en poussant des cris. Les danses étaient si violentes qu'il ne restait plus de souffle pour chanter, et finalement les adorateurs induisaient par leurs excès un état d'exaltation et de ravissement tel qu’il leur semblait avoir transcendé les limites ordinaires de la vie, qu’ils étaient ‘possédés’, leur âme ayant quitté leur corps temporairement. L’âme était en état d’enthousisasmos (à l’intérieur de dieu) et d’ektasis (hors du corps) ; libérée des confinements du corps elle jouissait de la communion avec le dieu.

Sans doute l’idée la plus omniprésente par rapport aux autres corps est qu’à la mort nous quittons notre corps physique et prenons une forme plus subtile ou plus élevée. Cette notion prend ses racines non seulement dans la pensée grecque et dans une philosophie plus tardive, mais aussi dans de nombreux enseignements religieux. Certaines religions orientales comprennent des doctrines spécifiques sur les formes et capacités des autres corps et la nature des autres mondes ; et dans la Chrétienté il y a des références à un corps spirituel. Certaines pratiques religieuses peuvent être vues comme une préparation de l’âme pour sa transition vers la mort.

Le Livre des Morts Tibétain ou Bardo Thödol (signifiant Libération par l’écoute pendant l’état intermédiaire entre la mort et la renaissance) a été mis par écrit pour la première fois au VIIIe siècle de notre ère, bien que l’éditeur, le Dr. W. Y. Evans-Wentz, ne doute pas qu’il représente ‘la compilation de la croyance d’innombrables générations en une forme d’existence après la mort’. On pense que ses enseignements étaient initialement de tradition orale, finalement compilés et écrits par un certain nombre auteurs. Le livre est utilisé comme rituel funéraire et est lu à haute voix comme guide pour le récent décédé. Il contient une description élaborée du moment de la mort, des états d’esprit que le mort expérimente à des stades variés de son existence post-mortem ainsi que du chemin vers la libération ou la renaissance, selon le cas.

Le corps Bardo, également appelé corps-de-désir ou -de-propension, est formé de matière invisible ou éthérée et est, dans la tradition, on le croit l’exacte duplicata du corps humain, duquel il s’est séparé lors du processus de la mort. Contenu dans le corps Bardo sont le principe- conscience et le système nerveux psychique (l’équivalent, pour le corps psychique ou corps Bardo, du système nerveux physique du corps humain) [Eva60]. De par sa nature, le corps Bardo est capable de traverser la matière, qui est seulement solide et impénétrable pour les sens, mais pas pour les instruments de physique moderne ; et le fait que la conscience du Soi ne soit pas intégrée dans la matière lui permet de voyager instantanément où elle le désire. Les envols de l’imaginaire deviennent objectivement réels, le vœux se réalise.

Dans son introduction du Livre des Morts Égyptien -appelé dans leur langage Pert Em Hru (Livre pour sortir au jour)- Wallis Budge souligne que ses chapitres sont le miroir dans lequel se reflètent la plupart des croyances des diverses types de populations qui ont bâti les Égyptiens de l’histoire. Comme tous les commentateurs se sont pressés d’indiquer, le Livre des Morts n’a pas d’unité, c’est une collection de chapitres de longueurs variées et datant d’âges différents. Une sélection serait faite pour le défunt, et serait copié sur les murs de la tombe ou inscrite sur les côtés du sarcophage ; ou pourrait même être écrite sur les rouleaux de papyrus qui seraient alors placés dans les plis des bandelettes couvrant le corps. Les extraits avaient pour but de bénéficier au défunt de manières variées.

Dans le Livre des Morts Égyptien, le corps physique périssable, que l’on peut préserver seulement par momification, est appelé khat. Ensuite vient le ka, qui est généralement traduit pad ‘double’, et est défini par Wallis Budge comme ‘une individualité ou personnalité abstraite qui possédait la forme et les attributs de l’homme auquel elle appartenait, et, bien que son habitat normal soit dans la tombe avec le corps, elle pouvait errer à volonté ; elle était indépendante de l’homme et pouvait partir s’installer dans n’importe quelle statue de lui.’

Le ba, ou Cœur, est représenté comme un oiseau et est souvent traduit par ‘âme’. On le conçoit parfois comme un principe animé à l’intérieur du corps, mais ailleurs on laisse entendre que l’on devient un ba uniquement après la mort, lorsqu’il réside soit avec le ka dans la tombe, soit avec Ra ou Osiris au paradis. On se réfère au ha souvent en connexion avec l’âme spirituelle (khu), qui est vue comme non périssable et existait dans le corps spirituel (sahu). Le sahu à l’origine était considéré comme étant un corps plus matériel et a peut-être formé une partie d’une vision première et littérale de la résurrection, alors que sahu, ba, ka, khaibit (ombre) et ikhu (force vitale) se sont réunifiés à nouveau après 3000 ans, et l’homme a été réanimé. Progressivement, le sahu a été regardé comme plus spirituel dans ses compositions, et l’idée de résurrection physique a perdu sa proéminence. On croyait que ce sahu avait germé à partir du corps physique, si ce dernier n’était pas corrompu et si les cérémonies appropriées avaient été accomplies par les prêtres.

Les Égyptiens sont d’accord avec les Primitifs et les Tibétains pour affirmer une forme d’existence continuant après la mort physique. Leurs notions sont moins subtiles et consistantes psychologiquement que celles des tibétains mais bien plus complexes et développées symboliquement que celles des primitifs, auxquelles elles ressemblent uniquement dans les premières phases de leur civilisation. Leurs caractéristiques uniques sont centrées sur la peur accablante de la corruption physique et l’attente correspondante d’une germination du sahu indestructible dans lequel le khu existera ‘pour des millions et des millions d’années’.

Une des idées directement pertinente dérive des enseignements de la Théosophie. Dans un schéma impliquant plusieurs plans et plusieurs corps, l’ESC est interprétée comme une projection du corps astral à partir du corps physique. Les idées théosophiques ont influencé la pensée et la terminologie de nombreux chercheurs sur les ESCs car de nombreuses personnes rapportant des ESCs ont trouvé que des termes comme ‘projection astrale’ dérivant de la Théosophie leur étaient utiles pour décrire leurs expériences. D’autres chercheurs, cependant, trouvent une telle terminologie et le modèle pour la description duquel elle a été conçue, inutilement biaisés en faveur d’une certaine interprétation ‘ésotérique’ des expériences réelles.

L'idée que nous avons un double apparait aussi dans la mythologie populaire. Souvent ces doubles ont des connotations sinistres ou sont associés avec la partie la plus sombre de notre psyché, mais d’habitude ils sont supposés être inoffensifs. Ces phénomènes semblent avoir un lien avec l’ESC car ils impliquent un double, mais là s’arrête la ressemblance.

Dean Sheils [She78] a comparé les croyances de plus de 60 cultures différentes en se référant à des dossiers spéciaux conservés pour la recherche anthropologique. Des 54 cultures pour lesquelles une information avait été rapportée, 25 (ou 46%) prétendaient que tout le monde ou presque pouvait voyager hors du corps physique sous certaines conditions. En plus, 23 (ou 43%) prétendaient qu’un petit nombre d’entre eux étaient capable de le faire, et seulement 3 cultures n’exprimaient aucunes croyances pour quoique ce soit de cette nature. Dans 3 autres cultures, la possibilité d’EMIs était admise mais la proportion des gens qui en étaient capables n’était pas donnée. De ceci, nous pouvons conclure qu’un certain type de croyance en des expériences dehors est très commun dans des cultures diverses.

Apparemment, il y a autant de cultures qui interprètent les ESCs comme des rêves, que de cultures qui ne le font pas. La notion que l’on puisse induire délibérément une ESC n’est pas entièrement absente des cultures incluent par Sheils, bien que ce soit habituellement restreint à un certain type de personnes. Souvent, seuls les shamans peuvent provoquer des ESCs, parfois en utilisant des drogues ou méthodes induisant des transes particulières. Plusieurs des cultures décrites par Sheils avaient une croyance commune selon laquelle l’âme peut se déplacer sur la planète, alors que pour d’autres la croyance générale était que l’âme pouvait seulement se déplacer dans le monde des morts ou de l’esprit, et dans d’autres encore, les deux sortes de déplacements de l’âme étaient acceptées.

Il y a des histoires de bi localisation dans lesquelles le corps physique existe et agit en même temps dans deux endroits séparés. Mais les effets physiques dans les ESC sont rares. Également en lien avec l’ESC sont les phénomènes de clairvoyance qui voyage, les projections PES et les visions à distance. La clairvoyance qui voyage a été utilisée pour décrire une forme de clairvoyance dans laquelle le médium ou le sensitif semble observer un endroit lointain, c’est pourquoi cela comprenait à la fois les ESCs et les expériences dans lesquelles le clairvoyant ‘percevait’ la scène lointaine mais sans aucune expérience de sortir du corps. Dans la ‘clairvoyance qui voyage’ tout comme dans la ‘projections PES’, on présuppose qu’une PES se produit mais pas une expérience de sortie du corps. Vision à distance est un terme récent et mieux défini. Typiquement, un sujet décrit ou dessine ses impressions pendant qu’un ‘expérimentateur sortant’ visite des endroits sélectionnés de façon aléatoire. Par la suite on fait correspondre les descriptions et les endroits. On a souvent comparé la vision à distance avec les ESCs, et parfois les sujets qui peuvent avoir des ESCs sont employées dans des expériences de vision à distance.

De nombreuses personnes ont avancé l’argument que l’ESC en elle-même était une certaine sorte de rêve et n’implique qu’un double imaginaire. Cependant, un rêve ordinaire n’a pas ces caractéristiques importantes de l’expérienceur semblant quitter son corps en étant conscient de percevoir les choses comme elles ont lieu. Dans ce sens, les ESCs se comparent mieux avec les rêves lucides, qui sont des rêves dans lesquels le dormeur se rend compte, sur le moment, qu’il ou elle rêve. Dans une telle expérience, le dormeur peut devenir parfaitement conscient dans le rêve, ce qui rend l’expérience fort semblable à une ESC.

L'expérience où l’on voit son propre double a été appelée ‘autoscopie’ ou ‘hallucinations autoscopiques’. Ici à nouveau, le double n’est pas la personne ‘réelle’ ou consciente. Il est vu comme un autre Soi, mais le Soi original apparait encore comme le plus réel. Dans l’ESC, c’est ‘l’autre’ qui semble le plus en vie.

On a avancé l’argument que l’ESC est une hallucination, et tout autre corps ou double est de même hallucinatoire. Il y a de fait de nombreuses similitudes entre certains types d’hallucination et les ESCs.

Parmi d’autres expériences difficiles à dissocier des ESCs se trouvent une variété d’expériences religieuses et transcendantales. Les gens peuvent sentir qu’ils sont devenus très grands ou très petits, devenir un avec l’Univers ou Dieu. Tout est vu dans une nouvelle perspective, et semble ‘réel’ pour la toute première fois. Il est difficile de tracer une ligne entre une expérience religieuse et une ESC et toute ligne que l’on trace peut apparaitre artificielle ou arbitraire.

' Cest quoi une projection astrale?

Superficiellement, l’idée d’avoir un double semble expliquer l’ESC. Cependant, dès que l’on poursuit dans cette idée, les problèmes deviennent évidents et leur résolution demande que le système soit bien plus compliqué. L’un des plus complexe, et certainement ayant le plus d’influence, de tels systèmes est la théorie de la projection astrale, basée sur les enseignements de la théosophie. En 1875 Madame Blavatsky a fondé la Société Théosophique à New-York, pour étudier les religions orientales et la science. De ses enseignements, rapportés de ses voyages en Inde et ailleurs, un schéma complexe a évolué. Selon les Théosophistes, l’Homme n’’est pas seulement le produit de son corps physique mais est envisagé comme étant une créature complexe ayant plusieurs corps, chacun d’entre eux étant plus fin et plus subtil que celui ‘en-dessous’. Ces corps doivent être considérés comme un revêtement extérieur qui peut être enlevé pour révéler l’homme véritable à l’intérieur.

Bien que les détails varient, il est communément admis qu’il y a sept grands plans et sept corps ou véhicules correspondants. Le plus grossier de tous est le corps physique, ou chair, qui nous est tous familier. Il est supposé y avoir un autre corps également décrit comme physique connu comme ‘double éthérique’ ou ‘véhicule de la vitalité’, il est constant et ne change pas au cours des cycles de vie et de mort, mais il n’est pas éternel, car il finit par être restitué en éléments dont il est composé. Ce ‘double’ agit comme une sorte de transmetteur d’énergie, gardant le corps physique inférieur en contact avec les corps supérieurs. La substance éthérique est vue comme une extension du physique.

Le plan suivant est supposé être ‘le monde astral’ et il est associé au ‘corps astral’, ou ‘le véhicule de la conscience’. On pense que ces entités sont plus fines que leurs contreparties éthériques et par conséquent plus difficiles à voir. Le corps astral est considéré être ‘une réplique du corps physique (le corps grossier), mais d’une substance plus subtile et ténue, pénétrant chaque nerf, fibre et cellule de l’organisme physique, et dans un état constant de vibration et pulsation super sensitive’ [Gay74].

Le monde astral est constitué de matière astrale, et tous les objets physiques ont une réplique dans l’astral. Il y a donc une copie physique complète de toute chose dans le monde astral, mais en plus, il y a dans l’astral des choses qui n’ont pas d’équivalent dans le monde physique. Il y a des formes-pensées, créées par la pensée humaine, des élémentaires et la partie la plus basse des morts, ceux qui ne sont pas allés plus loin depuis qu’ils ont quitté le monde physique. Toutes ces entités et plusieurs autres sont utilisés dans des rituels magiques, et les formes-pensées peuvent être spécialement créées pour accomplir des tâches comme la guérison, porter des messages, ou obtenir de l’information.

Dans le schéma que l’on vient de décrire, ceux qui en ont la capacité sont supposés être capables de voir la nature des pensées d’une personne par des changements de couleur et de forme du corps astral. Tout autour du physique on peut voir les couleurs vives et brillantes du corps astral plus large, constituant l’aura astral. L’aura est multicolore et brillante, ou terne, selon le caractère ou la qualité de la personne et c’est pourquoi ‘pour le voyant, l’aura d’une personne est l’index de son tempérament caché’[Gay74].

Toutes ces conceptions sont particulièrement pertinentes à cause du fait que le corps astral est supposé capable de se séparer du corps physique et de voyager sans lui. Comme l’astral est le véhicule de la conscience, c’est ce corps qui a conscience, pas le physique. On dit que durant le sommeil, le corps astral quitte le corps qui dort. Dans la personne non développée, peu de souvenir sont retenus et le corps astral est vague et ses déplacements sont limités et sans direction, mais chez la personne entrainée, l’astral peut être contrôlé, peut voyager loin durant le sommeil, et peut même être projeté du corps physique à volonté. C’est cela qui est appelé projection astrale.

Dans la projection astrale la conscience peut voyager presque sans limite, mais il voyage dans le monde astral, donc il ne voit pas les objets physiques, mais leurs équivalents astraux, et de surcroit les êtres qui vivent des les domaines astraux. Le monde astral est connu comme ‘le monde de l’illusion’ ou monde des pensées. Le voyageur imprudent peut devenir confus par la puissance de sa propre imagination. Dans cet état quelqu’un peut sembler être une apparition à toute personne ayant un ‘regard astral’. En effet, quelqu’un peut également apparaitre devant un autre mais pour ce faire, il faut l’implication de matière inférieure, par exemple la matière éthérique, comme pour les ectoplasmes. L’ectoplasme est considéré être la matérialisation du corps astral et est décrit comme ‘une matière qui est invisible et impalpable dans son état primaire, mais passant à l’état de vapeur, liquide ou solide, selon son degré& de condensation’[Gay74].

Un aspect du voyage astral qui est devenu important dans les écrits suivants, bien qu’il apparaisse in peu dans la théosophie du début, c’est le cordon argenté. On soutient que dans la vie le corps astral est connecté au corps physique par un cordon infiniment élastique mais robuste, dune couleur argentée fluide et délicate. La tradition dit que le cordon doit rester connecté, sinon la mort s’en suit. Lorsque l’on se rapproche de la mort, l’astral se libère graduellement, s’élève au-dessus du physique, et alors le cordon se brise pour permettre au corps supérieur de partir. La mort est donc vue comme une forme de projection astrale permanente.

Au-delà de l’astral, la Théosophie distingue cinq niveaux plus élevés. Cela inclus le monde mental ou devachnique, le bouddhique, le nirvanique et deux autre tellement au-delà de notre compréhension qu’ils sont rarement décrits. La tâche de chacun est de progresser à travers tous.

Est-ce que projection astrale est une explication adéquate ?

Beaucoup d’enquêteurs sont convaincus de la réalité de la projection astrale. Muldoon et Carrington, ainsi que Crookall sont parmi les plus connus. Sylvan Muldoon prétendait être capable de projeter à volonté et décrit ses expériences dans La Projection du Corps Astral [MC29] écrit en collaboration avec l’enquêteur de phénomènes psychiques Hereward Carrington. Ces deux-là ont collecté ensemble de nombreux cas d’ESCs spontanées qu’ils ont accumulés en soutien à la réalité de la projection astrale. Plusieurs années plus tard, Robert Crookall [Cro61-78], de manière plus systématique, a fait la même chose. De nombreuses personnes qui rapportent des ESCs ont trouvé la notion de projection astrale utile, et décrivent leurs expériences en ces termes.

Il y a plusieurs problèmes sérieux avec la théorie de projection astrale, comme mis en évidence par Susan Blackmore [Bla82]. Le premier est que de nombreuses ESCs simplement ne rentrent pas bien dans le cadre de la projection astrale. Celia Green [GRE68a] as collecté de nombreux cas dans lesquels la personne ne décrit pas de corps astral, et même aucun autre corps du tout. De même, très peu rapportent un cordon quelconque, encore moins le cordon argenté traditionnel.

Bien sûr, ce type d’expérience peut être adapté en disant que la vision astrale de l’expérienceur était troublée, ou que le corps astral ou le cordon étaient trop ténus pour être vus, mais ces méthodes pour tenter de rendre compte de l’expérience réelle commencent à affaiblir la théorie. Blackmore critique la complexité de la théorie de projection astrale lorsqu’elle essaye de rendre compte de faits nouveaux faits. Et ceci est lié au deuxième problème, son "extensibilité". Selon elle, la théorie est si compliquée et flexible que presque tout peut être étiré pour s'y adapter et il est difficile de tirer des prédictions précises de la théorie. Si vous ne voyez pas les caractéristiques que vous devriez voir, votre vision astrale n'est pas assez claire ou la mémoire n'a pas été transmise par les niveaux supérieurs. Si vous ne parvenez pas à vous rendre visible pour quelqu'un d'autre, c'est qu'il n'y a pas assez de matière éthérique impliquée, et ainsi de suite. De cette façon, la "théorie" risque d'expliquer tout et rien. En outre, toute théorie qui n'est pas testable est inutile en termes scientifiques.

'C’est quoi l’animisme?

Un courant de pensée a grandi au sein de la parapsychologie et autour de ses limites, qui prend très sérieusement l’idée de la mort comme étant une ESC dans laquelle on n’a pas réussi à retourner dans son corps. Gauld [Gau82] nomme ce courant de pensée ‘l’école animiste’ (anima= âme), l’animisme’ étant l’opinion selon laquelle tout esprit humain, que ce soit avant ou après l’étape de la mort, « est essentiellement et de façon inséparable, attaché à un type de véhicule quasi-physique étendu qui n’est normalement pas perceptible par les sens des êtres humains dans leur vie actuelle » [Bro62]. On entend souvent de la part des membres de l’école animiste, l’argument suivant ; Les ESCs et les expériences de mort imminente sont, autant que l’on puisse le dire, universelles. Elles ont été rapportées de nombreuses parties différentes du monde et dans des périodes historiques différentes. Les expériences de la constitution humaine; car il n’est pas possible qu’elles dérivent d’un courant commun de tradition religieuse ou de croyance populaire – les sociétés desquelles elles ont été rapportées sont trop séparées dans l’espace et le temps pour que l’idée d’une origine commune soit sérieusement possible.

L'argument le plus frappant dans le coin des animistes reste, cependant, encore à mentionner. Il y a certains cas- en aucune manière un nombre négligeable - dans lesquels une personne ayant une ESC, et qui se retrouve ou qui se ‘projette’ dans un endroit particulier éloigné de son corps physique, est aperçue à cet endroit même par une autre personne présente là-bas. Ces cas sont généralement connus comme des cas ‘réciproques’. Donc l’animiste, se basant sur son étude des ESCs et des EMIs, prétend avoir la preuve directe qu’après la mort nous demeurons les individus conscients que nous avons toujours été et que le ‘véhicule’ de nos souvenirs qui survivent et autres dispositions psychologiques est un corps de substitution dont les propriétés ( peut-être autre que celle d’être malléable par la pensée) sont, il l’admet, largement inconnues.

