EMI Probable Mark B
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DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE :

Je vous transmets ce mèl et ce récit que j'ai rédigé sur un accident qui m'a tué, avant que le médecin légiste et les ambulanciers me réaniment brièvement. Puis je suis mort durant le vol ambulancier avec l'hélicoptère « Lifeflight » et j’ai sombré dans le coma. Je me suis éveillé en moi-même avec cette nouvelle Lucidité, sachant que j'étais alerte et conscient, mais que je ne pouvais pourtant pas me réveiller. J'ignorais ce qu'était ce phénomène jusqu'à ce que je retourne à l'université et que le bibliothécaire me passe quelques livres de Raymond Moody. Il m'a demandé : « Avez-vous déjà entendu parler d'une EMI, une expérience de mort imminente ? » J'étais à la fois choqué et soulagé qu'il y ait un nom pour cela et que d'autres personnes en aient fait l'expérience également.

C'était en 1986, mais depuis lors, je ressens ce fort sentiment et ce besoin, qui est presque une contrainte, d'aider les autres à faire face à leur douleur. Je fais cela en partageant avec eux mon histoire de foi dans la vie après la mort dans le but de les consoler et de les réconforter. Cette nouvelle prise de conscience, qui est presque une intuition avec laquelle je suis revenu, m'aide à voir la douleur et la souffrance à l'intérieur des gens.

Voici mon histoire, telle que partagée précédemment dans la Lucidity Letter 1991, Vol. 10, n° 1 et 2 :

CODE BLEU : Un nouveau départ

MARK B
Fort Dodge, Iowa

Mon histoire commence durant la nuit chaude et parsemée d’étoiles du 3 août 1986, une nuit destinée à se démarquer de toutes les autres qui l'avaient précédée car elle s'est soudain isolée dans le temps. La nuit était calme et tranquille, mais elle contenait en elle le pouvoir de changer ma vie pour toujours.

Avant cela, au cours de mes années à l’université, j'avais entamé une période de ma vie au cours de laquelle j'avais progressivement abandonné tout ce qui servait auparavant à structurer ma vie et à lui donner une direction et un but. Je me suis retrouvé à errer sans but durant ces années, alors que je cherchais désespérément à retrouver la direction et le contentement que j'avais connus autrefois. Je suis devenu de plus en plus insatisfait de ma vie à mesure que je dérivais d'un centre d’intérêt à l’autre, drainant l'excitation et l'enthousiasme suscité par chacun avant de passer au suivant. J'ai épuisé mes options une par une en fermant porte après porte derrière moi, chacune m'éloignant un peu plus de mon vrai moi. Je me sentais perdu, ne sachant plus qui j'étais, ni vers qui me tourner, alors que je priais pour une réponse qui changerait ma vie et la structurerait à nouveau avec le sens qui me manquait alors.

Dans la nuit du 3 août, je venais de rentrer chez moi après avoir quitté le trimestre d'été à l'Université du Nord de l'Iowa et je n'avais pas de voiture. Mon père m'a prêté la sienne pour la soirée : une voiture de sport Toyota à deux portes, plus petite et plus légère que celle que j'avais l'habitude de conduire. Avec mon ami de longue date John, qui venait de se marier le mois précédent, j’ai passé la soirée à cuisiner des hamburgers sur le grill et à regarder des films à la télévision. Après avoir pris certaines décisions sur la façon dont je comptais changer ma vie, nous avons discuté de ce qui allait se passer au cours des prochains jours tandis que je me préparais à rejoindre l'armée. Je n'étais plus à l'école et j'avais rempli toutes les conditions préliminaires après mon enrôlement et je devais seulement passer un examen physique le lendemain, après quoi je serais transporté par avion pour commencer ma formation. Au fil de la soirée, j'ai commencé à exprimer une certaine réticence et une certaine incertitude quant à ma décision d’abandonner mes études. Nous avons décidé de poursuivre notre conversation pendant que nous nous détendions dans ma voiture et roulions à travers la campagne.

Peu avant 2 heures du matin, nous avons descendu une grande colline derrière ma maison, qui nous menait dans la campagne sur River Road, une route ainsi nommée en raison de la manière dont elle longeait la rivière Des Moines qui traversait Fort Dodge, où j'avais grandi. C'était une route que je connaissais bien (peut-être trop bien) grâce aux innombrables kilomètres que j'y avais parcourus pour m'entraîner à mon passe-temps, et ce qui était mon talent, à savoir la course à pied.

Alors que nous roulions, toujours à moins d'1,6 km de chez moi, j'ai commenté à quel point il faisait paisible et calme, alors que nous surplombions la rivière en contrebas, les étoiles brillant dans le ciel au-dessus et les lumières de l'aéroport scintillant au loin alors qu'elles perçaient le linceul de l'obscurité qui couvrait l'horizon. La nuit semblait inhabituellement sombre et calme alors que l'obscurité enveloppait la route, englobant tout ce qu'elle contenait et étouffant tout mouvement et son. Alors que nous poursuivions notre descente de la colline dans l'obscurité, ce qui servirait de rappel inquiétant de cette nuit, mon ami s'est tourné vers moi et a admis qu'un sentiment étrange l'avait envahi et, à son tour, il a tendu la main et verrouillé sa ceinture de sécurité, la bouclant en position. J'ai eu la même sensation, des frissons me parcourant le dos, glaçant mon corps pendant que je tendais la main et tirais ma ceinture de sécurité pour la boucler en position. Mais j'ai ensuite hésité et je l'ai relâchée dans sa position de repos.

