EMI à l’aveugle
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EMI à l’aveugle par Barbara Mango, Ph.D.

Bien que les ESCs fournissent des preuves convaincantes et souvent vérifiables sur l’EMI, l’étude de l’aveugle congénital représente le test le plus rigoureux de l’hypothèse à ce jour. Le conseil International d’Ophtalmologie définit la cécité congénitale comme une totale absence de forme et perception visuelle depuis la naissance, et est communément appelée absence de perception de lumière, ou APL.

Le psychiatre Stanislov Grof prétend que la vue chez les EursMI congénitaux est médicalement inexplicable. Il déclare :

Il y a …des cas rapportés où les individus qui étaient aveugles à cause d’une lésion organique médicalement confirmée, étaient capables au moment de la mort clinique, de voir l’environnement….de tels évènements….peuvent être soumis à une vérification objective. Ils représentent donc la preuve la plus convaincante que ce qui se passe dans les expériences de mort imminente est plus qu’une phantasmagorie hallucinatoire de cerveaux atteints physiologiquement. [19].

En accord avec Grof, les psychologues Kenneth Ring et Sharon Cooper ont décidé de mener l’étude la plus approfondie jamais réalisée des EMIs chez l’aveugle. L’objectif de leur étude était de vérifier si l’aveugle faisait l’expérience des mêmes évènements véridiques que le voyant. Comme le propose Ring, l’aveugle voit pour la première fois de sa vie pendant une EMI. Cependant, ils ne maintiennent pas leur vision quand ils retournent dans leur corps. En utilisant la recherche qualitative, ils ont cherché à déterminer si des preuves vérifiables soutenaient leur hypothèse selon laquelle les aveugles congénitaux font des expériences conformes au prototype familier des EMIs de voyants. Leur recherche a démontré que les récits des aveugles étaient impossible à distinguer de ceux des voyants. [20]

Trente et un sujets ont été choisis pour cette étude. Parmi eux, quatorze sujets étaient aveugles de naissance, onze avaient perdu la vue avant l’âge de cinq ans, et six étaient considérés avoir une vision sévèrement atteinte. Selon Ring et Cooper, “Les analyses des personnes aveugles de naissance…. fournissent les données les plus solides et les plus inexplicables conventionnellement relatives à la proposition selon laquelle les aveugles peuvent réellement voir pendant leurs EMI et OBE”. [21] Par conséquent, seuls les cas congénitaux de cécité seront présentés. Ring et Cooper considèrent “Vicki” comme le cas de cécité congénitale le plus convaincant et vérifiable jamais enregistré. Vicki est née aveugle à cause de lésions sévères et irréversibles du nerf optique. Dans un interview, lorsqu’on lui a demandé si elle avait jamais été capable de voir, elle a répondu, “Rien, jamais. Ni lumière, ni ombres, ni rien, jamais...je n’ai même jamais été capable de comprendre le concept de lumière.” [22] Par conséquent les composantes visuelles de son EMI sont étonnantes. Après un accident de voiture presque fatal et des lésions au cerveau, Vicki a été transportée à l’hôpital dans le coma. Elle se souvient de son expérience en déclarant :

Et c’était effrayant parce que je ne suis pas habituée à voir les choses visuellement, parce que je ne l’ai jamais fait auparavant ! Et au début ça faisait vraiment peur ! Et finalement j’ai reconnu mon alliance et mes cheveux. Et alors j’ai pensé : est-ce que c’est mon corps là en dessous ? Je suis morte ou quoi ? Ils n’arrêtaient pas de dire, “On n’arrive pas à la ramener, on n’arrive pas à la ramener !” Et ils essayaient avec acharnement de travailler sur cette chose que je découvrais comme étant mon corps et dont je me sentais fort détachée, du genre “et alors ?” Et je pensais, pourquoi ces gens sont-ils si énervés ?” [23]

Une fois réanimée Vicki a décrit avoir vu son van Volkswagen accidenté. En plus elle s’est “vue” flotter au-dessus de la civière et se diriger vers le toit de l’hôpital, où elle a fait l’expérience d’une vision panoramique à 360 degrés des alentours de l’hôpital. L’équipe chirurgicale de Vicki a plus tard vérifié sa description fidèle de l’alliance et le récit précis des environs de l’hôpital et des dégâts de son van Volkswagen.