En plus de prendre les ESCs et EMIs en elles-mêmes comme preuve de survie, l’animiste peut se sentir capable d’avancer l’argument suivant comme support à voir d’autres types de phénomènes comme preuve de la survie de la conscience après la mort physique. Il y a dans la littérature sur les apparitions un saupoudrage substantiel de cas d’apparitions de personnes décédées, certains ayant été vues par des témoins qui ne connaissaient pas le décédé dans la vie. Une étude statistique extensive de feu le professeur Hornell Hart [Har56] suggère fortement que les apparitions des morts et les phantasmes de ‘projecteurs’ vivants dans les cas de réciproques sont, en tant que classes, indistinguables l’une de l’autre dans ce que l’on pourrait appeler leurs ‘caractéristiques externes’ – telles que l’apparence solide de la figure, habillée de vêtements ordinaires, vue par plus d’une personne, le fait qu’elle ait parlé, qu’elle se soit ajustée à son environnement physique, etc. Maintenant nous savons que dans les cas réciproques les phantasmes du projecteur sont d’une certaine manière un centre de ou un véhicule de la conscience, à savoir la conscience du projecteur. Étant donné que les apparitions des morts et des projecteurs vivants appartiennent manifestement à la même classe d’objets ou d’évènements, on peut correctement déduire que puisque les apparitions des projecteurs vivants sont le véhicule de la conscience de la personne en question, cela doit également être vrai pour les apparitions des morts. Donc la conscience des morts survit et peut soit avoir, ou faire usage, d’une sorte de corps.

‘ Est-ce que l’ EursSC peut être vu comme une apparition?

L’étude des apparitions constitue une part importante du début de la recherche en physique, et plusieurs différents types d’’apparition ont été enregistrées, mais celles qui nous intéressent en premier sont celles dans lesquelles la personne qui fait une ESC apparait simultanément à quelqu’un d’autre comme un apparition. De tels cas sont nombreux dans les premiers travaux et ont été cités de manière répétitive mais un relativement petit nombre d’entre eux forment le pilier des preuves empiriques sur les apparitions liées aux ESCs. Crookall [Cro61] and Smith [Smi65] citent des cas plus récents mais eux aussi se concentrent sur les anciens. Green [Gre68a] discute des similarités entre les apparitions en général et le corps asomatique perçu par les EursSC mais elle ne donne pas d’exemple de sa propre collection de cas dans lequel une autre personne a vu le double extériorisé. En contraste, environ 10% des EursSC de Palmer déclarent avoir été vu comme une apparition [Pal79b] et Osis prétend que d’après son enquête les EursSC ont ‘souvent’ dit qu’ils étaient remarqués par d’autres et dans 16 cas (6% du total) il a pu vérifier avec des témoins, bien qu’il ne s’étende pas sur sa remarque. Il serait clairement très utile que bien plus de preuve de cet ordre puisse être récoltées, et les cas récents vérifiés minutieusement.

' Comment peut-on trouver à quoi ressemble une ESC?

Une des façons les plus simple de trouver à quoi ressemble une ESC est de rassembler un grand nombre de témoignages de cas et de les comparer. Ainsi on peut extraire tous les traits communs et noter toutes les variations. On peut apprendre beaucoup des conditions dans lesquelles les expériences ont eu lieu, de leur durée, et de à quoi elles ressemblaient. Les témoignages de personnes ayant fait des ESCs tombent, grosso modo, dans deux catégories. Il y a les nombreuses personnes ordinaires qui font une ESC unique, ou quelques fois ; et il y a un petit nombre de personnes qui déclarent pouvoir se projeter à volonté.

Cette méthode a ses limites, à savoir que collectionner des cas ne permet pas d’obtenir des réponses à de nombreuses importantes questions. Comme les gens rapportent leur expérience volontairement, l’échantillon comporte un biais. De nombreux témoignages sont donnés plusieurs années voire décennies après l’évènement et il est alors impossible de déterminer à quel point l’histoire a été altérée par la mémoire au cours du temps. Pour de telles raisons il est impossible de déterminer, par exemple, à quel point l’expérience est commune. Ensuite, de nombreux EursSC déclarent qu’ils étaient capables de voir des pièces dans lesquelles ils n’étaient jamais allés, de décrire correctement des personnes qu’ils n’avaient jamais rencontré, ou de déplacer des objets physiques pendant leur expérience. De tels comptes-rendus sont très intéressants en parapsychologie mais ils ne peuvent pas être testés en collectionnant des cas.

' A quoi ressemble une projection astrale moyenne?

Des témoignages d’ESCs ont été rassemblés depuis le début de la recherche en physique. La première collection de cas d’apparitions spontanées, télépathie et clairvoyance a été publiée en 1886 sous le titre 'Phantasms of the Living (Phantasmes du Vivant) ‘ [GMF86]. Frederic Myers a aussi rassemblé des cas similaires pour son 'Human Personality and its Survival of Bodily Death' (La Personnalité Humaine et sa survie à la Mort du corps) [Mye03].

La première collection majeure a été faite par Muldoom et Carrington et a été publiée en 1951 [MC51]. Presque cent témoignages ont été catégorisés selon qu’ils étaient produits par drogues ou anesthésiques, arrivés au moment d’un accident, de la mort ou d’une maladie, ou étaient déclenchés par un désire réprimé. Finalement, ils ont donné les cas dans lesquels les esprits semblaient impliqués. En catégorisant ainsi les cas, Muldoon and Carrington ont pu les comparer et les interpréter à la lumière de leurs théories de projection astrale, mais ils ne sont pas allés au-delà de cette théorie plutôt simple. Ces recherches supposaient que nous ayons un double, et qu’il était capable de percevoir à distance et même de survivre sans le corpd physique

Les collections les plus larges de témoignages de projection astrale ont été amassées par Robert Crookall. Dans de nombreux livres [Cro61, 64a] il a présenté des centaines de cas qui montrent les types de consciences que Muldoon et Carrington ont trouvé. Il a aussi divisé les cas en fonction de comment ils survenaient. En premier il y avait les ‘naturels’ qui incluaient les personnes étant presque mortes ou étaient très malades ou épuisées, tout comme celles qui allaient fort bien. En contraste avec ces derniers il y avait les cas ‘forcés’, étant induits par anesthésie, suffocation et chutes, ou délibérément par hypnose.

Les caractéristiques typiques des témoignages de Crookall étaient la lumière mystérieuse illuminant l’obscurité, le double blanc, la capacité de voyager à volonté et l’incapacité d’atteindre les objets matériels. Crookall a cité les éléments typiques de la projection naturelle comme étant le cordon reliant les deux corps, des sentiments de paix et de bonheur, et la clarté de l’esprit ainsi que tout ce qui est vu semble réel. En contraste avec ce que Crookall appelle l’ESC ‘forcée’, il signifie ainsi celles dans lesquelles l’expérienceur y entre délibérément, il soutenait que la personne typiquement se retrouvait dans un environnement ni heureux ni brillant mais dans un rêve ou des conditions réminiscences des conceptions populaires d’« Hadès ».

Dans la projection, on peut dégager deux aspects : dans les ESCs naturelles, le corps de l’âme ou corps astral, est éjecté, libre du véhicule de vitalité et la vision de l’expérienceur est claire, mais lorsque l’ESC est le résultat d’un effort conscient d’avoir une ESC, une partie du véhicule inférieur est perdue en même temps et brouille la vision. Les mêmes principes s’appliquent à la mort : les morts naturelles, d’après les témoignages d’EMI, mènent à une expérience aux conditions paradisiaques, mais les victimes d’une mort ‘forcée’ vont probablement se retrouver dans Hadès avec une vision et une conscience brouillée.

L'argument de Crookall implique qu’il y a un corps astral, un véhicule de vitalité et un cordon argenté, et que nous survivons à la mort pour vivre dans un plan plus élevé. Il croyait que pour autant qu’une telle chose puisse être prouvée, les multiples cas qu’il avait réuni prouvaient l’existence de nos autres corps.

' A quoi ressemble une ESC moyenne ?

Les précédentes collections de cas étaient faites par des chercheurs qui croyaient implicitement à la projection astrale comme interprétation de l’ESC. L’analyse correcte d’une collection de cas peut constituer une riche source d’information sur à quoi ressemble une ESC. Les collections utilisées ici comprennent celles de Hart, Green, Poynton and Blackmore et l’analyse est faite par Blackmore [Bla82].

Hornell Hart, professeur de sociologie à l’Université Duke de Caroline du Nord, a rassemblé des cas qu’il a appelé ‘projection PES’ [Har54]. Il a exigé que la personne non seulement ait une ESC, mais aussi apporte des informations empiriques, comme sur la localisation de l’ESC. Ceci A exclu de nombreuses ESCs dans laquelle l’information produite était fausse ou ne pouvait pas être vérifiée. Il a aussi établi un score pour les cas. Les meilleurs cas possibles avaient un score de 1.0, mais dans les faits, le plus haut score attribué était 0.90. Aucun score n’était supérieur car les cas montraient un curieux mélange de vision correcte et incorrect, ce qui semblait être commun dans l’ESC.

Tout au long de cette recherche-ci, un postulat est crucial, à savoir qu’une projection PES est un phénomène isolé qui peut avoir n’importe laquelle ou toutes les huit caractéristiques de Hart. Rogo [Rog78b] et Tart [Tar74a] ont tous deux suggéré que plusieurs types d’expérience ont peut-être été regroupées ensemble sous le label ‘ESC’. Il est possible que projection astrale, clairvoyance qui voyage, et apparitions soit distinctes et ayant besoin d’interprétation différentes, ou d’autres distinctions pourraient être plus pertinentes. La raison donnée par Hart pour laquelle les cas non-probants devraient être exclus est loin d’être satisfaisante : s’il n’y a pas de preuve de PES, elles ne comptaient pas dans son analyse. Hart éliminait la majorité des cas sur base d’un critère fragile.

La collection de cas peut-être la plus complète et certainement la plus connue a été menée par Celia Green de l’Institut de Recherche Psycophysique [Gre68a]. Sa définition d’une ESC était celle d’une expérience, définie comme suit, ‘…dans laquelle les objets de perception sont semble-t-il organisés d’une telle manière qu’il semble à l’observateur lui-même qu’il les observe d’un point de vue qui ne coïncide pas avec son corps physique.’ J. C. Poynton [Poy75], comme Green, a utilisé la presse, et a fait circuler un questionnaire de façon privée, et l’un dans l’autre les résultats de Poynton, bien que moins détaillées, sont semblables à ceux de Green. Susan Blackmore [Bla82] a analysé las cas rassemblés par la SPR et par elle-même.

Tableau : Quelques Résultats de Collections de cas [Bla82]

 

Green

Poynton

Cas SPR

Blackmore

Proportion de cas ‘isolés’

61%

56%

69%

47%

Quelques caractéristiques de cas isolés :

 

 

A vu son propre corps

81%

80%

72%

71%

Avait un second corps

20%

75%

-----

57%

Majoritairement a une sensation de séparation

25%

36%

-----

none

Avait un cordon de connexion

4%

9%

8%

-----















 

Apparemment la plupart des gens ont eu seulement une ESC mais la fréquence des sujets déclarant plusieurs ESCs est suffisamment élevée pour conclure que si une personne a eu une ESC, il est probable qu’elle en fera une autre. Par ailleurs de nombreuses personnes ont appris à contrôler jusqu’à un certain point leurs ESCs, même si elles n’ont jamais appris à la provoquer à volonté de façon fiable.

Les ESCs surviennent dans une variété de situations. Green a trouvé que 12% des cas isolés surviennent durant le sommeil, 32% lors d’une perte de connaissance, et 25% quand associés à une sorte de stress psychologique, tel que peur, inquiétude, ou surcharge de travail. Certains cas montrent qu’il est possible d’avoir une ESC alors que le corps continue avec une activité complexe. Cependant, les ESCs sont de loin les plus communes quand le corps physique est détendu et inactif.

La plupart des cas de Green sont survenus chez des personnes dont le corps physique était couché à ce moment-là (75%). Les autres 18% étaient assises et le reste marchait, se tenait debout ou étaient ‘indéterminé’. En fait, il semble que la relaxation musculaire soit une partie essentielle de l’expérience de nombreuses personnes. Un petit nombre seulement a trouvé que son corps était paralysé. Une sensation de paralysie a rarement été le prélude à une ESC.

On a trouvé une différence entre les cas isolés et les cas multiples. Ces derniers ont tendance à avoir eu des expériences dans l’enfance et ont appris à les répéter. Les cas isolés ont tendance à apparaitre le plus entre 15 et 35 ans. Poynton a trouvé que plus de ses cas étaient des femmes, mais parmi les cas SPR il y a plus d’hommes que de femmes. Ce type de différence est très probablement du à une différence d’échantillon.

Les sensations de flottement et de vertige sont certainement communes. Poynton trouve également que la plupart de ses expérienceurs ont vu ou sentaient leur corps physique. Au contraire, la catalepsie est rarement survenue. Certains sujets mentionnent des bruits ou une perte de connaissance momentanée, mais ceci ne semblait pas être la règle. La majorité ‘s’est retrouvée’ dans un état ecsomatique. En ce qui concerne le retour, pour la plupart il a été aussi soudain que le départ. Un résultat intéressant de Green était que plus de sujets qui avaient eu plusieurs ESCs passaient par des processus complexes de séparation et de retour.

Green séparait ses cas en ceux qu’elle appelait ‘parasomatiques’ impliquant un autre corps, et ceux qu’elle a nommé ‘asomatiques’ dans lesquels il n’y avait pas d’autre corps. Son résultat surprenant était que 80% des cas étaient asomatiques – ils n’avaient pas d’autre corps. Elle a demandé à ses sujets s’ils avaient senti une connexion quelconque entre eux et leurs corps physiques. Moins d’un tiers a dit oui, et seulement 3,5% ont rapportés une connexion visible ou substantielle comme un cordon. Les résultats de Poynton racontent une histoire similaire. Les collections de cas apportent peu de preuves pour soutenir les détails habituels de la projection astrale.

Green a trouvé qu’en général, le réalisme perceptif était préservé. Les sujets voyaient leurs propres corps et les pièces qu’ils traversaient comme réalistes et solides. Même lorsque la scène semble être parfaitement normale, il y avait des différences minimes. Certains de ses sujets disaient que tout avait l’air et était ressenti comme légèrement exagéré. L’expérience habituellement ne porte que sur une ou deux modalités : vision et ouïe. Green a trouvé que 93% des cas isolés comportaient la vision, un tiers ayant aussi l’ouïe, mais les autres sens étaient rarement évoqués. Une autre caractéristique importante du monde de l’ESC, est sa lumière. De façon mystérieuse les environs s’illuminent sans source visible de lumière, ou encore les objets semble briller avec une lumière qui leur est propre.

Sans doute la question la plus importante que l’on se pose au sujet de l’ESC est de savoir si les personnes peuvent voir des choses qu’elles ne connaissaient pas – en d’autres mots si elles peuvent utiliser la PES durant l’ESC. Parmi les sujets de Green, certains se sentaient comme s’ils auraient pu voir n’importe quoi, mais n’avaient pas la motivation de tester cette capacité. Une autre question connexe est de savoir si le sujet ayant une ESC peut influencer des objets, ou avoir des pouvoirs de psychokinésie. Sur l’ensemble, la preuve va à l’encontre de cette possibilité.

La dernière caractéristique que Celia Green a trouvé commune dans les ESCs est qu’une ESC spontanée peut avoir une impact profond sur la personne qui en fait l’expérience. Les ESCs peuvent parfois être effrayantes, parfois excitantes et parfois elles s’accompagnent d’une sensation d’aventure. Il est intéressant de noter que Green a trouvé que la peur était plus commune dans les expériences tardives, pas dans les expériences initiales. Les émotions agréables sont aussi communes.

A quel point les ESC sont-elles communes?

Deux études ont utilisé correctement des échantillons équilibrés tirés de populations spécifiques. La première était menée par Palmer et Dennis [PD75, Pal79b]. Ils ont choisi les habitants de Charlottesville, Virginie, une ville d’environ 35.000 personnes et en ont sélectionné 1000 comme échantillon. La question sur les ESCs était posée en ces termes : « Avez-vous jamais eu une expérience dans laquelle vous vous êtes senti localisé ‘hors de’ ou ‘loin de’ votre corps physique ; c’est à dire la sensation que votre conscience, esprit ou centre d’être conscient était à un endroit différent de celui de votre corps physique ? (en cas de doute veuillez répondre ‘non’) ». À ceci, 25% des étudiants et 14% des habitants ont répondu ‘oui’.

D’autres données de cette enquête révèlent que l’on n’a pas trouvé de relation entre l’âge et les ESCs rapportées. Palmer a trouvé une relation positive significative entre usage de drogue et ESCs et il en a conclu que cela pouvait expliquer la prévalence plus élevée d’ESC chez les étudiants. Cette relation a reçu confirmation avec le travail de Tart [Tar71]. Dans une enquête sur 150 utilisateurs de marijuana, il a trouvé 44% déclarant avoir des ESCs. Il semble possible que l’usage de drogue facilite les ESCs.

La seconde enquête utilisant un échantillon correctement établi a été menée par Erlendur Haraldsson, un chercheur Islandais, et ses collègues [HGRLJ76]. Pour l’enquête, un questionnaire a été envoyé à un échantillon de 1157 personnes prises au hasard, âgées de 30 0 70 ans. Il y avait 53 questions sur diverses expériences psychiques, y compris la traduction de la question de Palmer. A ceci, seulement 8% des islandais ont répondu oui.

Tableau : études sur l’ESC [BIa82]

 

Auteur

Année

Répondeurs

Taille de l’échantillon

Nombre de Oui

% de Oui

Hart

1954

Étudiants en sociologie

113

28

25

 

 

Étudiants en sociologie

 

42

14

33

Green

1966

Étudiants Université Southampton

 

115

22

19

 

1967

Étudiants Université Oxford

 

380

131

34

Palmer

1975

Charlottesville habitants

-----

-----

14

 

 

               ‘’          étudiants

 

-----

-----

25

Tart

1971

Utilisateurs de marijuana

 

150

66

44

Haraldsson

1977

Islandais

 

-----

-----

8

Blackmore

1980

Étudiants Université Surrey

216

28

13

 

 

Étudiants Université Bristol

 

115

16

14

Irwin

1980

Étudiants Australians

 

177

36

20

Bierman & Blackmore

1980

Étudiants Amsterdam

101

34

18

Khor

1980

Membres Association pour Recherche et L’Éveil

-----

-----

50

 

 

Ces vagues déclarations sur à quel point les ESCs sont ‘communes’ sont maintenant renforcées par un éventail de chiffres. Blackmore donne une estimation personnelle de l’incidence des ESCs, basée sur toutes les preuves disponibles et la met à 10%. Elle pense que nous pouvons dire avec plus de conviction que l’ESC est une expérience assez commune.

Les enquêtes montrent que si une personne a eu une ESC, il est probable qu’elle en aura une autre. Tous ces chiffres sont bien plus élevés que ce que l’on attendrait si les ESCs étaient distribuées au hasard dans la population.

Green a comparé différents groupes pour voir s’ils avaient eu un nombre différent d’ESCs. Son unique résultat a été que les EursSC avaient plus tendance à rapporter les expériences dont ils pensaient qu’elles ne pouvaient être attribuées qu’à la PES. Palmer et Khor ont trouvé que les sujets qui rapportaient un type d’expérience ‘psychique’ ou ‘psi-semblables’ avaient tendance à rapporter aussi les autres.

Palmer, tout comme Green, a trouvé que de nombreuses variables simples n’intervenaient pas. Sexe, âge, race, ordre de naissance, opinions politiques, religion, religiosité, éducation, métier et revenus n’avaient aucune relation avec les ESCs.

Palmer a trouvé une relation significative entre ESCs et la pratique de la méditation, les expériences mystiques et, comme déjà vu, les expériences avec la drogue. Palmer a eu plus de 100 personnes rapportant une ou plus d’ESCs et leur a posé diverses questions dur l’expérience. On leur a demandé s’ils avaient vu leur corps physique du ‘dehors’ et cela a été rapporté dans 40% des expériences, et par presque 60% des EursSC. Moins de 20% des expériences comprenaient ‘voyager’ et moins de 30% des EursSC l’ont rapporté. Encore moins ont rapporté avoir acquis de l’information par PES en étant ‘hors-du-corps’, environ 14% des gens et 5% des expériences, ou sont apparus à quelqu’un d’autre comme une apparition (moins de 10% des EursSC). Ces résultats confirment les chiffres des collections de cas : à savoir que peu d’ESCs sont toutes les caractéristiques de la projection astrale classique.

Dans l’ensemble l’ESC semble avoir eu un effet hautement bénéfique sur leurs expérienceurs. Nombreux sont ceux avoir déclaré une diminution de la peur de la mort, et leur santé mentale tout comme leurs relations sociales se sont améliorées. 95% disent désirer avoir une autre ESC.

Quels sont les prérequis pour induire une ESC ?

De nombreuses méthodes d'induction utilisent comme point de départ des techniques conçues pour améliorer les pouvoirs de relaxation, d'imagerie et de concentration des novices. L’état idéal semble être celui d’une relaxation physique, ou même catalepsie, combiné à un mental en éveil. AVANT D’ESSAYER D’INDUIRE UN ÉTAT ALTÉRÉ QUELCONQUE – VÉRIFIEZ AVEC VOTRE MÉDECIN QU’UN TEL ÉTAT NE VOUS SERA PAS PRÉJUDICIABLE PHYSIQUEMENT OU MENTALEMENT.

Une des manières les plus faciles de se détendre est d’utiliser la relaxation musculaire progressive. Dans les grandes lignes, cette technique consiste à commencer avec les muscles des pieds et des chevilles en les contractant et relâchant alternativement, puis remonter vers les jambes et les cuisses, le torse, les bras, le cou et le visage, jusqu’à ce que tous les muscles aient été contractés et relâchés. Faite correctement, cette procédure mène à une profonde relaxation en quelques minutes, et avec la pratique, elle devient plus facile.

La relaxation d’habitude mène à un état de paralysie ou catalepsie. Lorsque vous vous endormez, votre cerveau désactive le mécanisme qui vous permet d’utiliser vos membres, ainsi vous devenez incapable de toute activité physique correspondant aux images de vos rêves quand vous rêvez. Quelques personnes se sont retrouvées ainsi paralysés dès leur sortie du sommeil.