Alors que nous poursuivions notre chemin, toujours à moins d'1,6 kilomètre de chez moi, nous nous sommes approchés d'un virage de la route. Celle-ci avait récemment été refaite après s'être éboulée dans la rivière bien en contrebas lors d'un violent orage. J'ai freiné et ralenti à l'approche du virage, mais tout à coup, la voiture a été secouée alors que nous traversions un creux dans la route qui séparait l'ancien revêtement bitumineux du nouveau. L'impact a fait osciller la voiture d'un côté à l'autre, annulant notre élan, et la voiture a été forcée vers la droite. C'était comme si nous glissions sur de la glace, lorsque les roues avant de la voiture ont heurté l'accotement, nous faisant traverser la route en queue de poisson. La voiture a ensuite viré vers une falaise sur la gauche, où un garde-fou délimitait le rebord de la route, la séparant du dénivelé aboutissant à la rivière en contrebas. J'ai pu éviter de percuter le garde-fou, mais j'ai été renvoyé à nouveau vers la droite. Tout est devenu flou lorsque j'ai vu le garde-fou et les réflecteurs filer sous mes yeux.

Les phares éclairaient si nettement les nombreux réflecteurs qui délimitaient la route, chacun comme une lanterne de conducteur se balançant d’avant en arrière dans la nuit, émettant la lumière la plus brillante et la plus distinctive. La luminosité des phares de la voiture transformait le voile d’obscurité en la blancheur éclatante du jour, enveloppée dans un étrange rayonnement céleste. Les arbres dépeints par les phares ont alors pris vie, dansant grotesquement devant moi, comme des marionnettes attachées à un fil. J'avais l'impression de voir les nombreux jouets d'un magasin de jouets prendre vie pour me tourmenter alors qu'ils m'hypnotisaient par leur jeu. J'ai été saisi par un étourdissement et la peur, alors qu'une nausée me submergeait, comme si j'étais pris dans une sorte de manège de carnaval écœurant et dément. Mais ce manège m'emmènerait là où aucun manège de carnaval ne l'avait fait auparavant. Était-ce le « point de Non-retour » ? Les secondes semblaient durer des minutes alors que la nausée et la peur révulsaient mon estomac. Nous arrêterions-nous un jour ?

Les étoiles dans le ciel devenaient floues à travers le pare-brise alors qu'elles tournaient en rond comme un essaim de lucioles tourbillonnant autour de leur nid. Tout semblait s'être arrêté pendant que ce petit fragment de temps devenait si vivant et suspendu. La chanson diffusée à la radio s'est estompée alors que je me perdais dans les étoiles tandis qu'elles dansaient à travers le pare-brise, m'intriguant avec leur sérénade enchanteresse, comme si elles m'invitaient à venir danser avec elles. Elles ne semblaient plus si lointaines dans le ciel alors qu'elles tournoyaient autour de moi, apparemment à ma portée. Le compteur, qui se débattait violemment dans son encadrement, luttant pour se libérer, s'est alors figé comme capturé dans une image. La fluorescence des lumières du tableau de bord est devenue tridimensionnelle alors qu'elles s'illuminaient avec éclat, puis s'atténuaient brusquement, comme un feu de joie lorsqu'il est aspergé d'essence. Le paysage était immobile, comme figé, et ne semblait plus réel.

Je ne sentais plus mes mains contre le volant car mon corps semblait engourdi. Je ne sentais plus le siège et je me sentais séparé de mon corps. Je me sentais léger et étourdi lorsque je me levai de mon siège et baissai les yeux sur mes mains qui étaient gelées de terreur alors qu'elles s'agrippaient au volant, faisant saillir les tendons du fait de la tension. J'avais l'impression d'avoir disparu tandis que les étoiles m'emportaient vers leur terrain de jeu paradisiaque bien au-dessus et laissaient mon corps figé de tension et de terreur dans la voiture. Tout semblait si paisible alors que je m'éloignais et me perdais dans les étoiles.

C'était la dernière chose dont je me suis souvenu de cette nuit pendant un certain temps. Je ne me suis pas souvenu que la voiture a été projetée de la route dans le fossé et contre un talus. Non plus que la voiture s’était enfoncée dans un caniveau en s’écrabouillant. Je ne me suis pas souvenu du bruit du verre brisé et du métal déchiré lorsque la voiture a percuté un arbre au milieu d'un tonneau. Non plus que mon oreille a été arrachée lorsque ma tête a percuté le pare-brise. Je ne me suis pas Non plus souvenu du bruit de mon cou se brisant sous le poids de la voiture comme une brindille sous des pieds.