Dans un interview suivant, on a demandé à Vicki de comparer ses rêves à l’EMI. Quand on lui a demandé si la perception visuelle accompagnait ses rêves, elle a répondu, “Rien. Ni couleur, ni vision d’aucune sorte, ni ombre, ni lumière, ni rien.”[24]

Van Lommel trouve l’histoire de Vicki étonnante. Il souligne,

“The Le fait que quelqu’un , qui est aveugle depuis la naissance en conséquence d’une atrophie du globe oculaire et du nerf optique…puisse néanmoins voir les gens et les environs soulève des questions importantes….Comment fait-elle cela ? C’est impossible selon les connaissances médicales actuelles.” [25]

Il semble inconcevable qu’une femme aveugle congénitale pour qui le monde visuel est étranger et incompréhensible, a pu décrire objets et couleurs avec une vision claire comme du cristal.

Une autre étude de cas remarquable de Ring et Cooper est celle de “Brad”. Souffrant de difficultés respiratoires majeures, Brad a cessé de respire et a fait une arrêt cardiaque. L’urgentiste l’a déclaré inconscient. On lui dira plus tard que son arrêt cardio-respiratoire a duré quatre minutes. C’est pendant cette période qu’il s’est senti flotter vers le plafond et monter vers le toit de l’hôpital. Il a décrit les alentours depuis le toit de l’hôpital comme suit : Je pense que tout était complètement couvert de neige, à l’exception des routes. C’était une neige très poudreuse, elle n’avait pas été recouverte de grésil ou de pluie verglaçante. Les routes avaient été dégagées et on pouvait voir les tas de neige de chaque côté des rues. Je savais qu’ils étaient là. Je pouvais les voir. [26]

Plus tard, interrogé au sujet de ses rêves, Brad a répondu :

En général—sauf pour cette expérience de mort imminente—mes rêves ont eu la même conscience…que j’ai à l’état de veille. C’est à dire que tous mes sens fonctionnent, surtout l’ouïe et le toucher, mais tous les autres sens fonctionnent sauf la vue. Dans mes rêves je n’ai absolument aucune perception visuelle. [27]

Comment est-il possible pour un aveugle congénital d’avoir un champs visuel précis à 360°, d’avoir la capacité de reconnaitre et décrire les couleurs, objets et environs dans les moindres détails ? C’est effectivement incroyable que ces individus semblent transcender toutes restrictions sensorielles. Donc, la question doit être posée : chez les EursMI aveugles, la vue dépend-elle vraiment des yeux, ou il y a-t-il une explication non-rétinienne ?

Kenneth Ring et Sharon Cooper émettent le postulat que l’aveugle expérimente un type distinct de conscience transcendantale appelé “vision mentale”. Ils définissent la vision mentale comme :

Un état de conscience distinct, que nous aimerions appeler conscience transcendantale. Dans ce genre de conscience, ce n’est bien sûr pas que les yeux voient quoi que ce soit- comment le pourraient-ils ? C’est plutôt que l’esprit/le mental lui-même voit, mais plus dans le sens de “comprendre” ou “intégrer” plutôt qu’une perception visuelle per se. Ou, alternativement, on pourrait dire que ce n’est pas l’œil qui voit, mais le “Je” [28]

Ring et Cooper proposent une théorie dans laquelle le corps spirituel transcende les limitations du corps physique et des organes sensoriels. Dans leur modèle, l’aveugle peut voir parce que, avec un corps physique temporairement hors service, l’esprit en lui peut utiliser les organes sensoriels plus fins du corps astral, qui sont présumés être parfaits, pour obtenir provisoirement un genre de vision qu’ils ne pourraient jamais avoir dans la vie.”[29] Ils font l’hypothèse que l’aveugle a l’accès à une conscience super-sensorielle élargie non connectée au système visuel organique. Leur modèle suppose l’existence d’une conscience non-locale ou “spirituelle”.