Le premier type de paralysie, connu comme ‘type A’, se rencontre lorsqu’on approche d’un niveau plus profond de conscience dans un état de transe légère. Le second, paralysie de ‘type B’, est l’inverse du type A, càd qu’il a lieu lors du retour vers la réalité physique.

La première ‘paralysie’ de type A ressemble à quelque chose comme :

‘Mmmmm…je sais que je suis réveillé ; je peux penser Mmmmmm mais mon corps est endormi…’ (Robert Monroe l’a étiqueté conscience Focus 10).

‘Attends un peu, il se passe quelque chose ici, on dirait que je ne peux pas….. ‘

‘Oui, je ne peux pas bouger mes membres ; on les dirait en plomb, pourquoi je ne peux pas bouger du tout ? Hey, qu’est-ce qu’il se passe ! (Panique !)’

Une ‘paralysie’ B typique se déroule ainsi :

‘Mmmm…je me sens groggy, vraiment. C’était quoi juste là maintenant, oh, un rêve probablement ‘.

“Mmmmm attends une minute, c’est un bruit que j’ai entendu ? Ca doit venir de la porte…faut que j’aille vérifier, c’est peut-être un cambrioleur mais je suis si fatigué….et endormi…’

‘ Je dois me réveiller, c’est peut-être important…Hey je n’arrive pas à me réveiller, pourquoi mes jambes ne se réveillent pas, pourquoi mes mains ne répondent pas ?’

‘PANIQUE ! !! Il faut que je me réveille ! !! Je ne veux pas mourir... J'ai besoin d'exercer plus de volonté sur ce Hey, corps, réveille-toi, yeux ouverts, ... RÉVEILLE-TOI !’

Mon Dieu, MAINTENANT, je peux bouger mes membres, je suis réveillé maintenant, le corps couvert de transpiration, assis au bord du lit, me demandant pourquoi je n'arrivais pas à me réveiller...

Ouf - Dieu merci, c'est enfin terminé. Je suis content d'être de retour dans mon environnement physique familier'.

Cependant, la paralysie de type A est celle à laquelle il ne faut pas résister ; si la personne peut se permettre de "suivre le courant", une sorte d'état modifié de conscience ne manquera pas de se produire, ce qui est de toute façon ce que la personne espère atteindre.

De nombreux voyageurs astraux ont souligné l'importance d'une imagerie ou d'une visualisation claire pour provoquer des ESCs et, bien entendu, l'entraînement à l'imagerie constitue une partie importante du développement magique. Des méthodes progressives d'entraînement à l'imagerie sont souvent décrites dans les livres de magie et d'occultisme, et des conseils utiles peuvent être trouvés dans l'introduction à l'occultisme de Conway [Con72] et dans "Astral doorways" de Brennan [Bre71]. La plupart impliquent de commencer par un entraînement régulier à la visualisation de formes géométriques simples, puis de progresser vers des tâches plus difficiles, telles que l'imagination de formes tridimensionnelles complexes, de pièces entières et de paysages ouverts.

Exercice 1: Lisez lentement la description et essayez ensuite d'imaginer chaque étape au fur et à mesure : Imaginez une orange. Elle est posée sur une assiette bleue et vous voulez la manger. Vous enfoncez votre ongle dans la peau et en arrachez une partie. Vous continuez à tirer sur la peau jusqu'à ce que sa totalité et la plupart de la pelure blanche amère se retrouvent en tas sur l'assiette. Vous séparez maintenant l'orange en segments, vous les déposez aussi sur l'assiette et vous en mangez un.

Si cette tâche ne vous met pas l'eau à la bouche, si vous ne pouvez pas sentir le jus qui s'écoule de l'orange, ni son odeur, c'est que vous n'avez pas une imagerie vive ou entraînée. Essayez à nouveau, les couleurs doivent être vives et éclatantes et les formes claires et stables. Avec la pratique de cette tâche et d'autres semblables, votre imagerie s'améliorera jusqu'à ce que vous vous demandiez comment elle a pu être si pauvre.

Exercice 2: Cet exercice est un peu plus difficile : Visualisez un disque, moitié blanc, moitié noir. Imaginez ensuite qu'il tourne autour de son centre, en accélérant, puis en ralentissant et en s'arrêtant. Ensuite, imaginez le même disque en rouge, mais en tournant, il passe à l'orange, au jaune, au vert, au bleu et au violet. Enfin, vous pouvez essayer deux disques côte à côte qui tournent dans des directions opposées et changent de couleur en opposition.

D'autres compétences utiles sont la concentration et le contrôle. Vous devez non seulement être capable de produire une imagerie vive, mais aussi de supprimer toutes les images de votre esprit, de retenir les images aussi longtemps que vous le souhaitez et de les modifier à votre guise, aussi bien rapidement que lentement.

Exercice 3:Brennan suggère d'essayer de compter, et seulement de compter. Dès qu'une autre pensée vous vient à l'esprit, vous devez vous arrêter et recommencer depuis le début. Si vous arrivez à quatre ou cinq, vous vous débrouillez bien, mais vous êtes presque sûr d'être arrêté par des pensées telles que "c'est facile, j'en suis déjà à trois" ou "je me demande combien de temps je dois continuer".

Toutes ces compétences, la relaxation, l'imagerie et la concentration, sont suggérées encore et encore comme nécessaires pour induire une ESC à volonté. Parmi les autres aides, citons la posture. Si vous vous allongez, vous risquez de vous endormir, bien que Muldoon préconise cette position. D'un autre côté, l'inconfort va sans aucun doute interférer avec la tentative. Il est donc préférable d'adopter une position alerte, mais confortable. Certains ont suggéré qu'il est préférable de ne pas manger quelques heures avant et d'éviter tout stress, toute irritation ou toute émotion négative.

Comment induire une ESC?

Techniques d’Imagerie

Il est possible d’utiliser l’imagerie seule mais cela demande une très grande expertise.

a) Allonger vous sur le dos dans une position confortable et détendue. Imaginez que vous flottez au-dessus du lit. Gardez cette position, légèrement surélevée, jusqu’à ce que vous perdiez la sensation de toucher le lit ou le sol. Une fois cet état atteint, déplacer vous lentement en position verticale et commencez à vous déplacer loin de votre corps et autour de la pièce. Portez votre attention aux objets et détails de la pièce. Seulement quand vous aurez acquis un certain niveau de compétence, retournez-vous et regardez votre propre corps. Il faut noter que chaque étape peut prendre des mois de pratique et cela peut être trop difficile pour tout autre qu’un EurSC expérimenté.

b) Dans n’importe quelle position confortable, fermez lez yeux et imaginez qu’il y a votre double qui se tient debout devant vous. Vous allez vous rendre compte qu’il est très difficile d’imaginer votre propre visage, il est donc plus facile d’imaginer ce double vous tournant le dos. Vous devez essayer d’observer tous les détails de sa posture, ses vêtements (s’il y en a) et ainsi de suite. Au fur et à mesure que le double imaginaire devient de plus en plus solide et réaliste, vous allez expérimenter un certain flou quant à votre position physique. Vous pouvez encourager cette sensation en contemplant la question Où suis-je ? ou d’autres questions similaires « Qui suis-je et etc.’. Une fois le double clair et stable et que vous êtes détendu, transférez votre conscience vers lui. Vous devriez alors être capable de vous projeter dans ce fantôme créé par votre imagination’. Encore un fois, chaque étape peut demander une longue pratique.

Induire une Motivation Spéciale pour Quitter le Corps

Selon Muldoon et Carrington [MC29] il y a moyen de se jouer un tour afin de quitter son corps. Ils ont suggéré que si le subconscient désire quelque chose suffisamment fort il essayera de provoquer un mouvement du corps pour l’avoir, mais si le corps physique est immobilisé, par exemple en dormant, alors le mouvement est effectué par le corps astral. Plusieurs motivations peuvent être utilisées mais Muldoon a déconseillé d’utiliser le désir d’activité sexuelle qui va distraire, ou le souhait nocif d’une revanche ou d’agresser quelqu’un. A la place, il a préconisé d’utiliser le désir simple et naturel pour l’eau – la soif. Cela a les avantages d’être rapide à induire, et de devoir être apaisé.

Pour utiliser cette technique, il faut arrêter de boire quelques heures avant d’aller dormir. Pendant la journée, augmentez votre soif par tous les moyens possibles. Prenez un verre d’eau avec vous et regardez le fixement, en imaginant boire, mais en ne vous donnant pas la permission de le faire. Ensuite avant d’aller au lit, avalez le 8ième d’une petite cuillère de sel. Mettez le verre d’eau quelque part loin de votre lit et répéter mentalement toutes les actions nécessaires pour l’avoir : se lever, traverser la pièce, tendre le bras et la main et ainsi de suite. Vous devez ensuite vous coucher, en pensant toujours à votre soif et les moyens de la satisfaire. Le corps doit être frappé d’incapacité et donc vous devez vous détendre, avec un rythme cardiorespiratoire lent et ensuite essayez de dormir. Avec un peu de chance toutes les suggestions que vous vous êtes fait amèneront l’ESC désirée. Ce n’est pas la plus plaisante et efficace des méthodes.

Le Petit Système' d’Ophiel

Ophiel [Oph61] suggère de choisir un trajet familier, peut-être entre deux pièces de votre maison, et d’en mémoriser tous les détails. Choisissez au moins six points tout au long et passez plusieurs minutes par jour à observer chacun d’eux et à les mémoriser. Des symboles, des odeurs ou des sons associés aux points peuvent renforcer l’image. Une fois la route et tous les points en mémoire, vous devez vous allonger et vous détendre tout en essayant de vous ‘projeter’ au premier point. Si le travail préliminaire a été bien fait vous devriez être capable de bouger de point en point et retour. Plus tard vous pouvez commencer le voyage en imagerie à partir de la chaise ou du lit où se trouve votre corps, et vous pouvez alors soit vous observer faisant les mouvements, ou transférer votre conscience vers celui qui fait le déplacement. Ophiel décrit plus de possibilités, mais pour l’essentiel, si vous avez complètement maitrisé le chemin dans votre imagination vous serez capable de vous y projeter et avec la pratique, d’étendre la projection.

Ophiel déclare que commencer à bouger en ESC va produire des sons étranges. Il dit que c’est parce que le sens de l’ouïe n’est pas emmené avec dans les plans plus élevés, et cela signifie que votre esprit essaye de recréer des entrées sonores, et n’obtient que des parasites subconscients. Il affirme que les bruits peuvent prendre n’importe quelle forme, y compris des voix, malveillantes, étranges, et cela devient de pire en pire, de plus en plus dérangeant, jusqu’à un sommet où elles se transforment en un bruit de fond pendant l’ESC. Il semble que son ‘son final’ ressemblait à l’explosion de sa bouilloire. Il dit, de toute façon, d’ignorer les bruits, voix ou autre, car ce ne sont que des parasites ou des divagations du subconscient, et ne représentent aucunement un être quelconque, pas même le Soi en réalité.

La Technique Christos

G. M. Glasking, journaliste australien, a popularisé sa technique dans plusieurs livres, commençant avec Windows of the Mind [Gla74]. Trois personnes sont nécessaires : une comme sujet, et deux pour la préparer. Le sujet s’allonge sur le dos confortablement dans une chambre où il fait chaud et sombre. Un des préparateurs masse ses pieds et chevilles, bien fermement, même vigoureusement, alors que l’autre s’occupe de la tête. Plaçant la partie molle de son poing serré sur le front du sujet, il frotte vigoureusement pendant plusieurs minutes. Ceci devrait faire bourdonner et vrombir la tête du sujet et il devrait rapidement commencer à se sentir légèrement désorienté. Ses pieds picotent et son corps peut lui sembler léger ou flottant, ou changeant de forme.

Une fois cette étape atteinte, l’exercice d’imagerie commence. On demande au sujet d’imaginer que ses pieds s’étirent et deviennent plus long d’un ou deux centimètres. Quand il dit qu’il peut le faire, il doit les laisser redevenir normaux et faire la même chose avec sa tête, l’étirer au-delà de sa position normale ; Ensuite, alternant entre tête et pieds, la distance est graduellement augmentée jusqu’à pouvoir étirer les deux de plus de 60cm. A ce stade, il lui devrait être possible d’étirer les deux simultanément, le rendant effectivement très long, et ensuite de gonfler, en remplissant la pièce comme un grand ballon. Ceci, bien sûr, sera plus facile pour certains que pour d’autres. On prendra le rythme nécessaire pour que chaque étape soit un succès. Certaines personnes complètent cette partie en cinq minutes, d’autres le font en plus de quinze minutes.

Ensuite on lui demande d’imaginer qu’il est dehors devant sa propre porte d’entrée. Il doit décrire en détail tout ce qu’il peut voir, avec les couleurs, la matière de la porte et des murs, le sol, et le paysage alentours. Il doit ensuite s’élever au-dessus de la maison jusqu’à ce qu’il puisse voir la campagne environnante ou la ville au-delà. Pour lui montrer que la scène est tout à fait sous son contrôle, il faut lui demander de la changer de diurne en nocturne et retour, regarder le soleil se lever et se coucher, et les lumières s’allumer et s’éteindre. Enfin, on lui demande de s’envoler et d’atterrir où il a envie. Pour la plupart des sujets leur imagerie est devenue si vive à ce stade qu’ils atterrissent à un endroit totalement convainquant et qu’ils sont capables de facilement décrire ce qu’ils voient.

Vous vous demandez peut-être comment s’achève cette expérience, mais d’habitude aucun incitant n’est requis ; le sujet annoncera soudainement ‘je suis ici’ ou ‘je suis de retour’ et généralement il se souviendra fort clairement de tout ce qu’il a dit et expérimenté. Mais c’est une bonne idée de prendre quelques minutes pour se détendre et revenir à la normale. Il est intéressant que cette technique semble très efficace pour perturber l’image normale du corps du sujet. Elle guide et renforce alors sa propre imagerie tout en gardant son corps calme et détendu.

La Méthode de Robert Monroe

Dans son livre "Journeys Out of the Body" (Voyages hors du corps) [Mon71], Monroe décrit une technique complexe pour induire des ESCs. Elle est en partie similaire à d'autres méthodes d'imagerie, mais elle commence par l'induction de "l'état vibratoire". De nombreuses ESCs spontanées commencent par une sensation de tremblement ou de vibration, et Monroe induit délibérément cet état en premier. Il vous suggère de procéder comme suit. Allongez-vous d'abord dans une pièce sombre, dans n'importe quelle position confortable, mais en orientant votre tête vers le nord magnétique. Desserrez vos vêtements et enlevez tout bijou ou objet métallique, mais veillez à rester au chaud. Assurez-vous que vous ne serez pas dérangé et que vous n'êtes soumis à aucune limitation de temps. Commencez par vous détendre, puis répétez cinq fois : "Je percevrai et me souviendrai consciemment de tout ce que je rencontrerai pendant cette procédure de relaxation. Je me souviendrai en détail, lorsque je serai complètement éveillé, seulement de ce qui sera bénéfique à mon être physique et mental.". Commencez ensuite à respirer avec la bouche entrouverte.

L'étape suivante consiste à entrer dans un état proche du sommeil (l'état hypnagogique). Monroe ne recommande aucune méthode particulière pour atteindre cet état. Une méthode que vous pouvez essayer est de tenir votre avant-bras vers le haut, tout en gardant votre bras sur le lit ou le sol. Lorsque vous commencez à vous endormir, votre bras va tomber, et vous vous réveillez à nouveau. Avec de la pratique, vous pouvez apprendre à contrôler l'état hypnagogique sans utiliser votre bras. Une autre méthode consiste à se concentrer sur un objet. Lorsque d'autres images commencent à entrer dans vos pensées, vous êtes entré dans l'état hypnagogique. Observez passivement ces images. Cela vous aidera également à maintenir cet état de quasi-sommeil. Monroe appelle ceci la condition A.

Après avoir d’abord atteint cet état, Monroe recommande de l'approfondir. Commencez à faire le vide dans votre esprit et observez votre champ de vision à travers vos yeux fermés. Ne faites rien d'autre pendant un certain temps. Regardez simplement à travers vos paupières fermées le noir qui se trouve devant vous. Au bout d'un moment, vous remarquerez peut-être des motifs lumineux. Il s'agit simplement de décharges neuronales et elles n'ont aucun effet spécifique. Ignorez-les. Lorsqu'ils cessent, on est entré dans ce que Monroe appelle la condition B. À partir de là, il faut entrer dans un état de relaxation encore plus profond que Monroe appelle la condition C - un état de relaxation tel que l'on perd toute conscience du corps et toute stimulation sensorielle. Vous êtes presque dans un vide dans lequel votre seule source de stimulation sera vos propres pensées. L'état idéal pour quitter son corps est la condition D. Il s'agit de la condition C lorsqu'elle est volontairement induite à partir d'un état de repos et de fraîcheur et qu'elle n'est pas l'effet d'une fatigue normale. Pour atteindre la condition D, Monroe suggère que vous vous entraîniez à y entrer le matin ou après une courte sieste.

Les yeux fermés, regardez dans le noir un point situé à environ quelques centimètres de votre front, en concentrant votre conscience sur ce point. Déplacez-le progressivement jusqu'à un mètre, puis deux mètres, et enfin tournez-le à 90 degrés vers le haut, au-dessus de votre tête. Monroe vous ordonne d'atteindre les vibrations à cet endroit et de les attirer mentalement dans votre tête. Il explique comment les reconnaître lorsqu'elles se produisent. C'est comme si une vague d'étincelles enflammées, sifflante et rythmée arrivait rugissant dans votre tête. De là, elle semble balayer tout votre corps, le rendant rigide et immobile. Cette méthode est plus facile qu'il n'y paraît.

Une fois que vous avez atteint l'état vibratoire, vous devez apprendre à le contrôler, à adoucir les vibrations en les "pulsant". À ce stade, Monroe prévient qu'il est impossible de revenir en arrière. Il suggère de tendre le bras pour saisir un objet que l'on sait hors de portée. Sentez l'objet, puis laissez votre main le traverser, avant de la ramener, d'arrêter les vibrations et de vérifier les détails et l'emplacement de l'objet. Cet exercice vous préparera à la séparation totale.

Pour quitter le corps, Monroe préconise la méthode du "lift-out". Pour employer cette méthode, pensez à devenir plus léger et comme il serait agréable de flotter vers le haut. Une alternative est la technique de la "rotation", qui consiste à se retourner dans son lit, en commençant par tordre le haut du corps, la tête et les épaules, jusqu'à ce que l'on se retourne et que l'on flotte vers le haut. Plus tard, vous pourrez explorer davantage. Avec une pratique suffisante, Monroe affirme qu'une grande variété d'expériences est à votre portée.

Méthodes de Rituel Magique

La plupart des méthodes magiques sont aussi basées sur l’imagerie ou la visualisation et utilisent la concentration et la relaxation. Toutes ces méthodes demandent un bon contrôle mental et une profonde connaissance du système utilisé, avec ses outils et ses symboles. Charles Tart, en introduisant le concept de ‘sciences d’état spécifique’ [Tar72b] a aussi considéré des technologies d’états spécifiques, à savoir, des moyens d’atteindre de contrôler et d’utiliser des états de conscience altérée. De nombreux rituels magiques sont en réalité juste des technologies. Dans un exercice typique, le magicien fera un rituel d’ouverture, un rituel de nettoyage ou purification, et ensuite, un pour passer d’un état à un autre. Une fois dans l’état requis, il opère selon les règles de cet état, puis revient, ferme la porte qui a été ouverte et termine le rituel.

Cette technologie varie presque autant que la théorie, car il y a une multitude de manières d’atteindre l’astral. On peut utiliser les portes élémentales, utiliser les cartes du Tarot comme des tremplins, exécuter un chemin Cabalistique ou utiliser des mantras. Les techniques sont très similaires à ce que nous avons considéré, donc nous pouvons regarder les complexités du rituel magique comme juste un autre moyen supplémentaire d’arriver au même but.

Méditation et Méditation Chakra

La méditation a deux fonctions de base – atteindre la relaxation et améliorer la concentration. C’est pourquoi les personnes qui méditent sont familières de l’état idéal pour l’ESC et en effet des ESCs ont été rapportées occasionnellement pendant des séances de méditation et de yoga. Les deux types principaux de méditation sont la méditation de concentration (se centrer) et la méditation ayant pour objectif la pleine conscience. La plupart des méditations sont de type concentration. On porte son attention sur un objet physique, tel que la flamme d’une bougie ; ou sur une sensation, comme celle de marcher ou de respirer ; ou sur une émotion telle que le recueillement ou l’amour ; ou sur un mantra prononcé à voix haute ou en silence ; ou sur une visualisation comme dans la méditation chakra. Dit d’une manière simple, la méditation de concentration est une forme d’autohypnose.

L’autre grand type de méditation, celle de la pleine conscience est l’analyse des pensées et sentiments de manière à provoquer la prise de conscience de la subjectivité et de l’illusion de l’expérience. Cette méditation est une tentative d’atteindre une conscience transcendantale.

La méditation chakra est une forme spéciale de méditation de concentration qui est en fait du yoga kundalini, qui consiste à provoquer le flux d’énergie psychique (kundalini) vers le haut sushuman, en apportant de l’énergie aux divers chakras tout le long. Un chakra est ‘un organe des sens du corps éthérique, visible seulement pour les clairvoyants’ [Gay74]. En énergétisant chaque chakra par cette pratique, on est supposé ajouter des pouvoirs occultes (sidhis), jusqu’à ce qu’enfin l’on atteigne le chakra couronne, et ainsi, l’éveil complet.