La voiture s'est immobilisée sur le toit, coincée entre deux arbres, John et moi restant coincés et inconscients sous son poids. Environ quarante minutes se sont écoulées avant que John ne reprenne conscience et s'oriente. Coincé sous l'épave tordue, il s’est débattu pour se libérer, mais n'a pas pu ouvrir la porte qui était bloquée par un arbre. Finalement, malgré l’étroitesse de l’espace, du fait du toit aplati et bousillé, il a réussi à ramper à travers une fenêtre brisée. Il était encore très désorienté, mais il est parvenu à rejoindre une ferme voisine et à obtenir de l'aide.

Les autorités, ayant du mal à localiser la voiture car elle était cachée dans les bois, ont commencé à me rechercher dès leur arrivée sur les lieux. Peu de temps après qu'on ait commencé les recherches, John s'est mieux orienté et s'est souvenu de l'emplacement de la voiture. Mon cas semblait perdu, lorsque le shérif du comté de Webster a retrouvé la voiture à 3 h 15. Je gisais inconscient à l'intérieur. À son arrivée, le shérif a passé la main dans la voiture, mais n'a pas pu enregistrer de pouls. Vu l'absence apparente de signes vitaux, les autorités médicales compétentes ont été informées de mon décès et convoquées sur les lieux. Les ambulanciers paramédicaux et les pompiers de Fort Dodge sont rapidement arrivés, suivis par le médecin légiste du comté de Webster, mais ils n'ont pas pu atteindre mon corps dans la voiture.

Tandis qu'ils s’efforçaient de m'atteindre et me réanimer, on s'est servi des pinces de désincarcération pour défoncer plusieurs parties de la voiture afin de permettre aux ambulanciers et au médecin légiste de ramper à l'intérieur et de me venir en aide. À ce moment-là, mes signes vitaux étaient encore absents, mais après plusieurs tentatives de réanimation, mon pouls a été enregistré. J'ai été laissé dans la voiture jusqu'à ce que mon état permette une extraction en toute sécurité. Une fois mon pouls stabilisé, mes blessures protégées et mon cou sécurisé, j'ai été retiré de la voiture et transporté dans un hôpital voisin où le personnel s'est efforcé de me maintenir en vie.

John et moi avons été emmenés à l'hôpital régional Trinity à Fort Dodge et nos parents en ont été informés. Mes parents, cependant, ont reçu des nouvelles différentes que ceux de John. John était soigné et retenu pour de nombreuses lacérations corporelles, une commotion cérébrale, des lacérations au visage et à la tête et plusieurs côtes fêlées. Mais il était évident que mes blessures ne pouvaient pas être soignées là-bas. La principale préoccupation à ce moment-là était de mettre en œuvre des mesures de survie. Le personnel de l’hôpital a alors été confronté à une décision cruciale. Pouvaient-ils risquer de me transporter vers l’endroit où je recevrais les soins dont j'avais besoin ?

Le centre médical méthodiste de l'Iowa (IMMC) à Des Moines a été averti de mon état et a envoyé l'hélicoptère « Lifeflight » vers l'hôpital régional de Trinity où l'on attendait son arrivée. Ma survie est alors devenue une course contre la montre. Survivrais-je assez longtemps jusqu’à l’arrivée de l’hélicoptère ? Survivrais-je au voyage jusqu’à Des Moines ? J'étais encore dans « l'heure cruciale », ces premières minutes qui détermineraient si je vivrais.

Au moment où mes parents sont arrivés à l'hôpital, j'avais déjà commencé mon voyage vers l'IMMC à Des Moines où le personnel des urgences et de traumatologie était sur le qui-vive, en attente de mon atterrissage. Il était crucial pour ma survie que j'arrive à Des Moines avant que ne s'enclenchent des processus tels que le choc médullaire (traumatisme et choc de ma moelle épinière dus à des lésions de la moelle épinière) et le traumatisme cérébral (traumatisme et choc du cerveau dus à un traumatisme crânien fermé) ne commencent à s’enclencher. Ces processus provoquent un gonflement et peuvent bloquer des fonctions vitales. L'équipage de l'hélicoptère Lifeflight, aussi qualifié soit-il, n'était ni préparé, ni équipé pour gérer de telles choses. Ils auraient eu besoin d'un équipement plus approprié que celui trouvé sur l'hélicoptère.

Tandis que mes parents poursuivaient leur long et angoissant périple vers Des Moines, ne sachant toujours pas trop à quoi s'attendre, j'ai terminé ce voyage déterminant pour ma vie alors même que mon état s'aggravait encore. Au moment où de notre arrivée à Des Moines, un choc médullaire et un traumatisme crânien s'étaient déclarés. Ma moelle épinière et mon cerveau ont commencé à enfler, ce qui a provoqué l'arrêt de mon système respiratoire. À ce moment-là, j'ai été placé sous un système respiratoire de survie qui respirait à ma place et maintenait ainsi mes signes vitaux – ma vie était soutenue par des moyens de respiration mécaniques et artificiels.

Mon état était tel qu’aucune intervention chirurgicale - pourtant nécessaire afin de soulager la pression sur ma moelle épinière - n’était possible. J'étais loin d'être suffisamment stable pour subir une telle opération. Les médecins ont ensuite dû attendre que mon état s'améliore.

Pendant que je respirais à l'aide de la machine, le personnel médical s'est concentré sur d'autres blessures moindres subies lors de l'accident. Pendant que j'étais balloté à l'intérieur de la voiture, ma tête était entrée en collision avec le pare-brise cassé qui s'était déformé vers l'intérieur lorsque le toit avait été aplati. J'avais souffert une grave lacération au côté droit de la tête, qui commençait à la tempe et continuait vers l'oreille. Cela avait incrusté une grande quantité de verre dans mon crâne et mon oreille avait été presque totalement coupée et avulsée (déchirée et arrachée).

Une chirurgie plastique et reconstructive a ensuite été pratiquée sur ces deux blessures, ainsi que sur diverses autres entailles au front. Lors du choc de ma poitrine contre le volant, mes poumons avaient subi de légères lésions (contusions et écrasements). Des choses telles que des orteils cassés, entorses aux doigts et diverses pressions contre mes articulations n'ont pas été traitées. Jusqu'à ce que je puisse subir d'autres tests tels que des radiographies et des tomodensitogrammes, la plupart de ces blessures ne seraient pas détectées.

Peu de temps après, j'ai passé des tomodensitogrammes et des radiographies qui ont révélé que j'avais souffert une fracture et une luxation de mes troisième et quatrième vertèbres cervicales (C3-4 FxD), une lésion cérébrale de type traumatisme crânien fermé (CHI) ainsi que divers types de lésions des poumons et des tissus mous. Jusqu'à ce que je sois suffisamment stable pour subir une intervention chirurgicale, il n'y avait aucun moyen de savoir exactement dans quelle mesure ma moelle épinière avait été atteinte. Les médecins savaient cependant que je souffrais d’une lésion « incomplète » de la moelle épinière (c'est-à-dire que la moelle épinière n'était pas totalement sectionnée) car, vu l’ampleur et la complexité extrême de mes blessures, si j'avais souffert d’une lésion « complète » (moelle épinière totalement sectionnée), je serais mort instantanément. Pourtant, il n’y avait aucun moyen de savoir quelle serait l’étendue des lésions cérébrales et de la paralysie.

J'ai été placé en unité de soins intensifs (USI) sous étroite surveillance et mis en traction cervicale. Je dépendais toujours de la respiration artificielle. Des trous ont été percés de chaque côté de ma tête, juste derrière et en dessous des deux tempes. Ces trous allaient accueillir des pinces qui seraient ensuite vissées dans les deux trous. Ces pinces ressemblaient à des pinces à glace à coulisse, et elles étaient fixées au lit par un dispositif à ressort avec 5,5 kg de traction. Elles empêchaient tout mouvement et éloignaient ma tête de mon corps afin d'aligner et de sécuriser mon cou endommagé. J'ai été placé sur un lit cinétique qui épousait mon corps un peu comme une découpe de biscuit en forme de bonhomme en pain d'épice. J’étais allongé dans cette découpe pendant que le lit cinétique tournait d'un côté à l'autre. Ce lit effectuait un tour toutes les cinq minutes et pouvait être immobilisé pour des besoins de soins. La raison de cette rotation était de faciliter la circulation et de prévenir les escarres sur mes points de pression.

Des sondes nasogastriques (NG) ont été insérées dans mon estomac par le nez, à partir desquelles je recevais une nourriture liquide. Des tubes endotrachéaux (ET) avaient été insérés dans mes poumons par le nez et la gorge afin que je puisse être ventilé et que mes poumons, qui se remplissaient alors de liquides et de mucosités, puissent être dégagés. Des tubes intraveineux (IV) avaient été insérés dans mes bras pour m'aider à rester hydraté et à maintenir un équilibre hydrique ainsi que pour permettre l'administration de médicaments. Pendant que les heures s'écoulaient et que je continuais à lutter pour tenir le coup, mon état a continué à se détériorer et j'ai sombré dans un profond coma. À ce moment-là, les neurologues ont informé mes parents, toujours dans le désarroi et angoissés, que si je survivais, je resterais tétraplégique et qu'il était fort probable que je serais obligé de rester au lit et d'être dépendant d'un respirateur pour le reste de ma vie. Tandis que pour le monde entier, j'étais initialement dans le coma, je ne trouve aucun mot pour exprimer suffisamment la beauté et la magnificence de ce que je devais vivre au cours des semaines suivantes. Toute tentative pour capturer ou retransmettre l’expérience avec des mots est vouée à l'échec. Ce que je devais expérimenter était quelque chose au-delà de ce monde et ne saurait être décrit de manière adéquate en termes matériels. Je devais affronter la manifestation la plus mystérieuse et la plus paisible de sentiments et de sensations qui continuent de me submerger et d'influencer ma vie avec contentement, amour et joie.

N'ayant aucun souvenir de la nuit de l'accident et de ce qui allais s’ensuivre, je me suis réveillé en moi-même, apparemment suspendu au milieu d'un vide sombre, pour éprouver la combinaison la plus choquante de douleur et de désarroi. Je me sentais perdu dans un cauchemar alors que je luttais pour me réveiller et me libérer de l'emprise de ce rêve horrible. J'avais l'impression que mes paupières avaient été fermées alors que je luttais pour ouvrir les yeux, sans y parvenir.