Selon la philosophie de l’Inde de l’Est, l’homme possède sept chakras majeurs ou centres psychiques sur son corps. Dans le schéma théosophique il y a dix chakras, qui permettent à ceux qui sont entrainés à leur usage, de gagner du Savoir du monde astral (trois sur dix sont utilisés uniquement en magie noire). Chaque chakra forme un pont, un lien, ou un transformateur d’énergie ; changeant l’énergie pure (plus élevée) en des formes variées, et connectant ensemble différents corps. Les chakras sont situés le long des nadies (un réseau de nerfs psychiques ou chaines) et suivent le système nerveux autonome le long de la moelle épinière.

Le premier chakra, situé à la base de la colonne vertébrale dans le périnée est la chakra racine, muladhara. Le second chakra, connu comme centre sacral, svadhidthana, est situé au-dessus et à l’arrière des organes génitaux. Le troisième des chakras est le plexus solaire, manipura, situé au nombril et il est dit correspondre aux émotions et aussi avec la vision psychique (clairvoyance). Le chakra du cœur, anahata, est le quatrième chakra, situé sur le cœur et correspondant au touché psychique. Le cinquième chakra est le chakra de la gorge, vishuddha, situé à la base de la gorge (thyroïde) et correspondant à l’ouïe psychique (clairaudience).

Les deux chakras restant sont censés être en relation essentiellement avec des états de conscience élevés. Le chakra frontal (ou ‘troisième œil’), ajna, sixième chakra, est situé entre, et un peu au-dessus des sourcils. Ajna est le centre des pouvoirs psychiques et il est censé être capable de produire de nombreux effets psychiques. Enfin, le chakra couronne, sahasrara, situé au sommet du crâne (glande pinéale) est le septième chakra. On le cite comme le lotus à mille-pétales et il correspond à la projection astrale et à l’éveil.

Pour pratiquer la méditation chakra, simplement vous vous concentrez sur le chakra, en commençant par le chakra racine, et en montant progressivement, en visualisant l’énergie psychique se déplaçant du chakra racine vers le haut le long de shushuman et vitalisant chaque chakra supérieur. Comme déjà mentionné, à chaque chakra sont associées certaines propriétés, afin que ce type de visualisation puisse ‘ élever la conscience’, promouvoir la projection astrale et d’autres choses – une fois que vous avez atteint ajna et éventuellement le chakra couronne.

Hypnose

Dans les débuts de la recherche psychique l’hypnose était utilisée bien plus que de nos jours pour obtenir la ‘clairvoyance de voyage’, mais on peut toujours l’utiliser. Tout ce dont on a besoin c’est d’un bon hypnotiseur qui comprend l’état dans lequel il veut mettre son sujet, et d’un sujet qui collabore. Le sujet doit être mis en hypnose profonde et alors l’hypnotiseur peut lui suggérer de quitter son corps. On peut demander au sujet de se lever hors de son corps, de créer un double et d’entrer dedans, de quitter son lit ou sa chaise, ou de sortir par le haut du crâne. On peut ensuite lui demander de voyager vers n’importe quel endroit désiré mais l’hypnotiseur doit clairement spécifier où il doit aller et doit être certain de le ramener sain et sauf dans son corps lorsque l’expédition est terminée. En l’absence de cela, le sujet peut avoir des difficultés à se réorienter ensuite.

Drogues - CETTE SECTION EST DESTINÉE A DES FINS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE, ET NE CONSTITUE PAS UNE MÉTHODE RECOMMANDÉE OU APPROUVÉE

Certaines drogues peuvent sans aucun doute aider à initier une ESC. Les hallucinogènes ont longtemps été utilisées dans diverses cultures pour induire des états tels que les ESCs, et dans notre culture les ESCs sont parfois un résultat accidentel d’une expérience de drogue. En l’absence de toute information supplémentaire nous pourrions déjà être capable de deviner quels sont les types de drogue qui sont susceptibles d’avoir cet effet. Ce pourrait être celles qui détendent physiquement le sujet tout en lui laissant une conscience claire et alerte. Les drogues qui déforment l’apport sensoriel et interfèrent avec le sens que le sujet a de la localisation et la forme de son corps devraient aider, tout comme n’importe quoi qui induit une sensation de tremblement ou de vibration. L’imagerie doit être intensifiée sans perte de contrôle et finalement il doit y avoir une raison, ou le souhait de quitter le corps.

En considérant ces points on peut s’attendre à ce que les hallucinogènes soient plus efficaces que les stimulants, tranquillisants ou les sédatifs. Ces derniers peuvent aider la relaxation mais ne sont d’aucune aide pour les caractéristiques susmentionnées. Peu d’autres genres de drogue ont un effet adéquat. Ce fait correspond à ce que l'on sait de l'efficacité des drogues pour induire des ESCs. Monroe affirme que les barbituriques et l'alcool sont nuisibles à la capacité, ce qui est logique puisqu'ils auraient tendance à réduire le contrôle de l'imagerie même s'ils sont relaxants. Eastman [Eas62] affirme que les barbituriques ne conduisent pas aux ESCs alors que la morphine, l'éther, le chloroforme, les principaux hallucinogènes et le haschisch le peuvent.

Relativement peu de recherches ont été menées dans ce domaine, en partie parce que la plupart des drogues concernées sont illégales dans les pays où ces recherches pourraient être menées. Il semble que certaines drogues puissent faciliter une ESC, mais ce qui n'est pas clair, c'est pourquoi l'expérience de la drogue devrait prendre cette forme plutôt qu'une autre. Une partie de la réponse est que ce n'est généralement pas le cas. Il n'existe pas de drogue spécifique permettant de créer des ESCs, et les ESCs font relativement rarement partie de l'expérience des drogues psychédéliques. Les drogues peuvent aider à provoquer l'ESC, mais elles ne sont pas recommandées comme moyen d'accéder à la projection instantanée. Elles ne sont pas une alternative à l'apprentissage des techniques de relaxation, de concentration et de contrôle de l'imagerie.

Développement du Rêve

De nombreuses ESCs débutent dans les rêves et comme, par définition, on doit être conscient pour avoir une ESC, elles débutent dans les rêves lucides. Le rêveur devient conscient qu’il rêve et ensuite il se retrouve à un endroit autre que son lit et capable de se déplacer à volonté. Il peut avoir un autre corps et peut essayer de voir son corps étendu endormi. Ce sujet est couvert dans une section ultérieure sur les rêves lucides.

Méthode Expérimentale de Palmer

Dans leur recherche pour trouver une méthode simple et efficace d’induire une ESC, Palmer et ses collègues [PL75a, 75b, 76, PV74a, 74b] utilisent la relaxation et la stimulation audio-visuelle. Les sujets passaient par une session de relaxation musculaire progressive et ils entendaient des tonalités oscillantes et regardaient une spirale tournante. Un des résultats intéressant était que plusieurs sujets ont déclaré qu’ils ont été ‘littéralement hors de leur corps, et certains indices démontraient que leurs expériences, d’une certaine manière, étaient très différentes des autres rencontrées dans une ESC.

C’est quoi les Rêves lucides ?

Le terme "rêve lucide" fait référence au fait de rêver tout en sachant que l'on rêve. Inventé par le psychiatre néerlandais Frederik van Eeden en 1913, ce terme est quelque peu erroné puisqu'il désigne quelque chose de très différent du simple rêve clair ou vif. Il n'en demeure pas moins que nous sommes coincés avec ce terme. Il est évident que les rêves lucides sont différents des rêves ordinaires dès que vous en faites un. L'expérience ressemble à se réveiller dans vos rêves. C'est comme si vous reveniez à vous et découvriez que vous rêvez. Cette expérience se produit généralement lorsque vous vous rendez compte, au cours d'un rêve, que vous rêvez, peut-être parce que quelque chose d'étrange se produit. La plupart des personnes qui se souviennent de leurs rêves ont vécu une telle expérience à un moment ou à un autre, et se réveillent souvent immédiatement après avoir pris conscience de la situation. Cependant il est possible de continuer dans le rêve tout en restant complétement conscient que vous rêvez.

Une forme distincte et déroutante de rêve lucide est le faux réveil. Vous rêvez de vous réveiller mais en fait, bien sûr, vous êtes toujours endormi. Van Eeden [Van13] les appelle "faux réveils" et les décrit comme "démoniaques et étranges, très vifs et lumineux, avec ... une forte lumière diabolique". Le seul avantage positif des faux réveils est qu'ils peuvent parfois être utilisés pour induire des ESCs. En effet, Oliver Fox [Fox62] recommande d'utiliser les faux réveils comme une méthode pour atteindre l'ESC. Pour de nombreuses personnes, les ESCs et les rêves lucides sont pratiquement indissociables. Si vous rêvez de quitter votre corps, l'expérience est à peu près la même.

Les études de LaBerge sur la physiologie de l'initiation de la lucidité dans l'état de rêve ont révélé que les rêves lucides ont deux façons de commencer. Dans la variété la plus courante, le "rêve lucide initié par le rêve" (RLIR / DILD= dream induced lucid dream), le rêveur acquiert la conscience d'être dans un rêve pendant qu'il y participe pleinement. Les RLIRs se produisent lorsque les rêveurs sont en plein milieu du sommeil paradoxal et présentent les nombreux mouvements oculaires rapides caractéristiques. Les RLIRs représentent environ quatre rêves lucides sur cinq que les rêveurs ont eus en laboratoire. Dans les 20 % restants, les rêveurs rapportent s'être réveillés d'un rêve puis être revenus à l'état de rêve avec une conscience ininterrompue : un moment, ils sont conscients d'être éveillés dans leur lit dans le laboratoire du sommeil, et le moment suivant, ils sont conscients d'être entrés dans un rêve et de ne plus percevoir la pièce qui les entoure. Ces rêves sont appelés "rêves lucides initiés par l’éveil" (RLIE /WILD = wake induced lucid dream).

Pour de nombreuses personnes, faire des rêves lucides est amusant, et elles veulent apprendre à en faire davantage ou à les provoquer à volonté. L'une des conclusions des premiers travaux expérimentaux est que des niveaux élevés d'activité physique (et émotionnelle) pendant la journée ont tendance à précéder la lucidité nocturne. Le fait de se réveiller pendant la nuit et d'effectuer une activité quelconque avant de se rendormir peut également favoriser la réalisation d'un rêve lucide pendant la période REM suivante et constitue la base de certaines techniques d'induction. De nombreuses méthodes ont été développées et elles se répartissent grosso modo en trois catégories.

L'une des techniques les plus connues pour stimuler les rêves lucides est l’IMRL [Induction Mnémotechnique de rêve Lucide- MILD (Mnemonic Induction of Lucid Dreaming)] de LaBerge. Cette technique se pratique au réveil, tôt le matin, au sortir d’un rêve. Vous devez vous réveiller complètement, vous engager dans une activité quelconque, comme lire ou vous promener, puis vous allonger pour vous rendormir. Ensuite, vous devez vous imaginer endormi et en train de rêver, répéter le rêve dont vous venez de sortir et vous rappeler : "La prochaine fois que je ferai ce rêve, je veux me souvenir que je suis en train de rêver".

Une deuxième approche consiste à se rappeler constamment de devenir lucide au cours de la journée plutôt que de la nuit. Cette approche repose sur l'idée que nous passons la plupart de notre temps dans une sorte d'étourdissement éveillé. Si nous pouvions être plus lucides dans la vie éveillée, peut-être pourrions-nous l'être davantage dans nos rêves. Le psychologue allemand Paul Tholey [Tho83] suggère de se demander plusieurs fois par jour : "Est-ce que je rêve ou non ?" Cet exercice peut sembler facile, mais il ne l'est pas. Il faut beaucoup de détermination et de persévérance pour ne pas l'oublier. Pour ceux qui oublient, le chercheur français Clerc suggère d'écrire un grand "C" sur votre main (pour "conscient") pour vous le rappeler [GB89]. Ce type de méthode s'apparente à la technique ancestrale de prise de conscience par la méditation et la pleine conscience.

La troisième et dernière approche fait appel à divers gadgets. L'idée est d'utiliser une sorte de signal externe pour rappeler aux gens, alors qu'ils sont effectivement en sommeil paradoxal, qu'ils sont en train de rêver. Hearne a d'abord essayé de pulvériser de l'eau sur le visage ou les mains des dormeurs, mais il a constaté que cette méthode n'était pas fiable. Cela les amenait parfois à incorporer des images d'eau dans leurs rêves, mais ils devenaient rarement lucides. Il a finalement décidé d'utiliser un léger choc électrique sur le poignet. Sa "machine à rêves" détecte les changements de rythme respiratoire (qui accompagnent le début du sommeil paradoxal) et envoie automatiquement un choc au poignet [Hea9O].

Pendant ce temps, en Californie, LaBerge [LaB85] rejetait les voix enregistrées et les vibrations et travaillait plutôt avec des lumières clignotantes. La version originale du dispositif d’induction de rêve lucide qu'il a mis au point était basée en laboratoire et utilisait un ordinateur personnel pour détecter les mouvements oculaires du sommeil paradoxal et pour allumer des lumières clignotantes lorsque le sommeil paradoxal atteignait un certain niveau. Mais finalement, tous les circuits ont été incorporés dans une paire de lunettes. L'idée est de mettre les lunettes la nuit, et les lumières ne clignoteront que lorsque vous serez endormi et que vous rêverez. L'utilisateur peut même contrôler le niveau des mouvements oculaires à partir duquel les lumières commencent à clignoter. Dans la version la plus récente, une puce est incorporée aux lunettes, qui non seulement contrôle les lumières, mais stocke également des données sur la densité des mouvements oculaires pendant la nuit, ainsi que des informations sur le moment et la durée du clignotement des lumières, ce qui permet un réglage précis.

Il y a deux raisons d'associer les rêves lucides aux ESCs. Premièrement, des recherches récentes suggèrent que les mêmes personnes ont tendance à avoir à la fois des rêves lucides et des ESCs [Bla88, Irw88]. Deuxièmement, comme Green l'a souligné [Gre68b], il est difficile de savoir où tracer la limite entre une ESC et un rêve lucide. Dans les deux cas, la personne semble percevoir un monde cohérent. De plus, le sujet, contrairement à un rêve ordinaire, est bien conscient qu'il se trouve dans un état modifié et est capable de commenter et même de contrôler l'expérience. Green qualifie tous ces états d'"expériences métachoriques". Il est possible de tracer une ligne de démarcation entre ces deux expériences, mais le point important à comprendre est que cette ligne n'est pas claire et que les deux ont beaucoup en commun.

Mais il y a une différence importante entre les rêves lucides et les autres états. Dans le rêve lucide, on a un aperçu de l'état (en fait, ce fait définit l'état). Dans le faux réveil, on n'a pas une telle vision (encore une fois par définition). Dans les ESCs typiques, les personnes ont le sentiment d'avoir réellement quitté leur corps. Les personnes qui font l'expérience d'une EMI peuvent avoir l'impression de se précipiter dans un long tunnel, que certains perçoivent comme une entrée dans un monde au-delà de la mort. Ce n'est que dans le rêve lucide que l'on se rend compte qu'il s'agit d'un rêve.

Tout comme dans le cas des ESCs, les enquêtes peuvent nous dire à quel point les rêves lucides sont courants et qui les fait. Blackmore estime qu'environ 50 % des gens ont fait au moins un rêve lucide dans leur vie [Bla91]. Green [Gre66] a constaté que 73% de l'échantillon d'étudiants a répondu "oui" à la question "Avez-vous déjà fait un rêve dans lequel vous étiez conscient que vous rêviez ?". Palmer a constaté que 56% des citadins et 71% des étudiants de son échantillon ont déclaré avoir fait des rêves lucides et beaucoup d'entre eux ont affirmé en faire régulièrement [Pal79b]. Blackmore a constaté que 79 % des étudiants du Surrey qu'elle a interrogés en avaient fait [Bla82]. Au-delà de ce type de résultats, il ne semble pas que les enquêtes puissent apporter beaucoup d'informations. Il n'y a pas de différences très cohérentes entre les rêveurs lucides et les autres en termes d'âge, de sexe, d'éducation, etc. [ Toutes ces enquêtes semblent concorder assez étroitement, montrant que le rêve lucide est une expérience assez commune, bien plus commune que l'ESC.

Quelle est la physiologie des rêves et des rêves lucides ?

L'activité électrique du cerveau a été observée et classée à l'aide d'appareils EEG (électroencéphalographie) ; les signaux sont captés sur le cuir chevelu par des électrodes, puis filtrés et amplifiés pour alimenter un enregistreur graphique. On a constaté que l'activité cérébrale produit des tracés spécifiques pour certains états de conscience de base, comme indiqué en "Hz" (Hertz, ou cycles/vibrations par seconde) :

delta 0,2 à 3,5 Hz (sommeil profond, état de transe) thêta 3,5 à 7,5 Hz (rêve éveillé, mémoire) alpha 7,5 à 13 Hz (tranquillité, conscience accrue, méditation) bêta -- 13 à 28 Hz (tension, conscience "normale")

Dans l'état de somnolence qui précède l'endormissement, l'EEG est caractérisé par de nombreuses ondes alpha tandis que les muscles commencent à se détendre. Progressivement, cet état laisse place au stade 1 du sommeil. Trois autres stades suivent, chacun présentant des tracés EEG différents et marqués par des états de relaxation de plus en plus profonds. Au stade 4, le dormeur est très détendu, sa respiration est plus lente et la résistance de la peau est élevée. Il est très difficile de le réveiller. Si le rêveur est réveillé, il peut dire qu'il pensait à quelque chose ou décrire une vague imagerie, mais il racontera rarement quelque chose qui ressemble à un rêve typique.

Mais il n'y a pas que cela dans l'oubli croissant du sommeil. Au cours d'une nuit de sommeil normale, un changement distinct se produit une heure ou deux après le début du sommeil. Bien que les muscles soient encore détendus, le dormeur peut bouger, et d'après l'EEG, il semble qu'il va se réveiller et il revient à quelque chose qui ressemble au stade 1 du sommeil. Pourtant, il sera toujours très difficile de le réveiller et, dans ce sens, il dort rapidement. La caractéristique la plus distinctive est cependant les mouvements oculaires rapides, ou REM, et ce stade est également appelé sommeil paradoxal. Dans les stades précédents, les yeux peuvent rouler lentement, mais maintenant, ils sont agités comme s'ils regardaient quelque chose. S’il est réveillé à ce moment-là, le dormeur habituellement rapportera qu’il était en train de rêver.

Les rêves lucides impliquaient qu'il pouvait y avoir une conscience pendant le sommeil, ce que de nombreux psychologues ont nié pendant plus de 50 ans. Les chercheurs orthodoxes spécialistes du sommeil soutenaient que les rêves lucides ne pouvaient pas être de vrais rêves. Si les récits étaient valables, les expériences devaient se produire pendant de brefs moments d'éveil ou dans la transition entre l'éveil et le sommeil, et non dans le type de sommeil profond dans lequel se produisent habituellement les REMs et les rêves ordinaires. En d'autres termes, il ne pouvait réellement pas s'agir rêves du tout.

Cette affirmation représentait un défi pour les rêveurs lucides qui voulaient convaincre les gens qu'ils étaient vraiment éveillés dans leurs rêves. Mais bien sûr, lorsque vous êtes profondément endormi et que vous rêvez, vous ne pouvez pas crier : "Hé ! Écoutez-moi. Je suis en train de rêver en ce moment même". Pendant le sommeil paradoxal, les muscles du corps, à l'exception des muscles oculaires et de ceux responsables de la circulation et de la respiration, sont immobilisés par les ordres d'un centre nerveux situé dans la partie inférieure du cerveau. Ce fait nous empêche de mimer nos rêves. Parfois, cette paralysie se déclenche ou reste active alors que l'esprit de la personne est pleinement éveillé et conscient du monde.

C'est Keith Hearne [Hea78], de l'université de Hull, qui a été le premier à exploiter le fait que tous les muscles ne sont pas paralysés. Dans le sommeil paradoxal REM les yeux bougent. Donc peut-être qu'un rêveur lucide pourrait signaler en bougeant les yeux selon un modèle prédéterminé. Le rêveur lucide Alan Worsley a réussi à le faire pour la première fois dans le laboratoire de Hearne. Il a décidé de bouger ses yeux de gauche à droite huit fois de suite lorsqu'il devenait lucide. À l'aide d'un polygraphe, Hearne a pu observer les mouvements des yeux afin de détecter les signes du signal spécial. La réponse était sans ambiguïté. AU les rêves lucides se produisaient dans un sommeil paradoxal défini. En d'autres termes, ils étaient, dans ce sens, de véritables rêves.

Un rêve lucide typique durait entre deux et cinq minutes, se produisait vers 6 h 30 du matin, environ 24 minutes après le début d'une période REM et vers la fin d'une période REM de 22 minutes. Les nuits au cours desquelles les rêves lucides se sont produits ne présentaient pas un schéma de sommeil différent des autres nuits, bien qu'ils aient eu tendance à suivre des jours de stimulation supérieure à la moyenne.

On dit parfois que les découvertes scientifiques surviennent lorsque le moment est propice. C'est l'une de ces bizarreries qui fait qu'au même moment, mais à l'insu de Hearne, Stephen LaBerge, de l'université de Stanford en Californie, tentait la même expérience. Lui aussi a réussi, mais la résistance à cette idée était très forte. En 1980, les revues Science et Nature ont toutes deux rejeté son premier article sur la découverte [LaB85]. Ce n'est que plus tard que l'on a compris l'importance de cette découverte.