J'étais conscient de la lueur radieuse des lumières extérieures à mon corps alors qu'elles traversaient mes paupières bien au-dessus de moi, comme celle du soleil lorsqu'il perce les paupières des baigneurs sur une plage. J'ai regardé au-dessus de moi et j'ai vu les trous là où se trouvaient mes yeux ; ils ressemblaient à des trous de serrure dans une porte alors que la lumière les traversait - comme un projecteur de cinéma avec son flux de lumière perçant l'obscurité de la salle.

Me sentant piégé sous une couche de glace, le courant m'entraînant impuissant en aval, j'ai paniqué pour rejoindre la surface, mais je n'ai pas pu m'opposer au flux puissant mais doux du courant. J'avais peur de m'étouffer si je n'atteignais pas la surface pour respirer. J'ai continué à être entraîné dans ce cauchemar par le courant constant sous la glace, comme un astronaute séparé du vaisseau spatial qui lui permet de survivre, flottant éternellement dans le néant de l'espace. Rempli de terreur, j'ai lutté pour résister en attendant que quelqu'un me réveille avant que je m'éloigne trop pour revenir. L'horreur me gagnait car je ne pouvais pas me réveiller de ce rêve. Alors que je paniquais pour me libérer, j'ai pensé à ma famille. Comme il serait simple pour eux de me réveiller ; mais je ne pouvais pas les appeler à travers ce cauchemar qui m'isolait d'eux.

Bientôt, la douleur a surmonté mon horreur et ma confusion alors qu'elle devenait de plus en plus angoissante et insupportable. J'ai cherché désespérément à me réveiller et à me libérer de son atroce piqûre, mais sans y parvenir. Alors que la douleur continuait à croître et prenait le dessus sur mon désarroi, et que je réalisais la futilité de ma lutte pour m'éveiller, j'ai cherché à échapper à la douleur en me réfugiant au plus profond de mon corps. Je n'ai plus résisté à l'attraction du courant, cessant de me débattre et le laissant m'emporter au plus profond de mon corps vers la sécurité.

Alors que je cherchais à m'abriter contre la douleur et que je dérivais plus profondément dans mon corps pour y échapper, j'avais l'impression que mon esprit et mon corps physiques savaient instinctivement quoi faire pendant qu'ils poussaient mon « moi » intérieur en sécurité et enduraient la douleur et le désarroi à ma place. Telle un coupe-circuit à fusible électrique, mon corps avait déclenché son disjoncteur de protection lorsqu'il avait été submergé par une douleur trop puissante pour être supportée en toute sécurité. Lorsque mon corps a été confronté à la surcharge douloureuse provoquée par mes blessures, son disjoncteur de protection a empêché d'autres dégâts au « moi » intérieur, au cœur de mon « être ». Mon corps physique était le pilote automatique tandis que mon moi intérieur se mettait en sécurité, évitant la douleur trop accablante pour qu’elle soit supportable.

Comme un pilote de bombardier sautant avec un parachute juste avant que son avion mutilé ne s'écrase au sol, j'ai également sauté pour me mettre en sécurité. Comme une personne cherchant refuge dans la sécurité d’une cave à fruits située en sous-sol pendant une tempête, j’ai également cherché refuge au plus profond de mon corps. Une fois là-bas, j'ai fermé la porte derrière moi et me suis assis, blotti dans sa sécurité, dans l'obscurité et le silence en attendant que la tempête passe. Mon corps vide autour de moi est devenu une coquille creuse à laquelle j'étais suspendu en apesanteur au milieu, comme un grand hangar d'avion abandonné : creux et sombre.

Puis, une fois en sécurité dans le courant, mon voyage vers le bas à l'intérieur de mon corps est devenu une série d'abris où je me suis reposé et où j'ai cherché refuge. Là, j'ai attendu et rassemblé des forces, jusqu'à ce que la douleur persistante devant laquelle j'avais rampé profondément dans mon corps pour y échapper, me rattrape et pénètre les murs de mon abri, me forçant à aller plus profondément dans mon corps à la recherche du prochain abri. Là encore, j'ai attendu et rassemblé des forces jusqu'à ce que la douleur me rattrape, m'obligeant à aller plus loin encore pour y échapper.

Ce voyage vers le bas était comme celui d'un soldat en guerre, se retirant du chaos des lignes de front pour éviter les torrents d'obus qui pleuvent sur lui, menaçant sa vie, et cherchant refuge dans un trou ou l'autre, hésitant dans l'un avant de passer au suivant, en s'éloignant progressivement du danger et en se rapprochant de l'endroit sûr. Ce voyage était comme un piéton courant d’une porte à l’autre pendant un orage, se rapprochant de plus en plus de la chaleur de sa maison.

Puis, passif, j'ai senti un doux courant m'envahir de son flux, m'emportant dans sa sécurité. Je ne résistais plus à son attraction et je me demandais où je dérivais. Je ne ressentais plus le besoin de respirer et j'ai réalisé que ce n'était pas nécessaire. Je ne ressentais plus la panique nécessaire pour me réveiller, lutter ou résister au flux. Je n'ai plus éprouvé la douleur, les cauchemars et les sentiments incontrôlables qui les accompagnaient. Je ne ressentais plus le mouvement de mon corps physique autour de moi ni les haut-le-cœur incontrôlables, et les bruits d'étouffement que j'avais précédemment identifiés comme étant les miens avaient cessé. Dans la mesure où j'avais lutté auparavant pour résister, j'ai alors voulu continuer à chercher réponse à mes questions sur ce qui m'arrivait. J'ai regardé très haut, vers la surface, et j'ai vu la lumière qui traversait mes paupières s'estomper lentement. J’ai ressenti la sécurité d’un jeune enfant bercé dans les bras de sa mère alors que la chaleur du courant m’enveloppait dans sa sécurité.

Toujours en sécurité sous l'effet du courant qui me transportait en toute sécurité au plus profond de mon corps, j'ai tenté de rationaliser ce qui m'arrivait. J'ignorais où j'étais, comment j'étais arrivé là, et où j'allais, mais d'une manière ou d'une autre, je me trouvais en grande sûreté et sécurité. Je ne pouvais pas expliquer la douleur insupportable que j'avais ressentie auparavant et contre laquelle j'avais lutté pour m'échapper, ni le doux isolement de l'obscurité qui m'entourait. Je ne comprenais pas pourquoi je n'avais pas besoin de respirer et pourquoi je ne m'étouffais pas comme je l'avais craint auparavant. J'ai rapidement pensé que j'étais chez moi, au lit et profondément endormi, mais je n'en avais aucun souvenir et je ne pouvais pas expliquer comment je pouvais être « éveillé », parler et penser et pourtant dormir en même temps.

Était-ce un rêve ? Si Oui, pourquoi étais-je incapable de me libérer de l’emprise de ce cauchemar ? Quand devrais-je me réveiller ? Je n’ai trouvé aucune réponse justifiable à mes questions et j’en suis vite arrivé à la pire de toutes les explications possibles. Étais-je mort ? Si Oui, pourquoi est-ce que je me parlais à moi-même, et pourquoi pouvais-je ressentir de la douleur ? J'ai pensé à ma famille et à mes amis et à leur tristesse. J'étais parti sans dire au revoir. J'ai ressenti du chagrin pour les nombreuses choses que je n'avais pas encore faites de mon vivant. La douleur que j'avais enfoncée au plus profond de moi pour y échapper m'a rattrapé et encore une fois, j'ai été obligé de m'enfouir encore plus profondément en moi pour y échapper.

Lorsque j'ai atteint mon ultime et dernier refuge, j'ai eu l'impression de ne pas pouvoir aller plus loin, alors que je verrouillais la porte derrière moi et attendais dans la sécurité de mon refuge. D'une manière ou d'une autre, je « savais » que j'y resterais et que j'avais terminé mon voyage. Ce dernier refuge est devenu une forteresse différente de celles qui l'avaient précédé. Cela me paraissait plus calme et plus tranquille que mes refuges précédents. La douleur à laquelle j'avais désespérément cherché à échapper n'a jamais pu pénétrer les murs de ce refuge comme elle avait pu le faire auparavant. J'ai laissé tous les contacts avec mon corps physique loin derrière et au-dessus de moi, là où ils resteraient. Là-bas, j'ai laissé derrière moi tous les liens physiques, ne laissant que mon « moi » intérieur, le noyau de mon « être », alors séparé du monde extérieur bien au-dessus et en dehors du nouveau monde de mon « moi ». Avant d'entrer dans ce refuge, qui était une forteresse plus solide que celles qui l'avaient précédé, j'ai perdu tout contact avec mon corps physique, ne laissant que mon « moi » intérieur traverser les murs de cette forteresse. Ma douleur restait liée à mon corps physique, incapable de traverser les murs de cette forteresse. La douleur restait comme celle d'un chien féroce attaché à un arbre à l'extérieur de ma forteresse, incapable de délivrer sa morsure. Je me suis débarrassé de ma douleur avant d'entrer dans cette forteresse, comme un ouvrier enlève ses bottes souillées sur le seuil de la porte avant d'entrer dans la maison tout propre.

Ce refuge était une barrière me protégeant de la douleur qui persistait hors de ses murs. D'une manière ou d'une autre, je « savais » que là-bas, je serais en sécurité et que j'y resterais pour affronter la tempête. Mes précédents sentiments de peur, confusion et douleur se sont dissipés pour se transformer en paix, tranquillité et sécurité, comme je n'en avais jamais connu auparavant. De surcroît, malgré le silence absolu de ce refuge je pouvais « entendre » les sons à entendre, alors que je pouvais « entendre » les nombreux sentiments qui émanaient au sein de mon refuge. Je suis devenu « conscient » de l'obscurité absolue, mais cela n'a jamais été aveuglant ni n'a gêné ma vue. Il n'y avait rien à voir, et pourtant je pouvais « voir » comme jamais auparavant. Là, je suis resté « vivant » et je n’ai jamais été seul, car quelque chose, quelqu’un, m’a apporté sécurité et bien-être.