Certaines conclusions peuvent être tirées de ces informations. Dans les ESCs et les rêves lucides, la personne semble avoir sa conscience éveillée, ou quelque chose d'approchant. Elle est capable de voir clairement, mais ce qu'elle voit n'est pas tout à fait comme le physique et semble avoir beaucoup des propriétés d'un monde de rêve ou d'un monde imaginaire. Mais il y a aussi des différences : le rêve lucide commence plus souvent lorsque le sujet est endormi, et le monde du rêve est moins distinct et moins réel que le monde de l'ESC, ce qui permet moins de contrôle et de liberté de mouvement ; en outre, la personne qui fait une ESC à partir de l'état de veille ne pense jamais réellement qu'elle rêve. La plupart des rêves lucides ne concernent que le sujet, mais il existe des cas répertoriés de "rencontres" dans des rêves lucides. La question importante est de savoir si l'EurSC observe le même monde que le rêveur lucide. Les deux expériences sont-elles essentiellement des aspects du même phénomène ?

Selon Stephen LaBerge, il semble possible qu'au moins certaines ESCs résultent des mêmes conditions que la paralysie du sommeil, et que ces deux termes puissent en fait désigner deux aspects du même phénomène [LL91]. Selon lui, les données de l'enquête favorisent cette théorie. Il existe également de nombreuses preuves que les personnes qui ont tendance à faire des ESCs ont aussi tendance à faire des rêves lucides, des rêves d’envol et de chute, et à avoir la capacité de contrôler leurs rêves [Bla84, Gli89, Irw88]. En raison du lien étroit entre les ESCs et les rêves lucides, certains chercheurs dans ce domaine ont suggéré que les ESCs sont un type de rêve lucide [Far76, Hon79, Sal82].

Un problème avec cet argument est que, bien que les personnes qui ont des ESCs soient aussi susceptibles d'avoir des rêves lucides, les ESCs sont beaucoup moins fréquentes, et peuvent arriver à des personnes qui n'ont jamais eu de rêves lucides. En outre, les ESCs sont tout à fait différentes des rêves lucides en ce sens que pendant une ESC typique, l'expérienceur est convaincu que l'ESC est un événement réel qui se produit dans le monde physique et non un rêve, contrairement à un rêve lucide, dans lequel par définition le rêveur est certain que l'événement est un rêve. Il existe une exception qui relie les deux expériences : lorsque nous nous sentons sortir du corps, mais que nous savons aussi que nous rêvons.

LaBerge a organisé une étude qui consistait à analyser les données de 107 rêves lucides provenant d'un total de 14 personnes différentes. Les informations physiologiques recueillies comprenaient les ondes cérébrales, les mouvements des yeux et l'activité des muscles du menton. Dans tous les cas, le rêveur signalait le début du rêve lucide en effectuant un schéma distinct de mouvements oculaires. Après avoir vérifié que tous les rêves lucides étaient accompagnés de signaux oculaires indiquant qu'ils s'étaient produits en sommeil paradoxal, ils ont été classés en RLIR (DILD) et RLIE (WILD), en fonction de la durée pendant laquelle les rêveurs étaient restés en sommeil paradoxal sans se réveiller avant de devenir lucides, et en fonction de leur déclaration selon laquelle ils avaient réalisé qu'ils rêvaient alors qu'ils étaient impliqués dans un rêve (RLIR/DILD) ou étaient entrés dans le rêve directement à partir de l'éveil tout en conservant leur lucidité (RLIE/WILD).

En plus de l'analyse physiologique, chaque rapport de rêve a été noté pour la présence de divers événements typiques des ESCs, tels que des sensations de distorsion du corps (y compris la paralysie et les vibrations), de flottement ou d’envol, des références à la conscience d'être au lit, d'être endormi ou allongé, et la sensation de quitter le corps.

Dix des 107 rêves lucides ont été qualifiés d'ESCs, car les rêveurs ont déclaré avoir eu l'impression de quitter leur corps dans le rêve. Vingt de ces rêves lucides étaient des RLIEs/WILDs et 87 des RLIRs/DILDs. Cinq des ESCs étaient des RLIEs/WILDs (28%) et cinq étaient des RLIRs/DILDs (6%). Ainsi, les ESCs étaient plus de quatre fois plus probables dans les RLIEs/WILDs que dans les RLIRs/DILDs. Les trois événements liés aux ESCs qui ont été recherchés sont également tous survenus plus souvent dans les RLIEs/WILDs que dans les RLIRs/DILDs. Près d'un tiers des RLIEs/WILDs contenaient des distorsions corporelles, et plus de la moitié d'entre elles comportaient un flottement, un vol ou la conscience d'être au lit. En comparaison, moins d'un cinquième des RLIRs/DILDs comportait des distorsions corporelles, seulement un tiers des RLIRs/DILDs comportait des flottements ou des vols, et un cinquième comportait la conscience d'être au lit.

Les rapports des cinq RLIRs/DILDs qui ont été classés comme des ESCs étaient en fait très semblables à ceux des RLIEs/WILDs-ESCs. Dans les deux cas, les rêveurs se sentaient allongés dans leur lit et éprouvaient d'étranges sensations, notamment une paralysie et un flottement hors du corps. Bien que ces rêves lucides ressemblent à des RLIEs/WILDs, ils ont été classés comme des RLIRs/D1LDs parce que les enregistrements physiologiques ne montraient aucun réveil précédant la lucidité. Toutefois, il est possible que ces personnes aient pu prendre momentanément conscience de leur environnement (et donc être "éveillées") tout en continuant à présenter les ondes cérébrales normalement associées au sommeil paradoxal.

Les études en laboratoire montrent que lorsque les ESCs se produisent dans des rêves lucides, ils se produisent soit lorsque la personne revient en sommeil paradoxal juste après un réveil, soit juste après avoir pris conscience d'être au lit. Cette relation pourrait-elle s'appliquer aux ESCs et aux rêves lucides que les gens vivent chez eux, dans le "monde réel" ?

N'étant pas en mesure d'amener le laboratoire du sommeil au domicile de centaines de personnes, LaBerge a mené une enquête sur les ESCs et autres expériences liées aux rêves. La différence entre son enquête et les précédentes est qu'en plus de demander si les gens avaient eu des ESCs, il a posé des questions spécifiques sur certains événements qui sont connus pour être associés aux RLIEs/WILDs, à savoir le rêve lucide, le retour direct à un rêve après s'en être réveillé, et la paralysie du sommeil.

Au total, 572 personnes ont rempli le questionnaire. Environ un tiers du groupe a déclaré avoir eu au moins une ESC. Un peu plus de 80 % avaient fait des rêves lucides. La paralysie du sommeil a été rapportée par 37 % d'entre elles et 85 % ont pu retourner à un rêve après le réveil. Les personnes qui ont rapporté plus d'expériences liées aux rêves ont également rapporté plus d'ESCs. Par exemple, sur les 452 personnes qui ont déclaré avoir fait des rêves lucides, 39 % ont également déclaré avoir fait des ESCs, alors que seulement 15 % des personnes qui n'ont pas déclaré avoir fait des rêves lucides ont déclaré avoir fait des ESCs. Le groupe comptant le plus de personnes déclarant avoir fait des ESCs (51 %) est celui des personnes ayant déclaré avoir fait des rêves lucides, des retours au rêve et des paralysies du sommeil.

Dans cette étude, les personnes déclarant un retour fréquent au rêve avaient également tendance à déclarer des rêves lucides fréquents. Ainsi, LaBerge estime que le fait que la fréquence de retour au rêve soit liée à la fréquence des ESCs dans cette étude apporte un soutien supplémentaire aux résultats de la recherche en laboratoire selon lesquels les RLIEs/WILDs étaient associés aux ESCs. D'autre part, il souligne que la preuve que certaines ou même la plupart des ESCs sont des rêves n'est pas suffisante pour nous permettre de dire qu'une véritable ESC est impossible. Cependant, il suggère que si vous faites une ESC, pourquoi ne pas vérifier si le monde de l'ESC passe le test de la réalité. La pièce dans laquelle vous vous trouvez est-elle celle dans laquelle vous dormez réellement ? Si vous avez quitté votre corps, où est-il ? Les choses changent-elles lorsque vous ne les regardez pas (ou lorsque vous les regardez) ? Peut-on lire quelque chose deux fois et que cette chose reste la même aux deux lectures ? LaBerge demande : " Si l'une de vos questions et de vos recherches vous fait douter que vous êtes dans le monde physique, n'est-il pas logique de croire que vous rêvez ? " [LL91].

Quelle est la physiologie des ESCs ?

Il existe clairement des similitudes entre les ESCs et les rêves. Dans les deux cas, nous faisons l'expérience d'un monde dans lequel l'imagination joue un grand rôle et nous pouvons accomplir des exploits impossibles dans la vie quotidienne. Mais l'ESC diffère de nombreuses façons importantes et évidentes de ce que nous appelons un rêve ordinaire. Tout d'abord, elle se produit généralement lorsque le sujet est éveillé, ou du moins, s'il est somnolent ou drogué, pas endormi. Deuxièmement, l'imagerie et les activités d'une ESC sont généralement moins bizarres et plus cohérentes que celles d'un rêve ordinaire, et le plus souvent le décor est celui de l'environnement normal plutôt que le cadre particulier des rêves. Troisièmement, les EursSC sont souvent catégoriques : leur expérience n'a rien à voir avec un rêve. Enfin, il y a la grande différence dans l'état de conscience. Les rêves ordinaires sont caractérisés par un état de conscience au mieux très trouble, et ne sont reconnus comme des rêves qu'au réveil.

Mais ces différences ne sont pas suffisantes. Vous pouvez argumenter que dans un rêve lucide, l'imagerie et l'état de conscience ressemblent beaucoup plus à ceux d'une ESC. L'ESC est donc peut-être une sorte de rêve lucide qui se produit au milieu de la vie éveillée. Une façon de le découvrir serait de déterminer l'état physiologique dans lequel l'ESC a lieu. Une telle découverte ne peut être faite qu'au moyen d'expériences en laboratoire, mais il faut d'abord attraper une ESC en laboratoire.

Observer une ESC dans un laboratoire n'est pas facile. La plupart des personnes qui font une ESC n'en font qu'une seule, ou tout au plus quelques-unes, dans leur vie. Pour capturer une ESC, il faut un type de sujet particulier, capable de provoquer une ESC à volonté et disposé à subir le stress d'un test. Heureusement, de tels sujets existent.

L'un des premiers à être testé fut une jeune fille appelée Miss Z., par Charles Tart qui a étudié ses ESCs [Tar68]. Ses ESCs se produisaient toutes durant la nuit. Elle avait l'habitude de se réveiller dans la nuit et de se retrouver flottant près du plafond. Avec Mlle Z. comme sujet, Tart voulait initialement tester deux aspects de l'ESC : d'abord, si la perception extrasensorielle (PES) pouvait se produire pendant une ESC, et ensuite, quel état physiologique était associé à l'expérience. Au total, Mlle Z. a passé quatre nuits sans dormir au laboratoire.

Au cours de sa première nuit, Mlle Z. n'a pas fait d'ESC. Au cours de la deuxième nuit, elle s'est réveillée deux fois et a signalé qu'elle flottait au-dessus de son corps. Au cours de la première expérience, Mlle Z. ne s'était pas encore endormie lorsque l'ESC s'est produite, et l’EEG a montré un tracé de réveil somnolent suivi d'un réveil lorsqu'elle a raconté son expérience à Tart. Pendant tout ce temps, le rythme cardiaque était stable et il n'y avait pas de REM. Puis à 3h15 du matin. Mlle Z. s'est réveillée et a crié "notez 3.13". Apparemment, elle avait quitté son corps et s'était élevée assez haut pour voir l'horloge sur le mur. À ce moment-là, l'EEG a montré divers tracés, mais principalement une activité thêta et alphoïde. Il y avait peu de fuseaux de sommeil (une caractéristique du tracé EEG à certains stades du sommeil), pas de REM, pas de RGP (réponse galvanique de la peau) et un rythme cardiaque régulier.

La troisième nuit, Mlle Z. a eu une ESC spectaculaire. Elle semblait voler et se retrouvait chez elle, en Californie du Sud, avec sa sœur. Sa sœur s'est levée du rocking-chair où elle était assise et toutes deux ont communiqué sans parler. Au bout d'un moment, elles sont toutes deux entrées dans la chambre à coucher et ont vu le corps de la sœur allongée dans le lit et endormie. Presque aussitôt qu'elle a réalisé qu'il était temps de partir, l'ESC s'est terminée et Mlle Z. s'est retrouvée dans le laboratoire. Tart n'a pas pu contacter la sœur pour vérifier si elle avait été consciente de la visite, mais l'enregistrement physiologique a montré qu'il y avait principalement une activité alphoïde sans REM et seulement quelques minutes de stade 1, le sommeil rêveur, avec REM.

La dernière nuit a été, d'une certaine manière, la plus excitante, car à cette occasion le sujet a pu voir une cible PES fournie ; mais l'enregistrement EEG était obscurci par de nombreuses interférences. Tart l'a décrit comme ressemblant à un stade 1 avec des REM, mais il a ajouté qu'il ne pouvait pas être sûr qu'il s'agissait d'un stade 1 ou d'un tracé d'éveil.

Parmi tous ces tracés confus et changeants, certaines certitudes émergent. En général, l'EEG a montré un tracé ressemblant le plus à un stade 1 peu développé, mélangé à de brèves périodes d'éveil. Pour ce sujet au moins, les ESCs ne se produisent pas dans le même état que le rêve. Tart aurait aimé continuer à travailler avec Mlle Z. mais cela s'est avéré impossible car elle a dû retourner en Californie du Sud.

Cependant, Tart [Tar67] a pu travailler avec un autre sujet, Robert Monroe, bien connu par ses livres. Monroe a été suivi pendant neuf sessions avec des EEG et d'autres appareils, dans cet environnement Monroe a eu des difficultés à induire une ESC. Des électrodes étaient fixées à son oreille, et il les trouvait très inconfortables. Pendant tout le temps où il a essayé de faire une ESC, son EEG a montré un étrange mélange de tracés. Il y avait un rythme alpha inhabituellement varié, des fuseaux de sommeil variables et des ondes thêta de voltage élévé. Dans l'ensemble, Tart a conclu que Monroe se trouvait aux stades I et 2 et qu'il était détendu et somnolent, tombant dans le sommeil par intermittence. Son rythme de sommeil était tout à fait normal et il avait des périodes de rêve et un cycle de sommeil normaux.

Au cours de l'avant-dernière session, Monroe réussit à avoir un ESC. Tart en a conclu que les ESC de Monroe se produisaient dans le stade du rêve ; mais cette idée lui a posé un problème. Monroe affirme que pour lui, le rêve et les ESCs sont totalement différents. Tart a finalement conclu que les ESCs étaient peut-être un mélange de rêves et de "quelque chose d'autre". Ce "quelque chose d'autre" pourrait être, pensait-il, la perception extrasensorielle (PES).

L'un des sujets suivants à être testé de cette manière fut Ingo Swann. Lors de plusieurs expériences menées à l'ASPR [OM77], Swann était relié à l'équipement EEG alors qu'il était assis dans une pièce sombre et essayait de s'extérioriser, en son temps, et de se rendre dans une pièce éloignée où des cibles PES étaient installées. Il ne s'endormait pas et était donc en mesure de faire des commentaires sur son état de santé. Après quelques mois de ce type d'expérience, Swann suggéra qu'il pourrait être capable de quitter son corps sur commande, et on s'arrangea pour qu'il reçoive un signal sonore lui indiquant quand partir et quand revenir. Apparemment, il a réussi dans cet effort, ce qui signifiait que l'ESC et autres périodes pouvaient être facilement déterminés et comparés.

Pendant les périodes d'ESC, l'EEG était nettement aplati et il y avait des changements de fréquence, avec une diminution de l'activité alpha et une augmentation de l'activité bêta. Pendant que ces changements se produisaient, le rythme cardiaque restait normal. Ces résultats sont assez différents de ceux obtenus avec les sujets précédents dans la mesure où Swann semblait être plus alerte pendant ses ESCs. Peut-être que cela ne fait que confirmer ce que les études de cas nous ont appris, à savoir que l'ESC peut se produire dans une variété d'états. Mais ce qui est peut-être le plus important, c'est que dans aucun cas jusqu'à présent, il n'a semblé y avoir un état discret dans lequel l'SCE a eu lieu. Il n'y a pas eu de changements soudains dans l'EEG ou les fonctions autonomes pour marquer le début ou la fin de l'ESC Tout changement était graduel ; contrairement au rêve, l'ESC ne semble pas être associé à un état physiologique discret.

Le seul autre sujet qui a participé à un grand nombre d'expériences d'ESC est Keith ("Blue") Harary. Les expériences au cours desquelles son état physiologique a été mesuré ont été réalisées à la Physical Research Foundation [Mor73, HJH74, JHHLM74, MHJHR78]. Les résultats étaient à nouveau différents de ceux des études précédentes. Ici, il n'y avait pas de changements dans l'EEG. La quantité et la fréquence de l'alpha étaient les mêmes dans les périodes d'ESCs et de " retour au calme " et il y avait seulement un peu moins de mouvements oculaires dans les phases d'ESC. Ces seules mesures montrent que Harary était éveillé et que ses ESC ne se sont pas produites dans un état de sommeil, de rêve ou dans un état limite.

D'autres mesures ont montré un changement. Le potentiel cutané a baissé, indiquant une plus grande relaxation, et c'est cette mesure qui a fourni le meilleur indicateur qu'une ESC avait commencé. La fréquence cardiaque et la respiration ont augmenté. Ces changements sont surprenants parce qu'ils impliquent un plus grand degré d'éveil, ce qui est l'inverse de ce que révèle le potentiel cutané. Donc d’une certaine manière Harary était plus détendu

De grandes différences entre les sujets tendent à obscurcir tout modèle clair dans les états, mais dans toute cette confusion, il est clair que le début d'une ESC ne coïncide pas avec un changement physiologique abrupt. Il n'y a pas d'état d'ESC discret. L'ESC ne se produit pas, du moins pour ces sujets, et dans ces conditions, dans un état ressemblant au rêve. Les sujets étaient détendus, voire somnolents ou légèrement endormis, mais ils ne rêvaient pas lorsqu'ils ont fait leurs ESCs.

C’est quoi les expériences de mort imminente et est-ce que ce sont des sortes d’ESCs ?

La recherche sur les expériences de mort imminente (EMI), c'est-à-dire les expériences vécues par les personnes qui survivent à une rencontre rapprochée avec la mort, a récemment fait l'objet d'une grande publicité. De plus en plus de personnes survivent aujourd'hui à un contact rapproché avec la mort. L'expérience de mort imminente a été définie comme la "contrepartie expérientielle de la transition physiologique vers la mort biologique" [Sab82] : il s'agit de l'enregistrement d'une expérience consciente de l'intérieur plutôt que de l'extérieur, du point de vue du sujet plutôt que du spectateur.

Raymond Moody [Moo75, 77] a interrogé de nombreuses personnes qui avaient été réanimées après un accident et il a ensuite élaboré une version idéalisée d'une expérience typique de mort imminente. Il a souligné qu'aucune personne n'avait décrit l'ensemble de cette expérience, mais que chaque caractéristique se retrouvait dans de nombreux récits. Voici sa description :

Un homme est en train de mourir et, alors qu'il atteint le point de la plus grande détresse physique, il s'entend déclarer mort par son médecin. Il commence à entendre un bruit désagréable, une forte sonnerie ou un bourdonnement, et se sent en même temps se déplacer très rapidement dans un long tunnel sombre. Ensuite, il se retrouve soudain hors de son propre corps physique, mais toujours dans son environnement physique immédiat, et il voit son propre corps de loin, comme s'il était un spectateur. Il assiste à la tentative de réanimation depuis ce point de vue inhabituel et se trouve dans un état de bouleversement émotionnel.

Au bout d'un certain temps, il se ressaisit et s'habitue à son étrange condition. Il s'aperçoit qu'il a toujours un "corps", mais d'une nature et de pouvoirs très différents de ceux du corps physique qu'il a laissé derrière lui. Bientôt, d'autres choses commencent à se produire. Il entrevoit les esprits de parents et d'amis déjà décédés, et un esprit aimant et chaleureux d'un genre qu'il n'avait jamais rencontré auparavant - un être de lumière - apparaît devant lui. Cet être lui pose une question, de manière non verbale, pour l'amener à évaluer sa vie et l'aide à avancer en lui montrant une lecture panoramique et instantanée des principaux événements de sa vie. À un moment donné, il se trouve à l'approche d'une sorte de barrière ou de frontière, représentant apparemment la limite entre la vie terrestre et l'autre vie. Pourtant, il constate qu'il doit retourner sur terre, que l'heure de sa mort n'a pas encore sonné. À ce stade, il résiste, car il est maintenant absorbé par ses expériences dans l'au-delà et ne veut pas retourner. Il est envahi par d'intenses sentiments de joie, d'amour et de paix. Malgré son attitude, cependant, il réintègre son corps physique et vit.

Plus tard, il essaie d'en parler aux autres, mais il a du mal à le faire. Tout d'abord, il ne trouve pas de mots humains pour décrire ces épisodes étranges. Il constate également que les autres se moquent de lui, et il cesse donc d'en parler. Pourtant, l'expérience affecte profondément sa vie, en particulier sa vision de la mort et de sa relation avec la vie.

Le parallèle entre ce type de récit et de nombreuses ESC est évident. Il y a le tunnel traversé ainsi que l'expérience de voir son propre corps de l'extérieur et d'avoir l'impression d'avoir un autre type de corps, et l'ineffabilité est familière. On est tenté de conclure que la mort donne lieu à une ESC typique, ou projection astrale, suivie d'une transition vers un autre monde, avec l'aide de personnes qui ont déjà fait la traversée, et celle d'êtres supérieurs dans le plan desquels on va mener la phase suivante de l'existence. Bien que les travaux de Moody donnent une bonne idée de ce que peut être la mort pour certaines personnes, ils n'apportent pas de réponse à des questions telles que la fréquence de ce type d'expérience.