Je me suis contenté des sentiments de paix et de tranquillité qui m’entouraient. La « chaleur » rayonnait au sein de mon refuge et là, je n'avais pas de réponses à mes questions, mais pourtant je n'avais pas de questions Non plus. Là-bas, j’ai perdu contact avec toutes les constructions du temps et de l’ordre. Je n'étais ni fatigué, ni affamé. Tous les besoins et pulsions physiques ont été abandonnés, laissant le « moi » mental séparé du monde bien au-dessus et en dehors du nouveau monde de mon « moi ». Je n'avais aucune idée de l'endroit où j'étais, ni de la façon dont j'y étais arrivé, mais d'une manière ou d'une autre, j'y ai trouvé beaucoup de sécurité et de sûreté. Ce que je vivais était comme un rêve, mais sans illusion mentale : tout semblait réel et conscient, mais rien de similaire à ce que j'aie jamais vécu. Je ne savais pas où j'étais, ni ce qui m'arrivait, mais je m'en fichais car toutes mes questions avaient disparu. Je savais cependant que j'étais en sécurité et que j'échapperais à la tempête dans cet endroit.

Alors que j'attendais là-bas et que je rassemblais des forces, la tempête a commencé à se dissiper et j'ai vite eu le sentiment qu'il était temps de repartir. Quelque chose, quelqu'un, quelque part, qui m'avait procuré un sentiment de bien-être, se tenait derrière moi pour me rassurer quant à ma sécurité. Alors que je quittais mon coin sombre vers la trappe sécurisant mon refuge, je me suis arrêté pour rassembler le courage d'ouvrir la porte. Ce faisant, j'ai regardé loin devant moi, vers les lignes de front d'où je m'étais échappé auparavant.

J’ai été très brusquement éveillé et choqué par ces premiers pas, car j'ai ressenti la douleur à laquelle j'avais échappé auparavant. Quitter mon refuge ressemblait aux premiers pas d’un écolier hors d’une maison chaude le matin, pendant une tempête de neige froide, pour entamer son chemin vers l’école. Cependant, comme une mère oiseau poussant les oisillons hors du nid pour qu'ils apprennent à voler pendant qu'elle les surveille d'un œil vigilant et protecteur, j'ai également été poussé dehors par une main douce. L'assurance et la sécurité que j'avais appris à ressentir dans mon refuge m'accompagnaient, et même si j'ignorais ce qui m'attendait, je savais de ce fait que je pouvais y faire face. Mon voyage vers la conscience était comme celui d’un mineur de charbon venant du plus profond de la mine, se rapprochant de plus en plus de la surface. En me rapprochant de ma conscience, j’ai pu sentir l’air frais, comme une brise d’été rafraîchissante sur le visage du mineur de charbon atteignant la surface et reprenant ses esprits sous le chaud soleil de la journée.

Mon refuge avait disparu, mais les sentiments restaient en moi. Ces sentiments de sécurité m'ont permis de me lancer dans la voie du rétablissement.

J'ai ouvert les yeux mercredi, près de cinq jours après l'accident. À ce moment-là, il semblait que j’allais vivre, même si j’avais encore du mal à rester conscient. À ce moment-là, j’avais encore besoin de l’aide d’un respirateur et je n’étais pourtant pas en mesure de subir une intervention chirurgicale.

Au fur et à mesure que les jours passaient, je perdais et reprenais conscience plus facilement, mais une fois réveillé, j'étais extrêmement désorienté et troublé, à la fois à cause du traumatisme de l'accident et des lésions cérébrales qui, à ce moment-là, étaient tout à fait évidentes. J'ai passé les semaines suivantes à dériver entre mon refuge inconscient de tranquillité et l'état éveillé de confusion et de douleur. Alors que j'avais du mal à accepter ce qui m'attendait pendant que j’étais réveillé, je me suis retrouvé à chercher la sécurité que j'avais auparavant ressentie dans mon refuge en moi-même. J'ai pu me retirer de mon état de veille pour revenir dans mon monde caché de paix. À chaque transition entre l’éveil et mon refuge, j’ai progressivement commencé mon voyage vers le haut du plus profond de moi-même. Chaque transition m’a rapproché de la surface.

Bien que très effrayé et troublé, j'ai pu retrouver le courage et le contentement que j'avais ressentis dans mon refuge, et qui sont restés en moi. Dans mon abri bien en contrebas, j'ai appris à susciter de grands sentiments de chaleur et de paix, que j'ai pu faire remonter à la surface avec moi. Même si je n'étais plus dans la sécurité de mon refuge, les sentiments de sécurité, paix et contentement sont restés avec moi alors que j’entamais ma remontée vers la surface. Je n'étais pas certain de ce qui m'attendait à l'approche de mon réveil, mais je savais que je pouvais y faire face avec les sentiments de sécurité et de bien-être que j'avais entretenus dans mon refuge. Alors que j’approchais de ce qui semblait alors l’inévitable, je ressentais un grand contentement que je n’avais jamais éprouvé auparavant, sauf dans mon refuge.

À chaque réveil, les médecins me répétaient sans cesse que j'avais eu un accident de voiture et que j'étais paralysé. Ils m'ont dit que j'étais tétraplégique et que je resterais dans un fauteuil roulant le reste de ma vie – avec un peu de chance, un fauteuil roulant électrique si j'avais l'usage d'une main pour le faire fonctionner. J'aurais besoin d'aide pour toutes les activités de la vie quotidienne. Après quelques jours, j'ai été transféré à un autre étage de rééducation pour patients atteints de lésions médullaires et traumatismes crâniens, lorsque mon état a justifié que je ne dépendrais plus d'un respirateur.