Après Moody, des études ont été menées par les cardiologues Rawlings et Sabom. La recherche la plus détaillée a été menée par Kenneth Ring, un psychologue du Connecticut [Rin79, 80], qui a obtenu des hôpitaux les noms de personnes qui avaient frôlé la mort ou qui avaient été réanimées après avoir été en état de mort clinique. Près de la moitié de son échantillon (4 8%) a rapporté des expériences qui étaient, au moins en partie, similaires à la description de Moody. Parmi les sujets de Ring, 95 % des personnes interrogées ont déclaré que l'expérience n'était pas comme un rêve (le même résultat apparaît dans Sabom) : ils ont souligné qu'elle était trop réelle, plus vivante et plus réaliste ; cependant, certains aspects étaient difficiles à exprimer, car l'expérience ne ressemblait à rien de ce qui leur était arrivé auparavant.

L'une des conclusions les plus intéressantes de Ring concerne les étapes de l'expérience. Il a montré que les premiers stades tendaient également à être rapportés plus fréquemment. La première étape, la paix, a été vécue par 60 % de son échantillon, dont certains n'ont pas atteint d'autres étapes. Le stade suivant, qui nous intéresse le plus ici, est celui de la "séparation du corps", en d'autres termes, l'ESC. Trente pour cent de l'échantillon de Ring ont atteint ce stade et ce qu'ils ont rapporté ressemble beaucoup aux descriptions d'ESC. Toutes les "séparations corporelles" n'étaient pas distinctes. De nombreuses personnes interrogées par Ring ont simplement décrit un sentiment de séparation ou de détachement par rapport à tout ce qui se passait.

Ring a essayé de découvrir deux aspects spécifiques de ces ESCs. Il leur a d'abord demandé s'ils avaient un autre corps. La réponse semblait être "non" : la plupart n'avaient pas conscience de l'existence d'un autre corps et répondaient qu'ils étaient quelque chose comme "esprit seulement". Les descriptions du "cordon d'argent" étaient tout aussi rares. Nous pouvons constater qu'une sorte d'ESC constitue une étape importante de l'expérience de mort imminente.

Après le stade de l'ESC, vient "l'entrée dans les ténèbres", vécue par près d'un quart des sujets de Ring. Elle a été décrite comme "un voyage dans une immensité noire sans forme ni dimension", comme "un néant, un rien" et comme "une noirceur très paisible.

Pour 15 % d'entre eux, l'étape suivante a été franchie : "voir la lumière". La lumière était parfois au bout du tunnel, parfois aperçue au loin, mais en général elle était dorée et brillante sans faire mal aux yeux. Parfois, la lumière était associée à une présence quelconque ou à une voix qui disait à la personne de revenir en arrière.

Enfin, dix pour cent des expérienceurs semblaient "entrer dans la lumière et passer dans un autre monde ou simplement l'entrevoir". Ce monde était décrit comme étant d'une grande beauté, avec des couleurs éclatantes, des prairies à l'herbe dorée, des chants d'oiseaux ou de la belle musique. C'est à ce stade que les personnes ont été accueillies par des parents décédés, et c'est de ce monde qu'elles ne voulaient pas revenir.

Noyes et Kletti [Noy72, NK76] ont appliqué un tout autre type d'analyse aux récits recueillis auprès de victimes de chutes, de noyades, d'accidents, de maladies graves et d'autres situations mettant leur vie en danger. Ils ont mis l'accent sur des caractéristiques telles que l'altération de la perception du temps et de l'attention, les sentiments d'irréalité et de perte d'émotions, et le sentiment de détachement. Ils ont constaté que ces caractéristiques étaient plus fréquentes chez les personnes qui pensaient être sur le point de mourir que chez celles qui ne le pensaient pas. Cela correspond à leur interprétation des expériences comme une forme de dépersonnalisation (c'est-à-dire la perte du sens de l'identité personnelle ou la sensation d'être sans existence matérielle) face à une menace pour la vie, c'est-à-dire comme un moyen d'échapper à la mort imminente du corps physique ou de s'en dissocier.

Deux autres aspects restent à traiter. Tout d'abord, il y a l'absence de voyages en "enfer". Ni Moody ni Ring n'ont obtenu de récits d'expériences infernales. Cependant, le cardiologue Maurice Rawlings [Raw78] a suggéré que la raison pour laquelle il n'y a pas de tels rapports est que, bien que les patients puissent se souvenir de telles expériences infernales immédiatement après, ils ont tendance à les oublier avec le temps. En d'autres termes, leur mémoire les protège contre les aspects désagréables. Selon Rawlings, ce n'est que parce qu'ils ont été interrogés trop longtemps après avoir frôlé la mort que toutes les expériences sont rapportées comme agréables. Il semble bien que ce soit le "bon" côté des expériences qui ait le plus d'impact.

Une autre caractéristique qu'il convient de mentionner est la "revue de vie". On a souvent constaté qu'une personne proche de la mort semblait voir défiler devant elle des scènes de sa vie passée, comme sur un écran ou en images. Ring a constaté qu'environ un quart de ses expérienceurs ont fait état d'une revue de vie, et que ce phénomène était plus fréquent chez les victimes d'accidents que chez les autres.

Les effets généraux d'avoir une EMI sont de deux types : philosophiques et éthiques. Les principaux changements philosophiques concernent les attitudes à l'égard de la mort et de la vie après la mort. Les chiffres de Sabom sont extrêmement intéressants à cet égard : il a demandé aux personnes qui avaient vécu une EMI et à celles qui n'en avaient pas vécu, lorsqu'elles étaient inconscientes, si leur vision de la mort et de l'au-delà avait changé. Sur les 45 personnes qui n'avaient pas eu d'expérience consciente, 39 avaient autant peur de la mort qu'avant, 5 plus peur et 1 moins peur ; tandis que sur les 61 personnes ayant vécu une EMI, aucune n'avait plus peur, 11 avaient autant peur et 50 moins peur. Les tendances sont similaires en ce qui concerne la croyance en une vie après la mort : parmi les non-expérienceurs, aucune n'a changé d'attitude, tandis que parmi les expérienceurs, 14 ont trouvé leur attitude inchangée et 47 ont déclaré que leur croyance en une vie après la mort s'était accrue [Sab82]. Ring a trouvé une corrélation entre la perte de la peur de la mort et ce qu'il a appelé l'expérience centrale, c'est-à-dire celle qui comporte un élément transcendantal positif. Moody fait remarquer qu'il existe un consensus remarquable sur les "leçons" tirées des EMI : ‘Presque tout le monde a souligné l'importance, dans cette vie, d'essayer de cultiver l'amour pour les autres, un amour unique et profond" [Moo75]. Il ajoute qu'une deuxième caractéristique est la prise de conscience de l'importance de la recherche de la connaissance, de ne pas limiter son horizon au matériel.

Un certain nombre d'explications physiologiques réductionnistes ont été avancées pour expliquer les EMI : les deux plus courantes sont l'"anoxie cérébrale" et la "dépersonnalisation". L'anoxie cérébrale explique l'expérience en disant qu'il s'agit d'une hallucination due à un manque d'oxygène dans le cerveau. Nous avons vu que de telles "hallucinations" s'avèrent souvent correspondre aux événements physiques qui se produisent réellement- peut-on alors qualifier l’EMI d’hallucination ? Peut-être, mais certainement pas comme un délire. Ring et Moody soulignent tous deux que les schémas d'expériences ne sont pas différents lorsqu'il n'y a manifestement pas de manque d'oxygène. Noyes commence par souligner qu'aucun des sujets ne peut avoir été réellement mort s'il a été réanimé, de sorte que les expériences qu'ils ont rapportées ne peuvent être considérées comme une "preuve de la survie de la conscience". Moody n'exprime jamais une telle position, mais se contente d'affirmer que les expériences ont une valeur suggestive, même si, pour les sujets eux-mêmes, l'expérience est une preuve.

Le facteur commun à toutes les explications physiologiques de l’EMI est la tentative d'éviter l'interprétation prima facie de l'expérience comme une EMI. Sabom conclut que cette hypothèse est celle qui correspond le mieux aux données, tandis que Ring conclut qu’il y a une abondance de preuves empiriques de la réalité des expériences extracorporelles ; que ces expériences sont conformes aux descriptions données par nos expérienceurs de mort imminente et qu'il existe des preuves très suggestives que la mort implique la séparation d'un second corps, un double du corps physique" [Rin80].

Un nombre tout aussi important d'interprétations différentes ont été présentées pour tous les aspects de l'expérience de mort imminente. Les plus importantes d'entre elles ont été utilement résumées par Grosso [Gro81]. La plupart des gens semblent s'accorder sur le fait que l'expérience de mort imminente présente une cohérence remarquable qui varie peu en fonction des différences de culture, de religion et de cause de la crise ; ce qui est contesté, c'est la raison d'une telle cohérence. Rawlings trempe toutes ses conclusions dans le langage du christianisme, impliquant le ciel et l'enfer et la possibilité d'être sauvé. Noyes interprète les EMIs en termes de dépersonnalisation, Siegel en termes d'hallucinations et Ring dans le cadre d'un modèle parapsychologique holographique. D'une manière générale, il existe deux camps. D'un côté, ceux qui considèrent l'expérience de mort imminente comme un signe certain vers un autre monde et une vie après la mort ; de l'autre, ceux qui, de diverses manières, ont interprété l'expérience comme faisant partie de la vie, et non de la mort, et comme ne nous apprenant absolument rien sur une "vie après la vie".

Est-ce que l’ESC est une forme de maladie mentale ?

Si l'ESC doit être considérée comme impliquant des processus psychologiques, plutôt que des processus paranormaux, nous devons examiner ce que ces processus pourraient être. Commençons par une approche psychiatrique et demandons-nous si l'expérience de mort imminente, ou quelque chose de semblable, se retrouve dans une maladie mentale.

Noyes et Kletti ont comparé les expériences de mort imminente au phénomène de dépersonnalisation. La dépersonnalisation est liée à la déréalisation, dans laquelle l'entourage et l'environnement commencent à sembler irréels et la personne qui en souffre semble coupée de la réalité. La dépersonnalisation est le phénomène le plus courant des deux et implique le sentiment que le corps de la personne est étranger ou qu'il n'est pas à sa place. Le sujet peut se plaindre de ne pas ressentir d'émotions, même s'il semble les exprimer, et il peut souffrir d'anxiété, de distorsions du temps et du lieu, de changements dans son image corporelle, et le sujet peut sembler observer les choses à quelques mètres devant son corps. Son "moi" conscient est considéré comme étant à l'extérieur de son corps. Les patients décrivent leur imagerie comme pâle et incolore, et certains se plaignent d'avoir perdu tout pouvoir d'imagination.

Cette description ne ressemble pas à celle d'une personne ayant vécu une ESC ou une EMI. Il y a des distorsions de l'environnement et des altérations de l'imagerie dans les expériences d'ESC et de EMI, mais il semble que l'imagerie devienne typiquement plus lumineuse et vive, colorée et détaillée, plutôt que pâle et incolore. Il y a des changements dans les émotions - mais au lieu d'une disparition de l'amour et de la haine, beaucoup d'EursSC font état d'un amour profond, de joie et d'émotions positives. Les phénomènes de déréalisation et de dépersonnalisation ne nous aident pas du tout à comprendre. Toutes les petites similitudes sont contrebalancées par d'énormes différences.

Le syndrome de Capgras est un syndrome qui implique spécifiquement des doubles. Une personne souffrant de cette illusion peut croire qu'un ami ou un parent a été remplacé par un double exact. Comme ce double ressemble en tous points à la personne réelle, rien de ce que la "vraie personne" dit ou fait ne convaincra le patient du contraire. De cette manière, le patient peut éviter la culpabilité qu'il ressent en cas de sentiments malveillants ou négatifs à l'égard d'un être cher. Il ressort de cette brève description que cette illusion ne ressemble en rien à l'ESC.

Les types de doubles vus en autoscopie, littéralement "se voir soi-même", sont peut-être plus pertinents. Bien que l'ESC soit rarement distinguée de l'autoscopie dans la littérature psychiatrique, d'autres distinctions sont faites à la place. La principale distinction est que l'ESC implique le sentiment d'être hors du corps alors que l'autoscopie consiste généralement à voir un double. Certaines personnes voient l'ensemble de leur corps comme un double, d'autres n'en voient que des parties, peut-être seulement le visage. Il existe une forme interne dans laquelle le sujet peut voir ses organes internes et une forme cénesthésique dans laquelle il ne voit pas, mais ressent seulement la présence de son double. Il existe même une forme négative dans laquelle le sujet ne peut pas se voir même lorsqu'il essaie de se regarder dans un miroir

L'autoscopie est abordée d'une manière tout à fait différente par le biais des problèmes physiques auxquels elle est parfois associée. L'un d'entre eux est la migraine, dont le symptôme le plus évident est le mal de tête débilitant. Pendant, avant ou après la douleur, certains migraineux font apparemment l'expérience de l'autoscopie. En tout état de cause, un certain nombre d'exemples de personnes ayant souffert à la fois de migraine et d'une expérience simultanée d'autoscopie ou d'ESC ne prouve pas l'existence d'un lien particulier entre les deux.

Les personnes avec une grande imagerie sont-elles plus susceptibles de faire des ESCs ?

On pourrait s'attendre à ce que les ESCs soient plus fréquemment vécues par les personnes ayant les compétences les plus développées en matière de conception d'images mentales si l'expérience est entièrement construite à partir de l'imagination. Irwin [Irb80, 81b] était intéressé de savoir si les EursSCs différaient des autres personnes en termes de compétences cognitives ou de modes de pensée, y compris l'imagerie. Il a trouvé 21 EursSC et leur a donné le questionnaire 'Ways of thinking ' (WOT : Manière de penser), le questionnaire 'Differential personality ' (DPQ / Personnalité Différentielle) et le questionnaire 'Vividness of visual imagery’ (VVIQ / Vivacité de l’Imagerie Visuelle). Pour chacun d'entre eux, il a comparé les scores des EursSC avec ceux attendus d'études portant sur des groupes plus importants de la population.

Le questionnaire sur l'imagerie est une mesure auto-évaluée de la vivacité de l'imagerie visuelle. Les scores de ces quelques EursSC se sont révélés, de manière inattendue, inférieurs à la normale, et ce de manière significative. Il semble qu'ils aient eu moins, et non pas plus, d'imagerie vivace que la moyenne. Le test suivant, le WOT, vise à tester la dimension verbalisante-visualisante du style cognitif. Les EursSC d'Irwin ont obtenu des scores non différents de la moyenne. Il n'y a donc aucune preuve que les EursSC sont plus susceptibles d'utiliser spécialement la visualisation ou la verbalisation.

Bien non directement liés au sujet de l'imagerie, les résultats du DPQ étaient intéressants. L'une des diverses dimensions du style cognitif qu'il mesure est l'"absorption". Il s'agit de la capacité d'une personne à s'absorber dans son expérience. Par exemple, une personne qui s'immerge facilement dans la nature, l'art, un bon livre, un film ou un jeu vidéo, excluant du monde extérieur, est une personne qui obtient un score élevé sur l'échelle de l'absorption. Irwin s'attendait à ce que les EursSC soient plus performants sur cette échelle et c'est ce qu'il a constaté. Ses EursSC semblaient être plus doués que la moyenne pour s'impliquer dans leurs expériences.

Les ESCs sont-elles une forme d’hallucination ?

Il n'existe pas de définition unique et acceptée des hallucinations, et leur lien avec la perception sensorielle, l'illusion, les rêves et l'imagination n'est pas clair. Toutefois, définissons une hallucination comme une perception apparente de quelque chose qui n'est pas physiquement présent, et ajoutons qu'il n'est pas nécessaire que l'hallucination soit considérée comme "réelle" pour être prise en compte. Dans cette catégorie, on trouve un large éventail d'expériences survenant chez des personnes ne souffrant d'aucune perturbation mentale ou psychiatrique. L’imagerie visuelle peut survenir juste avant de s'endormir (hypnagogique), au premier réveil (hypnopompique) ou être induite par des drogues, la privation sensorielle, l'insomnie ou un stress important. Cela peut prendre de nombreuses formes, allant de simples formes à des scènes complexes.

Bien qu'il soit possible d'avoir une hallucination impliquant presque n'importe quel type d'imagerie, on sait depuis longtemps qu'il existe des similitudes remarquables entre les hallucinations de différentes personnes, dans différentes circonstances. Les hallucinations ont été classées pour la première fois au siècle dernier, à une époque où de nombreux artistes et écrivains expérimentaient le haschisch et l'opium pour mieux les ressentir. En 1926, Kluver a entamé une série de recherches sur les effets de la mescaline et a décrit quatre types d'hallucinations. Il s'agit en premier du réseau, du treillis ou de l'échiquier, en deuxième de la toile d'araignée, en troisième du tunnel, du cône ou du récipient, et en quatrième de la spirale. En plus d'être des caractéristiques constantes de l'intoxication à la mescaline chez différentes personnes, Kluver a constaté que ces formes apparaissaient dans les hallucinations induites par une grande variété de conditions.

Dans les années 1960, lorsque de nombreuses drogues psychédéliques ont commencé à être largement utilisées à des fins récréatives, les recherches sur leurs effets se sont multipliées. Leary et d'autres ont essayé de mettre au point des méthodes permettant aux sujets intoxiqués de décrire ce qui leur arrivait. Finalement, Leary et Lindsley ont mis au point une "machine à écrire expérimentale" comportant vingt touches représentant différents états subjectifs. Les sujets ont été formés à son utilisation, mais les doses relativement élevées de drogues utilisées les empêchaient d'appuyer sur les touches, de sorte qu'il fallait trouver une meilleure méthode.

Dix ans plus tard, Siegel a administré de la marijuana, ou THC, à des sujets et leur a demandé de simplement rapporter ce qu'ils voyaient. Même avec des sujets non entraînés, il a trouvé des constantes remarquables dans les hallucinations, dans les premiers stades, des formes géométriques simples prédominaient. Il y avait souvent une lumière vive au centre du champ de vision qui masquait les détails centraux mais permettait de voir plus clairement les images sur les bords, et l'emplacement de cette lumière créait une perspective en forme de tunnel. Souvent, les images semblaient pulsées et se rapprochaient ou s'éloignaient de la lumière au centre du tunnel. À un stade ultérieur, les formes géométriques ont été remplacées par une imagerie complexe comprenant des scènes reconnaissables avec des personnes et des objets, parfois avec des animaux escargots ou des caricatures de personnes. Même à ce stade, il y avait une grande cohérence, les images de mémoire jouant un rôle important.

Sur la base de ces travaux, Siegel a dressé une liste de huit formes, huit couleurs et huit schémas de mouvement, et a entraîné des sujets à les utiliser lorsqu'ils recevaient diverses drogues (ou un placebo) dans un environnement contrôlé. Avec les amphétamines et les barbituriques, les formes rapportées étaient principalement des formes noires et blanches se déplaçant sans but, mais avec le THC, la psilocybine, le LSD et la mescaline, les formes devenaient plus organisées au fur et à mesure que l'expérience progressait. Au bout de 30 minutes, les formes en treillis et en tunnel se sont multipliées et les couleurs sont passées du bleu au rouge, de l'orange au jaune. Les mouvements sont devenus plus organisés, avec des motifs explosifs et rotatifs. Au bout de 90 à 120 minutes, la plupart des formes étaient des tunnels en treillis ; ensuite, une imagerie complexe a commencé à apparaître, avec des souvenirs et des scènes d'enfance, des souvenirs émotionnels et quelques scènes fantastiques. Mais même ces scènes apparaissent souvent dans un cadre de tunnels en treillis. À l'apogée de l'expérience hallucinatoire, les sujets ont parfois déclaré qu'ils étaient devenus partie intégrante de l'imagerie. Ils ont cessé d'utiliser des simulations et ont parlé des images comme étant réelles. Des images très créatives ont été rapportées et les changements étaient très rapides. Selon Siegel [Sie77], à ce stade, "les sujets ont déclaré se sentir dissociés de leur corps".

Les parallèles entre les hallucinations induites par la drogue et les ESCs spontanées typiques devraient être évidents. Non seulement certains des sujets des expériences de Siegel ont effectivement rapporté des ESCs, mais ils ont vu les tunnels familiers et les lumières vives si souvent associés aux expériences de mort imminente. Il y avait aussi le caractère "réel" de tout ce qui était vu ; et les drogues qui provoquaient les hallucinations étaient les mêmes que celles qui étaient censées favoriser les ESCs.

De nombreuses suggestions ont été faites pour expliquer pourquoi la forme de tunnel est si fréquente. Elle a parfois été comparée au phénomène de "vision en tunnel", dans lequel le champ visuel est fortement rétréci, mais en général, dans les ESCs et les hallucinations, le champ visuel apparent est très large ; il se présente simplement sous la forme d'un tunnel. Une alternative plus plausible dépend de la manière dont l'espace rétinien est cartographié sur l'espace cortical. Si une ligne droite dans le cortex visuel du cerveau représente un motif circulaire sur la rétine, alors la stimulation dans une ligne droite survenant dans des états d'excitation corticale pourrait produire une sensation d'anneaux concentriques ou une forme de tunnel. Ce type d'argument est important pour comprendre les illusions visuelles de la migraine, dans lesquelles les excitations se propagent à travers des parties du cortex.