Après m’avoir fait subir d'autres tomodensitogrammes et radiographies, les médecins ont décidé de procéder à une fusion cervicale sur mon cou pour me donner plus de stabilité lorsqu'on me déplacerait, et lorsque je serais assis droit dans un fauteuil roulant. Lorsque mon système respiratoire a commencé à fonctionner et à se dégager, les médecins ont reçu l'autorisation de procéder à l'opération.

Mon cou était constitué de sept vertèbres cervicales et, en ce qui concernait une blessure comme la mienne, plus la blessure était grave, plus les dégâts et la paralysie qui s'ensuivraient seraient graves. Par conséquent, plus les vertèbres étaient endommagées, plus les lésions de la moelle épinière seraient graves. J'avais souffert une fracture-luxation de mes troisième et quatrième vertèbres cervicales, nécessitant la fusion de mes deuxième à cinquième vertèbres. Plusieurs os ont été coupés dans ma hanche et fusionnés dans mon cou avec des fils et des épingles. Les os ajoutés ont agi comme un pont permettant à de nouvelles lamelles osseuses de se développer et de s’affixer de manière permanente. L’opération a duré 7 heures et 4 des 7 vertèbres ont été fusionnées. Une fois l’opération terminée, j’ai été transféré à l’unité de soins intensifs pour une convalescence de deux jours.

À ce moment-là, les neurologues ont informé mes parents que je n’aurais jamais l’usage de mes bras ni de mes jambes. Je serais tétraplégique durant le reste de ma vie. Par ailleurs, ils ont dit que les deux prochaines semaines seraient cruciales pour déterminer si je serais capable de faire un quelconque mouvement.

La sécurité et le contentement de mon refuge sont restés en moi, pendant que j'étais réveillé, et m'ont permis de dégager la peur, la douleur et la confusion pendant que je me concentrais sur le monde extérieur qui m'entourait. J'ignorais ce que l’avenir me réservait, mais je savais que j’étais en sécurité et que je pouvais accepter et surmonter quoi que ce soit qui m'attende. Alors que j'abordais les exigences physiques de la thérapie, je semblais souvent « absent » alors que je replongeais dans ma nouvelle « conscience » que j'expérimentais tout en restant conscient. Mon refuge agissait comme un puits de « chaleur » qui fournissait à mon corps les nutriments nécessaires à la vie – un puits qui continuait de croître et de déborder en moi, s'écoulant vers d'autres zones de mon corps au fur et à mesure que je dirigeais son flux. Chaque nuit, alors que j'entamais ma lutte pour réparer mon corps endommagé depuis mon intérieur, je me concentrais sur une zone différente de mon corps. Je me concentrais sur la chaleur au plus profond de moi et ne faisais qu'un avec elle.

Puis, au plus profond de la chaleur, à ce point de focalisation, je me concentrais sur le contournement des circuits endommagés de ma moelle épinière. Tandis que la chaleur coulait dans mon corps, je me concentrais sur ce circuit. Chacune de mes extrémités puisait dans la chaleur qui coulait au plus profond de mon corps alors qu'il était rempli de la vie de la chaleur qui le soutenait. J'étais rempli d'un grand sentiment de « vitalité », alors que j'exprimais continuellement à ceux qui m'entouraient la vraie joie de vivre que je ressentais alors.

Aussi insistant que je sois, les médecins, les infirmières et les amis étaient sceptiques quant à la véracité de mes sentiments, me qualifiant de « troublé », « vivant le déni » et doté d'un « optimisme irréaliste quant au fait d'être en vie ». Alors qu'ils attendaient que mon esprit s'apaise et que je puisse « prendre en main » mon problème, mon esprit est devenu d'autant plus fort qu’il l'ordonnait. Ils ne pouvaient pas comprendre comment je pouvais me sentir « vivant » et pourtant être privé de l'usage de mon corps. Se sentir « vivant » " n'est pas un état corporel, mais du « soi » et ça, ils ne pouvaient pas le piger. Comme ils étaient liés à la matière !

J'ai pu retirer de la joie et du contentement de ma situation. J’ignorais comment je savais ce que je faisais. Je « savais » simplement et j'avais confiance en ce sentiment en moi. Deux semaines après l'opération qui a aligné ma colonne vertébrale et a par conséquent soulagé la pression sur ma moelle épinière, alors que je m'occupais de mes soins personnels, l'infirmière traitante a remarqué que l'orteil bougeait sur mon pied droit. Pensant qu'il s'agissait d'un spasme musculaire, elle l'a ignoré. Une autre infirmière est entrée dans la chambre et a ensuite appelé le médecin qui a été étonné lorsque j'ai commencé à bouger l'orteil sur commande.

Le 12 décembre, après quelques cinq mois de prières et de travail acharné, je suis entré dans ma nouvelle vie en quittant le centre médical méthodiste de l'Iowa à l’aide d’une canne.