Une autre hypothèse raisonnable est que le tunnel a quelque chose à voir avec les mécanismes de constance. Lorsque les objets se déplacent ou que nous nous déplaçons par rapport à eux, leur projection sur la rétine change de forme et de taille. Nous disposons de mécanismes de constance qui compensent cet effet. Pour les objets très grands, les distorsions sont nécessairement le résultat de la perspective, et pourtant nous voyons les bâtiments comme ayant des murs et des toits droits. Si ce mécanisme agissait de manière inappropriée sur des signaux spontanés générés en interne, il pourrait produire une perspective en forme de tunnel, et toutes les formes hallucinatoires seraient également perçues sur cet arrière-plan déformé.

Dans les hallucinations induites par la drogue, il peut arriver un moment où le sujet fait partie de l'imagerie et où celle-ci lui semble tout à fait réelle, même si elle provient de sa mémoire. La comparaison avec les ESCs est intéressante car l'une des caractéristiques les plus constantes des ESCs spontanées est que les expérienceurs affirment que "tout semblait si réel" ; s'il s'agissait d'une sorte d'hallucination semblable à celles provoquées par la drogue, elle semblerait alors réelle. Si l'on réunit les informations de la carte cognitive du sujet en mémoire et un état hallucinatoire dans lequel les informations de la mémoire sont ressenties comme si elles étaient perçues, on obtient une bonne partie des ingrédients d'une ESC classique.

Mais qu'en est-il des différences entre les hallucinations et les ESCs ? On peut évoquer l'état de conscience associé aux deux et faire valoir que les ESCs se produisent souvent alors que la personne prétend être parfaitement éveillée et penser de façon tout à fait normale. Mais il en va de même pour les hallucinations. Avec certaines drogues, la conscience et la pensée semblent plus claires que jamais, comme c'est souvent le cas lors d'une ESC. Une différence importante réside dans le fait que dans l'ESC, les objets de la perception sont organisés de manière cohérente, comme s'ils constituaient un monde physique stable. Mais ce n'est pas toujours le cas ; il y a de nombreux cas qui impliquent des expériences au-delà de tout ce que l'on peut voir dans le monde physique.

La prise en compte de l'imagerie et des hallucinations pourrait fournir une sorte de cadre pour comprendre l'ESC. Elle serait considérée comme une forme parmi d'autres d'expériences hallucinatoires. Mais (et c'est un grand mais) si l'ESC est essentiellement une hallucination et que rien ne quitte réellement le corps, alors les événements paranormaux ne devraient pas nécessairement y être associés. Les gens ne devraient pas être capables de voir des lieux inconnus éloignés ou d'influencer des objets lorsqu'ils sont "hors du corps" ; pourtant, de nombreuses affirmations font état d'un tel effet.ct.

Quelles sont les caractéristiques de la vision de SC?

À la fin des années 1960, Charles Tart a commencé à effectuer les premiers tests en laboratoire sur des sujets capables de faire des ESCs volontairement [Tar67, 68]. En plus de ses recherches physiologiques, il a également testé la capacité des sujets à voir une cible cachée de leur vision normale. Son premier sujet, Mlle Z., a été testé dans un laboratoire où une cible était placée sur une étagère à environ un mètre cinquante au-dessus du lit où elle était allongée. La cible était un nombre à cinq chiffres préparé à l'avance par Tart et placé sur l'étagère. Miss Z. a dormi dans le laboratoire à quatre reprises. La première fois, elle n'a pas eu d'ESC ; la deuxième fois, elle a réussi à s'élever suffisamment haut pour voir l'horloge, et la troisième nuit, elle a eu une ESC mais a voyagé ailleurs. Cependant, la quatrième et dernière nuit, elle s'est réveillée et a déclaré qu'elle avait vu le nombre et qu'il s'agissait de 25132. Elle avait raison sur les cinq chiffres, ce qui a une probabilité de seulement 1 sur 100 000 d'être correct par hasard

Tart lui-même semblait réticent à conclure qu'il s'agissait d'un phénomène paranormal. Le deuxième sujet de Tart fut Robert Monroe, qui vint au laboratoire pour neuf séances, mais il ne put provoquer une ESC qu'à l'avant-dernière séance, puis il en a eu deux. Au cours de la première de ces ESCs, il a semblé voir un homme et une femme, mais sans savoir qui ni où ils étaient. Lors de la seconde, il a fait un grand effort pour rester "local" et a réussi à voir une technicienne, qui était censée surveiller l'appareil. Avec elle, il a vu un homme dont il ignorait la présence et qu'il a décrit par la suite. Il s'est avéré qu'il s'agissait du mari de la technicienne, qui était venu lui tenir compagnie. Comme Monroe n'a pas réussi à voir le numéro cible, aucun véritable test de PES n'a été possible.

En 1971, Karlis Osis a commencé à planifier des recherches sur les ESCs à l'American SPR. L'un des premiers sujets à y être testé a été Ingo Swann, qui s'est rendu deux ou trois fois par semaine au laboratoire où Janet Mitchell l'a testé pour voir s'il pouvait identifier une cible placée hors de vue. Une plate-forme est suspendue au plafond à une dizaine de mètres du sol et divisée en deux. De part et d'autre d'une cloison, divers objets étaient placés et on demandait à Swann d'essayer de se déplacer vers le haut pour les voir. La raison d'être de la cloison était de voir si Swann identifierait la bonne cible pour la position dans laquelle il prétendait qu'elle se trouvait. Les couleurs vives et les formes claires et familières ont semblé les plus efficaces. Les images brillantes et le verre n'ont pas donné de bons résultats dans le cadre de l'expérience.

Après son ESC, Swann faisait généralement des dessins de ce qu'il avait "vu". Bien que ces dessins soient loin de représenter parfaitement les objets originaux, ils étaient suffisamment similaires pour que, lorsqu'on a présenté huit séries de cibles et de réponses à un juge indépendant, celui-ci ait correctement fait correspondre chaque paire, un résultat qui n'est susceptible de se produire par hasard qu'une fois toutes les 40 000 fois environ [Mit73].

Les résultats de toutes ces expériences étaient très encourageants. D'après les résultats de Tart en particulier, il semble que même s'il était très difficile pour le sujet de voir le nombre, et que si le nombre était vu, il était vu correctement. D'autres recherches ont montré que la vision SC pouvait être tout aussi confuse et erratique que la PES a toujours semblé l'être. Par exemple, Osis [Osi73] a demandé à des personnes capables de faire des ESCs de se présenter à l'ASPR pour être testées. Une centaine d'entre elles se sont présentées et on leur a demandé d'essayer de se rendre dans une pièce éloignée et de signaler les objets qu'elles pouvaient y voir. Osis a constaté que la plupart d'entre elles pensaient qu’elles pouvaient voir la cible, mais que la plupart se trompaient. Il en a conclu que la grande majorité des expériences n'avaient rien à voir avec de véritables ESC. Cette conclusion signifie qu'Osis utilisait la capacité de voir correctement comme critère pour l'occurrence d'une véritable ESC.

Une grande partie de la recherche récente sur les ESCs a été orientée vers cette question importante : est-ce que quelque chose quitte le corps lors d'une ESC ? D'une part, les théories "ecsomatiques" ou "extrasomatiques" affirment que quelque chose quitte le corps. Cette chose peut être le corps astral de la théorie traditionnelle ou un autre type d'entité. Morris [ Mor73] a fait référence à "l'aspect thêta" de l'homme qui peut quitter le corps temporairement lors d'une ESC et définitivement lors de la mort. D'autre part, certaines théories affirment que rien ne quitte le corps. Certaines d'entre elles prévoient qu'aucun événement paranormal ne devrait se produire pendant une ESC, mais la principale alternative à considérer ici est que rien ne quitte le corps, mais que le sujet utilise la PES pour détecter la cible. Ce concept a été appelé la théorie de "l'imagination plus la PES".

Cette dernière théorie est problématique. Le terme ESP est un fourre-tout, il est défini de manière négative et peut englober presque tous les résultats que l'on veut bien mentionner. Comment l'exclure alors ? Et compte tenu de ces deux théories, comment savoir laquelle, si c'est l'une ou l'autre, est la bonne ? Malgré les difficultés, plusieurs parapsychologues se sont attelés à cette tâche. Osis, par exemple, a suggéré que si le sujet dans une ESC a un autre corps et se trouve à une position éloignée, il devrait voir les choses comme s'il regardait depuis cette position. S'il utilise la PES, il devrait voir les choses comme s'il était doté de la PES.

Cet idéal général a conduit Osis à suggérer de placer une lettre "d" de telle sorte que si elle était vue directement (ou vraisemblablement par ESP), on verrait un "d", mais si elle était regardée à partir d'une position désignée, un "p" apparaîtrait, reflété dans un miroir. Poursuivant cette idée, il a développé son "dispositif d'image optique" qui affiche diverses images en plusieurs couleurs dans quatre quadrants. L'image finale est rassemblée en utilisant des contours en noir et blanc, une roue chromatique et une série de miroirs. En regardant, pour ainsi dire, dans la boîte par ESP, on ne trouve pas l'image complète. Pour ce faire, ce n’est possible qu’en regardant à travers la fenêtre d'observation [0si75].

Des expériences avec cet appareil ont été menées avec Alex Tanous, un psychique du Maine. Tanous s'est allongé dans une pièce insonorisée et on lui a demandé de quitter son corps et de se rendre dans la pièce où se trouvait l'appareil, de regarder à travers la fenêtre d'observation et de revenir raconter ce qu'il avait vu. Osis raconte qu'au début, Tanous n'a pas réussi, mais qu'il a fini par s'améliorer.

À chaque essai, Tanous était informé s’il avait raison ou pas et pouvait donc rechercher des critères susceptibles de l'aider à identifier ses réussites. Lors des essais pour lesquels il s'est montré le plus confiant, ses résultats se sont "rapprochés de significatif" pour ce qui est de la couleur de la cible ; Osis a affirmé que cet aspect était le plus important pour tester sa théorie parce que certaines des couleurs étaient modifiées par l'appareil et qu'il serait très difficile de les obtenir correctement par l'ESP. Les tests suivants n'ont donc utilisé qu'une roue chromatique avec trois images et six couleurs. Cette fois, les scores globaux n'étaient pas significatifs, mais les scores de haute confiance pour l'ensemble de la cible étaient significatifs et, dans la seconde moitié de l'expérience, Tanous a obtenu des scores significatifs pour plusieurs aspects de la cible, en particulier celui qui, selon Osis, nécessitait une "détection localisée".

Blue Harary, qui a fourni tant d'informations intéressantes sur la physiologie de l'ESC, a été testé pour la perception pendant ses ESCs, mais selon Rogo [Rog78c] il n'a eu que des ‘succès sporadiques’ dans les études sur les cibles et la recherche avec lui s'est donc concentrée sur d'autres aspects de son expérience.

En dehors de toutes ces expériences, il n'existe qu'une seule autre approche pertinente pour la question de la PES dans les ESCs, et c'est le travail effectué par Palmer et ses associés à l'Université de Virginie à Charlottesville. Ils ont tenté de mettre au point des méthodes permettant d'induire une ESC chez des sujets volontaires en laboratoire, puis de tester leur perception extrasensorielle. On peut comprendre les avantages potentiels d'un tel programme. S'il était possible de prendre un volontaire et de lui faire vivre une ESC dans des conditions contrôlées, au moment et à l'endroit voulus, la moitié des problèmes de la recherche sur les ESCs serait résolue. Il serait possible de tester des hypothèses sur l'ESC beaucoup plus rapidement et facilement, mais hélas, cette approche s'est avérée être pleine de problèmes.

Palmer et Vassar [PV74a, b] ont d'abord développé une technique d'induction basée sur les idées traditionnelles de quelles conditions sont propices à l'ESC. En utilisant quatre groupes de sujets différents en trois étapes, la méthode a été modifiée pour incorporer différentes techniques de relaxation musculaire et de désorientation. Chaque sujet a été introduit dans le laboratoire et l'expérience lui a été expliquée. Il a ensuite été conduit dans une pièce intérieure pour s'allonger sur un fauteuil basculant confortable et on lui a dit qu'une image cible serait placée sur une table dans la pièce extérieure.

La phase d'induction consistait en près de quinze minutes de relaxation musculaire progressive, le sujet étant invité à entendre une tonalité pulsée à la fois au travers d'un casque et de haut-parleurs permettant d'éliminer les bruits parasites et de produire un effet de désorientation. En même temps, il regardait une spirale rouge et verte en rotation, éclairée par une lumière clignotante ; cette étape a duré un peu moins de dix minutes. Dans la phase finale, on lui demandait d'imaginer qu'il quittait la chaise et qu'il flottait dans la pièce extérieure pour regarder la cible, mais ici plusieurs variantes ont été introduites. Certains sujets ont été guidés tout au long du processus par des instructions enregistrées, tandis que d'autres ont simplement été autorisés à continuer à regarder la spirale pendant qu'ils l'imaginaient pour eux-mêmes. Pour certains, la spirale était seulement imaginée et pour d'autres, il y avait une étape supplémentaire consistant à imaginer la cible.

À la fin de la procédure, le sujet a rempli un questionnaire sur ses expériences dans l'expérience et a complété un test imaginaire (une forme abrégée du QMI de Betts). Ensuite, cinq images ont été placées devant lui. L'une d'entre elles était la cible, mais ni lui ni l'expérimentateur qui l'accompagnait ne savaient de laquelle il s'agissait. Lorsqu'il a évalué chacune des images sur une échelle de 1 à 30, l'autre expérimentateur a été appelé pour dire laquelle était la cible.

L'une des questions posées était la suivante : "Avez-vous eu, à un moment ou à un autre de l'expérience, le sentiment d'être littéralement en dehors de votre corps physique ? Sur les 50 sujets à qui cette question a été posée, 21, soit 42%, ont répondu "oui". En ce qui concerne les scores sur les cibles, les scores globaux n'étaient pas significativement différents du hasard. Lorsque les scores ont été comparés entre les 21 EursSC et les autres, il n'y a pas eu de différence significative entre eux. Les EursSC ont obtenu un nombre de réponses significativement inférieur à celui attendu par le hasard, mais ce résultat est difficile à interpréter.

Palmer et Lieberman [PL75a, b] ont poussé les techniques un peu plus loin. Quarante sujets ont été testés, mais cette fois avec un ganzfeld visuel : des demi-balles de ping-pong ont été fixées sur leurs yeux et une lumière a été projetée sur eux de manière à produire un champ visuel homogène. La moitié des sujets ont été soumis à un "jeu actif" en étant invités à quitter leur corps et à se rendre dans l'autre pièce pour voir la cible, tandis que l'autre moitié a été soumise à un "jeu passif" en étant seulement invitée à laisser l'imagerie circuler librement dans leur esprit.

Comme prévu, les sujets "actifs" ont été plus nombreux à déclarer s'être sentis hors de leur corps : 13 sur 20, contre seulement 4 dans la condition passive. Les sujets actifs ont également fait état d'images plus vivantes et d'efforts plus importants pour essayer de voir la cible, mais en ce qui concerne les scores ESP, les deux groupes ont obtenu des scores proches du hasard et il n'y a pas eu de différences significatives entre eux. Cependant, les sujets qui ont rapporté des ESCs ont obtenu de meilleurs résultats que les autres, et ce de manière significative. Ce résultat est très différent des précédents et va à l'encontre de ce que Palmer et Lieberman avaient prédit, mais il correspond à l'hypothèse selon laquelle les ESC facilitent la PES.

Lors de l'expérience suivante, Palmer et Lieberman ont testé 40 autres sujets, en incorporant des suggestions issues des méthodes de Robert Monroe pour induire des ESCs. Il n'y avait pas de ganzfeld et, au lieu de s'asseoir sur une chaise, les sujets étaient allongés sur des lits, dont les ressorts étaient parfois munis d'un vibrateur. Cette fois-ci, 21 sujets ont rapporté des ESCs ; et, de manière intéressante, ils ont obtenu des scores plus élevés sur l'échelle de suggestibilité de Barber, mais ils n'ont pas eu de meilleurs scores ESP.

Palmer et Lieberman avancent une suggestion intéressante pour expliquer pourquoi les sujets en condition active sont plus nombreux à rapporter des ESCs. Leur idée est liée à la théorie des émotions de Schachter, qui a eu une grande influence en psychologie. Cette théorie suggère qu'une personne ressentant une émotion commence par ressentir les effets physiologiques de l'excitation, tels qu'une légère transpiration, une accélération du rythme cardiaque, des picotements, etc., puis qualifie ce sentiment selon la situation de "colère", "amour passionné", "peur" ou autre. Dans le cas de ces expériences, le sujet ressent des sensations inhabituelles résultant de l'induction et les qualifie ensuite selon ses instructions. Si on lui dit d'imaginer qu'il quitte son corps et se rend dans une autre pièce, il peut interpréter ses sensations comme étant celles d'une sortie du corps. Bien entendu, cette suggestion a des implications beaucoup plus larges pour la compréhension de l'ESC que celles liées à l'évaluation des résultats de ces expériences.

Dans la dernière expérience de cette série, 40 autres sujets ont été testés, 20 avec le ganzfeld et 20 à qui l'on a simplement demandé de fermer les yeux [Pal79a]. Cette fois-ci, 13 sujets de chaque groupe ont affirmé avoir eu une ESC, mais qu'ils l'aient eue ou non n'était pas lié à leurs scores ESP. Cette fois-ci, des enregistrements EEG ont également été utilisés, mais ils n'ont montré aucune différence par rapport aux ESCs rapportées. Dans l'ensemble, il semble que ces expériences aient réussi à aider les sujets à vivre une expérience qu'ils ont qualifiée d'extracorporelle, mais pas à améliorer leurs scores ESP ni à trouver un état d'ESC identifiable par l'EEG.

Dans une expérience conçue pour étudier l'effet des croyances religieuses sur la sensibilité aux ESCs, Smith et Irwin [SI81] ont essayé d'induire des ESCs dans deux groupes d'étudiants qui différaient par leur intérêt pour les affaires religieuses et l'immortalité humaine. L'induction était similaire à celle déjà décrite, mais en plus les sujets ont reçu un questionnaire ESCs et ont été invités à essayer de "voir" deux cibles dans une pièce adjacente. Plus tard, leurs impressions ont été évaluées en fonction de leur ressemblance avec les cibles. Aucune différence n'a été constatée entre les groupes, que ce soit pour la qualité de l'ESC ou pour la véracité, mais il existe une corrélation très significative entre la qualité de l'ESC et la véracité. Ce résultat implique que plus l'expérience ressemble à une ESC, meilleure est la PES.

Toutes ces expériences visaient à déterminer si les sujets pouvaient voir une cible éloignée pendant une ESC. Bien que l'ESC expérimentale puisse différer de l'ESC spontanée, une conclusion simple peut être tirée des études expérimentales. A savoir que, la vision ESC, si elle a lieu, est extrêmement médiocre.

Comment peut-on expliquer l’ESC ?

La plupart des théories de l'ESC affirment soit que quelque chose quitte le corps physique, soit que ce n'est pas le cas. À l'intérieur de ces deux grandes catégories, il existe plusieurs types d'explications, et il y a peut-être une dernière possibilité, à savoir que toute distinction de ce type est dénuée de sens et artificielle. Les théories peuvent être divisées comme suit [Bla82] :

A. Quelque chose quitte le corps.

1. Théories physiques
2. Théorie du monde astral physique
3. Théorie du monde astral mental

B. Rien ne quitte le corps

1. La théorie parapsychologique
2. Théories psychologiques

C. Autres

Quelque chose Quitte le corps

Théories Physiques

(un double physique voyage dans le monde physique)".

Il y a d'abord le type d'explication qui suggère que nous avons tous un deuxième corps physique qui peut se séparer du corps habituel. Il y a deux aspects à considérer, l'un étant le statut et la nature du double qui voyage, et l'autre étant le statut et la nature du monde dans lequel il voyage. Dans cette théorie, les deux sont matériels et interagissent avec le monde physique normal. Vous pouvez immédiatement rejeter cette notion, en disant que le double n'est pas physique.

Pour que cette théorie mérite d'être prise en considération, il faut supposer que ce double est composé d'une matière plus "fine" ou plus subtile, invisible à l'œil non averti. Ce type d'idée est parfois exprimé dans les écrits occultes. Elle apparaît, par exemple, sous la forme du "corps éthérique" des théosophes. Les objections à ce type de théorie sont nombreuses et se fondent à la fois sur des raisons logiques et empiriques. Tout d'abord, de quoi le double pourrait-il être fait ? Les possibilités semblent aller d'un duplicata solide et complet à une sorte de version brumeuse et insubstantielle. Un autre problème de ce type de double est son apparence. Si tous ont un second corps, pourquoi apparaît-il à certains comme un blob ou un globe, à d'autres comme une éruption ou une lumière, et à d'autres encore comme un duplicata du corps physique ? Muldoon et Carrington [MC29] se sont attaqués à ce problème, tout comme Tart [Tar74b].

Si la notion de double physique est problématique, la notion de voyage dans le monde physique l'est tout autant. Il y a tout d'abord les types d'erreurs commises dans la perception SC. Il ne s'agit généralement pas d'erreurs dues à un mauvais système de perception, mais d'erreurs fabriquées, d'ajouts ou d'omissions. Parfois, le monde de la SC réagit à la pensée, tout comme dans un rêve le paysage peut changer si la personne l'imagine en train de changer. et enfin, il y a le fait que de nombreuses ESCs se fondent dans d'autres types d'expériences. L'expérienceur peut voir des lieux tels qu'il n'y en a jamais eu sur terre, ou rencontrer des monstres étranges, des figures religieuses ou des animaux caricaturaux. Toutes ces caractéristiques de l'ESC font qu'il est plus difficile de considérer le monde de la SC comme un monde physique et amènent à conclure que le monde de la SC est plutôt un monde de pensées.

Théorie du Monde Physique Astral

(un double non physique voyage dans le monde physique)

De nombreuses théories ont suggéré que le double n'est pas physique mais non physique, même s'il voyage dans le monde physique. De nombreux occultistes pensent qu'il existe toute une série de mondes non physiques de qualités différentes. Examinons quelques exemples de ce type de théorie pour essayer d'en comprendre le sens. Tart [Tar74b, 78] l'appelle "l'explication naturelle". Il décrit cette théorie de l'ESC comme suit : "... en fait, il n'est pas nécessaire de l'expliquer ; c'est juste ce qu'elle semble être : l'Homme a une sorte d'âme non physique qui est capable, sous certaines conditions, de quitter le siège physique de la conscience. Bien qu'elle ressemble à un corps physique ordinaire à certains égards, elle n'est pas soumise à la plupart des lois physiques de l'espace et du temps et peut donc voyager à sa guise.

L'aspect thêta a été mentionné dans le cadre d'expériences de détection. Morris et al [MHJHR78] expliquent que "... l'ESC peut être plus qu'un état psi-conducteur spécial " ; ils soutiennent qu'elle peut en fait être la preuve d'un aspect du soi qui est capable de survivre à la mort corporelle. Pour des raisons de commodité, cet aspect hypothétique du moi sera désigné ci-après par le terme "d'Aspect Thêta (A.T.)". Selon Osis et Mitchell [OM77], il est possible qu' une partie de la personnalité soit temporairement hors du corps, et de nombreuses théories occultes impliquent un double astral non physique plutôt qu'un double physique.

Blackmore critique ce point de vue [Bla82]. Elle affirme que si "l’âme" doit interagir avec les objets du monde physique de manière à les percevoir, elle devrait non seulement être détectable, mais tous les autres problèmes des théories précédentes se posent. D'autre part, si cette "âme" n'interagit pas avec le monde physique, elle ne peut pas faire ce que l'on attend d'elle dans cette théorie, à savoir voyager dans le monde physique. Elle ne voit aucune issue à ce dilemme. De plus, elle affirme qu'il existe déjà des preuves que ce qui est vu dans une ESC n'est pas, en tout état de cause, le monde physique.

Théorie du Monde Mental Astral

(un double non physique voyage dans un monde astral non physique, mais un monde astral "objectif")

Chacune des théories présentées jusqu'à présent soutient la conclusion que les ESCs ne se déroulent pas du tout dans le monde physique, mais dans un monde mental créé par la pensée. Chacun des trois types de théories suivants part de cette prémisse, mais ils sont très différents et conduisent à des conceptions totalement différentes de l'expérience.

Le terme "monde mental" peut avoir plusieurs significations. Il pourrait s'agir du monde purement privé créé par chacun d'entre nous dans sa pensée. Une possibilité est qu'il existe un autre monde (ou d'autres mondes) qui est mental mais qui est en quelque sorte partagé, ou objectif, et dans lequel nous pouvons tous voyager si nous atteignons certains états de conscience. La question importante est maintenant de savoir si le monde SC est propre à chaque individu, ou partagé et accessible à tous.

Les occultistes ont suggéré l'existence d'un monde de la pensée partagée. Il existe de nombreuses autres versions de ce type de théorie. Les caractéristiques pertinentes de cette idée sont qu'il existe un monde SC non physique qui est accessible par la pensée, qu'il est manipulable par la pensée et qu'il est le produit de l'esprit de plus d'une personne.

Tart 74b, 78], parmi ses cinq théories de l'ESC, propose ce qu'il appelle "l'explication de l'état mentalement manipulable". Il soulève ici le problème familier de, comme il le dit, "d’où vient le pyjama". En d'autres termes, si l'ESC implique la séparation d'un "esprit" ou d'une "âme", nous devons inclure la possibilité de smoking et d'épingles à cravate spirituels. Bien entendu, toute théorie qui postule un monde "créé par la pensée" résout ce problème. Tart a donc suggéré qu'un second corps non physique voyage dans un monde non physique capable d'être manipulé ou modifié par "les pensées et les désirs conscients et non conscients de la personne dont le second corps se trouve dans cet espace".

En 1951, Muldoon et Carrington étaient parvenus à une conclusion similaire [MC51]. Muldoon déclare : "... une chose est claire pour moi : les vêtements du fantôme sont créés et ne sont pas la contrepartie des vêtements physiques". Ses observations lui ont permis de conclure que "la pensée crée dans l'astral, en fait tout le monde astral est gouverné par la pensée". Mais il ne voulait pas dire qu'il s'agissait d'un monde privé de pensées.

La notion occulte de formes de pensée est également pertinente ici. Les théosophes Besant et Leadbeater décrivent la création de formes-pensées par les corps mental et désirant, et leurs manifestations sous forme de formes flottantes dans les plans mental et astral. Tous les objets physiques sont censés avoir leurs contreparties astrales et, lorsqu'on voyage dans l'astral, on voit donc un mélange de formes astrales des choses physiques et d'entités créées par la pensée, ou purement astrales.

Il existe d'autres versions d'une idée similaire. Par exemple, Whiteman remet en question la "théorie de l'espace unique" des ESCs [Whi75] et Poynton le suit en suggérant que ce qui est décrit n'est pas le monde physique tel qu'il est actualisé par les sens du corps physique, mais une copie, plus ou moins exacte, du monde physique" [ Rogo [Rog78b] suggère que l'ESC a lieu dans un monde dupliqué non physique qui est tout aussi "réel" pour l'EurSC que notre monde l'est pour nous.

L'idée d'un monde de pensées partagées, aussi séduisante soit-elle, pose de sérieux problèmes. Le premier problème concerne la manière dont les pensées de différentes personnes pourraient être combinées pour créer un monde astral et le second problème concerne le stockage des idées. L'idée que les pensées peuvent persister indépendamment du cerveau a été la pierre angulaire de nombreuses théories occultes, mais les parapsychologues ont également utilisé une idée similaire pour tenter d'expliquer la PES.

Selon Blackmore [Bla82], il s'agit essentiellement d'un problème de codage. Nous savons que lorsqu'une personne se souvient de quelque chose, elle a d'abord traité les informations reçues, y a réfléchi, les a structurées et les a transformées en une forme gérable à l'aide d'une sorte de code. Nous supposons que l'information persiste sous cette forme jusqu'à ce que, si nécessaire, la personne puisse utiliser le même système de codage pour la retrouver et l'utiliser. Même si nous ne comprenons pas les détails du fonctionnement de ce système, il n'y a en principe aucun problème pour une personne puisqu'elle utilise le même système à la fois pour stocker le matériel et pour le récupérer. Mais si les pensées sont stockées dans le monde astral, alors nous devons dire qu'une personne peut les y stocker et qu'une autre peut les en extraire. Et cette autre personne peut avoir des façons totalement différentes de coder l'information. Alors comment ces pensées dans l'astral peuvent-elles avoir un sens pour lui ?

Rien ne Quitte le Corps

Parapsychological Theory

(imagination et ESP)

L'ESC peut n'impliquer que des voyages imaginaires dans un monde imaginaire privé. Selon ce type de théorie, rien ne quitte le corps lors d'une ESC. L'avantage d'une telle théorie est qu'elle évite tous les problèmes des précédentes puisqu'elle n'implique pas de mondes astraux et d'autres corps. Certains parapsychologues ont tenté d'intégrer les preuves que la perception extrasensorielle se produit pendant les ESC en suggérant que l'ESC est "l'imagination plus la perception extrasensorielle" ou PK. Par exemple, l'une des cinq théories de Tart est " l’explication hallucination-plus-psi". Selon cette théorie, "pour les cas d'ESC dans lesquels des informations véridiques sur des événements lointains sont obtenues, on postule que la PES, qui est bien prouvée, fonctionne à un niveau inconscient, et que ces informations sont utilisées par le subconscient pour organiser la scène hallucinatoire ou onirique de manière à ce qu'elle corresponde à la scène réelle" [Tar81].

Osis [Osi75] oppose son "hypothèse ecsomatique" à la "fantaisie de voyage plus ESP" et Morris [ compare la théorie selon laquelle "un aspect tangible du soi peut s'étendre au-delà du corps" à ce qu'il appelle la théorie de "l'état favorable au psi". En parapsychologie, de nombreux états ont été considérés comme propices à la PES. Il s'agit notamment de la relaxation, de l'utilisation de ganzfeid ou de la stimulation non structurée, et du rêve. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une ESC peut être considérée comme un état psi-conducteur. Palmer a suggéré qu'elle pouvait induire des attitudes et des attentes compatibles avec le psi, facilitant ainsi sa survenue [Pal74].

Ce type de théorie n'est pas satisfaisant. Elle semble éviter tous les problèmes précédents tout en étant capable de gérer les aspects paranormaux de l'expérience. Selon Blackmore, "qualifier l'ESC d'imagination ou d'hallucination ne nous apprend pas grand-chose, et ajouter les mots "plus ESP" n'ajoute rien. Nous ne savons pas grand-chose sur la PES. Elle est définie de manière négative et nous ne pouvons ni l'arrêter, ni la démarrer, ni la contrôler de quelque manière que ce soit.

Théories Psychologiques

Cette théorie revient à dire que tous les détails de l'ESC doivent être expliqués en termes psychologiques. Rien ne quitte le corps dans une ESC, le corps astral et le monde astral sont des produits de l'imagination et l'ESC elle-même n'offre aucun espoir de survie. Osis a qualifié les adeptes de ces théories de "rien d'autre-eurs", réduisant l'ESC à "rien d'autre qu'une bizarrerie psychopathologique" [Osi81]

Parmi les approches psychologiques, il y a eu des interprétations psychanalytiques, des analogies entre le "tunnel" et l'expérience de la naissance ; la création du double a été considérée comme un acte de narcissisme ou comme une manière de nier la mortalité inévitable du corps humain. Il y a aussi les théories qui considèrent l'expérience de mort imminente comme une forme de dépersonnalisation ou de régression vers des modes de pensée primitifs, et celles qui la considèrent comme impliquant un archétype.

John Palmer a utilisé un mélange de concepts psychologiques et psychanalytiques dans son récit [al78a]. Il a souligné un point essentiel, à savoir que l'ESC n'est ni potentiellement ni réellement un phénomène psychique. Une ESC peut être associée à des événements psychiques, mais l'expérience elle-même, comme toute autre expérience, n'est pas du genre à être psychique ou non. Il poursuit en suggérant que l'ESC se produit presque toujours dans un état hypnagogique. Dans cet état, elle est déclenchée par un changement dans le concept corporel de la personne qui résulte d'une réduction ou d'un autre changement dans la stimulation proprioceptive. Ce changement menace alors le concept de soi et la menace active des processus inconscients profonds. Ces processus tentent de rétablir le sens de l'identité individuelle de la personne aussi rapidement et économiquement que possible, d'une manière qui suit les lois du processus primaire freudien. Selon Palmer, c'est cette tentative de rétablissement de l'identité qui constitue l'ESC.

Le but de l'ESC étant d'éviter une menace, la personne ne sera généralement pas consciente de cette menace et du changement d'image corporelle qui l'a précipitée. Cependant, Palmer ajoute qu'il est possible, avec de l'entraînement, d'acquérir un contrôle du moi sur l'activité primaire du processus. Bien entendu, l'ESC n'est, au mieux, qu'une solution partielle à la menace et l'ego comme le processus primaire s'efforcent de retrouver le concept corporel normal. Dès qu'ils y parviennent, l'ESC prend fin. Pour Palmer, les capacités psychiques qui se manifestent au cours d'une ESC sont davantage dues à l'état hypnagogique qu'au fait que quelque chose quitte le corps.

Cette théorie présente de nombreux avantages. Elle n'a pas besoin de corps astral ou d'autres mondes et évite ainsi tous les problèmes des théories précédentes, elle donne un sens aux situations dans lesquelles l'ESC se produit et à la façon dont elle varie en fonction de la situation, et elle relie l'ESC à d'autres expériences. Cependant, cette théorie n'est pas sans poser de problèmes. Elle dépend fortement de l'idée que l'ESC est un moyen d'éviter une menace pour l'intégrité de l'individu et l'anxiété qu'une telle menace susciterait. Or, il n'est pas certain que l'ESC ne constituerait pas une menace encore plus grande que la modification initiale des concepts corporels. Parfois, les EursSC sont terrifiés à l'idée de ne pas pouvoir "revenir", ce qui est certainement aussi une menace.

Susan Blackmore [Bla82] fonde sa théorie sur l'affirmation que les preuves d'événements paranormaux pendant l'SCE sont limitées et peu convaincantes. Elle affirme donc que les affirmations relatives à la PES et à la PK (pharmacocinétique) dans les ESC ne sont pas impossibles, mais qu'il n'y a pas beaucoup de preuves qui doivent être "expliquées" de cette manière. Blackmore suggère que l'ESC est mieux perçue comme un état modifié de conscience (EMC/ASC) et qu'elle est mieux comprise en relation avec d'autres ASC. Tout ce qui est perçu lors d'une ESC est un produit de la mémoire et de l'imagination, et pendant l'ESC, l'imagination de l'individu est plus vive que dans la vie de tous les jours. en d'autres termes, l'expérience est une sorte de coup d'œil privilégié sur le contenu de son propre esprit.

Blackmore suggère que dans le cas de l'ESC, les éléments suivants sont nécessaires : imagerie vive et détaillée ; test de réalité faible de sorte que les souvenirs et les images peuvent sembler "réels" ; les entrées sensorielles du corps sont réduites ou ne sont pas prises en compte ; la conscience et la pensée logique sont maintenues. Elle montre comment ces conditions préalables peuvent conduire à un état modifié dont l'une des formes est l'ESC semi-stable et indique des états apparentés, tels que le rêve lucide, et montre comment l'expérience peut se transformer en d'autres lorsque les conditions, ou les modes de pensée, changent.

Cette théorie rend compte de manière adéquate des cas de voyance dite de voyage, où le sujet ne voit pas nécessairement son corps, mais est conscient d'une scène lointaine. Elle rend moins bien compte des cas de projection consciente, où le sujet a l'impression de se trouver dans un endroit éloigné et est en fait perçu par une personne qui se trouve à cet endroit. Elle sous-estime également l'aspect véridique de la perception dans les cas où il n'y a pas de distorsion apparente par l'imagination, c'est-à-dire lorsque la scène vue d'un autre point de l'espace correspond exactement à ce que l'on pourrait s'attendre à observer de ce point, par exemple une pièce vue du plafond. La question de la distorsion perceptive est liée au degré d'interférence de l'imagination : plus l'élément imaginatif est important, moins la perception du lieu est fidèle.

Stephen LaBerge décrit une théorie selon laquelle les ESCs se produisent lorsque les personnes perdent l'accès à leurs organes sensoriels, comme cela se produit au début du sommeil, tout en conservant leur conscience [LL91]. Cette combinaison d'événements est particulièrement probable lorsqu'une personne passe directement de l'état de veille au sommeil paradoxal. Dans les deux états, l'esprit est alerte et actif, mais à l'état de veille, il traite les données sensorielles du monde extérieur, tandis qu'en rêve, il crée un modèle mental indépendant des données sensorielles. Ce modèle inclut un corps. Lorsque nous rêvons, nous nous sentons généralement dans un corps semblable au corps "réel", car c'est ce à quoi nous sommes habitués. Cependant, nos sens internes résident dans le corps physique qui, lorsque nous sommes éveillés, nous informe de notre position dans l'espace et du mouvement de nos membres. Ces informations sont coupées pendant le sommeil paradoxal. Par conséquent, nous pouvons rêver de faire toutes sortes de choses avec notre corps de rêve - voler, danser, fuir des monstres, être démembré - tout cela alors que notre corps physique est couché en toute sécurité dans le lit.

Pendant un WILD, ou paralysie du sommeil, l'esprit éveillé et alerte continue de nous montrer le monde qu'il croit être là, bien qu'il ne puisse plus le percevoir. Nous nous trouvons donc dans un monde mental de rêve. Il est possible que nous ressentions l'arrêt de la sensation de pesanteur lorsque cette partie de l'entrée sensorielle s'éteint, puis que nous nous sentions soudainement plus légers et que nous flottions, nous élevant de l'endroit où nous savons que notre corps réel est couché et immobile. La pièce qui nous entoure semble à peu près identique à ce qu'elle serait si nous étions éveillés, car cette image représente la meilleure supposition de notre cerveau quant à l'endroit où nous nous trouvons. Si nous ne savions pas que nous venons de nous endormir, nous pourrions penser que nous sommes éveillés, toujours en contact avec le monde physique, et que quelque chose de très étrange est en train de se produire - un départ de l'esprit du corps physique.

La sensation inhabituelle de quitter son corps est à la fois excitante et inquiétante. Cette sensation, combinée à l'imagerie réaliste de la chambre, suffit à expliquer la conviction de nombreuses personnes ayant vécu une ESC que "c'était trop réel pour être un rêve". Les rêves aussi peuvent être étonnamment réels, surtout si vous êtes attentif à leur réalité. En général, nous traversons nos rêves sans trop y penser et, au réveil, nous ne nous en souvenons guère, d'où leur caractère "irréel". Mais la vie éveillée est aussi comme cela : notre mémoire d'une journée typique et banale est plate et manque de détails. Seuls les événements nouveaux, excitants ou effrayants laissent des impressions vives. Si nous nous arrêtons, nous pouvons regarder autour de nous et dire : "Oui, ce monde a l'air solide et réel". Mais si vous regardez en arrière et essayez de vous rappeler, par exemple, que vous vous êtes brossé les dents ce matin, votre souvenir risque d'être vague et de ne pas être très vivant. Comparez ce type d'événement à un événement passé qui vous a excité ou alarmé, qui vous semblera probablement beaucoup plus "réel" rétrospectivement.

Autres approches

Peut-être que toutes les distinctions et tous les problèmes sont artificiels, peut-être que l'esprit n'est ni "dans" ni "hors" du corps. Grosso avance la possibilité [Gro81] que l'on soit toujours "hors du corps" et qu'au cours d'une ESC, on prenne simplement conscience de ce fait. Faut-il alors abandonner la distinction entre le normal et le paranormal ?

Considérons l'état de fait qui est considéré comme normal : l'expérience "dans le corps". Que signifie être dans un corps ? LaBerge [LL91] soutient que le fait de dire que l'on est dans un corps implique que le soi est un objet aux frontières définies, capable d'être contenu par les limites d'un autre objet - le corps physique. Cependant, nous n'avons aucune preuve que le soi soit une chose aussi concrète. Ce que nous considérons comme "hors du corps" dans une ESC est l'expérience du moi. Cette expérience d'être "dans" un corps est normalement basée sur la perception par les sens du monde extérieur au corps et des processus à l'intérieur du corps. Ces éléments nous donnent un sentiment de localisation du soi dans l'espace. Cependant, c'est le corps et ses organes sensoriels qui occupent un lieu spécifique, et non le soi. Le soi n'est pas le corps ou le cerveau. Si nous pensons que le soi est un produit de la fonction cérébrale, même avec ça il n'est pas pour autant raisonnable d'affirmer que le soi se trouve dans le cerveau - le sens de ces mots se trouve-t-il dans cette page ? Cela n'a peut-être aucun sens, d'un point de vue objectif, de dire que le soi se trouve quelque part. Le soi est plutôt là où il se sent être. Son emplacement est purement subjectif et découle des données fournies par les organes sensoriels.

Si l'on met de côté la question de la nature essentielle du soi, la perception est indéniablement un phénomène lié au fonctionnement du cerveau. Ainsi, lorsque nous faisons l'expérience d'un monde qui ressemble beaucoup à celui que nous avons l'habitude de percevoir avec notre équipement habituel (yeux, oreilles, etc.), tous liés à notre cerveau, il serait logique de supposer que c'est notre cerveau habituel qui crée l'expérience. Et si nous devions vraiment quitter notre corps - en coupant tout lien avec lui - il serait illogique de supposer que nous verrions le monde de la même manière. Par conséquent, souligne LaBerge, bien qu'aucune preuve contradictoire ne puisse exclure la possibilité d'une véritable "expérience extracorporelle", dans laquelle un individu existe sous une forme entièrement indépendante de son corps, il est très peu probable qu'une telle forme utilise des systèmes perceptifs identiques à ceux de la forme humaine physique.

Les enseignements spirituels nous disent que nous avons une réalité au-delà de ce monde. LaBerge conclut que l'ESC n'est peut-être pas, comme on l'interprète facilement, une séparation littérale de l'âme et du corps physique brut, mais qu'elle est une indication de l'immensité du potentiel qui réside entièrement dans notre esprit. ‘Les mondes que nous créons dans les rêves et les ESCs sont aussi réels que celui-ci, et pourtant infiniment plus variés. Il est beaucoup plus exaltant d'être dans un monde où la seule limite est l'imagination que d'être dans le monde physique dans un corps d'éther impuissant. Libérés des contraintes imposées par la vie physique, élargis par la prise de conscience que les limites peuvent être transcendées, qui sait ce que nous pourrions être, ou devenir ? [LL91].

Outils Sortie-de

La plupart des personnes qui participent à des discussions sur les ESCs semblent principalement intéressées par le développement de leur capacité à le faire elles-mêmes et à apprendre à contrôler l'expérience. Les personnes qui souhaitent développer de telles capacités peuvent se procurer des livres, des cassettes audio censées les aider dans le processus, ainsi que des programmes de formation à l’adresse suivante :

Monroe Institute
Route 1, Box 175
Faber, Virginia  22938-9749
U.S.A.

Phone:  804-361-1252

Product Orders:           800-541-2488

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