Il y a plus d’un siècle, le célèbre érudit britannique F.W.H. Myers est arrivé à la même conclusion proposée par Ring et Cooper. Il a émis l'hypothèse : “Je pars de la thèse selon laquelle le pouvoir perceptif en nous précède et est indépendant des organes sensoriels spécialisés qu'il a développé pour un usage terrestre.” [30]

Cependant, les sceptiques de la théorie de la vision mentale soutiennent que la “vision” chez les aveugles est entièrement basée sur le cerveau et est le résultat soit d’une reconstruction rétrospective, soit d’un rêve. La principale partisane de cette hypothèse est la psychologue britannique et chercheuse en EMI Susan Blackmore. Elle affirme que les aveugles sont capables de rapporter des descriptions visuelles de leurs EMI grâce à une combinaison d'attentes antérieures, de familiarité avec les procédures hospitalières, d'indices sensoriels, de suppositions chanceuses et, plus important encore, de conversations entendues.

Ainsi, selon Blackmore, ce qui semble être un compte-rendu visuelle est en réalité une reconstruction rétrospective. Elle déclare:

Il ne faut pas beaucoup d’informations à partir de ces sons pour qu’une personne puisse se faire une impression visuelle très convaincante et réaliste de ce qui se passe. Cela fournira le meilleur modèle dont ils disposent et semblera parfaitement réel. Ils n’ont peut-être aucune idée que le modèle a été construit principalement à partir de ce qu’ils ont entendu…. Nous ne pouvons que retenir le point général selon lequel les personnes qui semblent inconscientes peuvent toujours être conscientes de certaines des choses qui se passent autour d’elles et elles peuvent facilement les construire pour obtenir une bonne image visuelle de ce qui se passe [31]

Ring, Cooper, et al, débattent vigoureusement contre la théorie de reconstruction de Blackmore. D’abord, elle ne tient pas compte des occurrences qui ne pouvaient pas être prédites, anticipées, ou qui sont incompréhensible dans le monde des aveugles. Comment se fait-il que Vicki ait été capable de décrire en détail les descriptions physiques de son équipe opératoire, de même que les alentours de l’hôpital, alors qu’elle n’avait pas reçu cette information auparavant ? Il n’est pas plausible que la description de la finesse et de la texture de la neige par Brad soit le résultat d’une reconstruction rétrospective. L’explication la plus viable est que Brad et Vicki ont fait l’expérience d’une perception véridique à distance en dehors de la salle d’opération.

Le cardiologue et chercheur en EMIs Michael Sabom affirme en outre :

Ainsi, nous avons tenté d'expliquer l'exactitude apparente des… EMI par des connaissances générales préalables, par des informations transmises par un autre individu et par la perception physique de la vue et du son pendant la semi-conscience. Aucune de ces possibilités ne s'est avérée être une explication plausible. [32]

La “ théorie du rêve” de Blackmore est également contestée par les non-matérialistes. Les rêves des aveugles font l’objet de recherches depuis plus d’un siècle. Les résultats concluent que ces rêves ne comportent jamais d’images visuelles. Au lieu de cela, ils sont ressentis uniquement via le son, le toucher, la sensation, l’odorat et le goût. L’ouïe est le sens principal dans les rêves des aveugles, suivie par les éléments sensoriels et kinesthésiques. Ainsi, la vision cristalline des EursMI aveugles est radicalement différente de leurs rêves qui manquent de toute imagerie visuelle. Ring explique cela en outre en se référant aux cas susmentionnés de Brad et Vicki. Il déclare:

Encore une fois, si l'on ne savait pas que Brad était complètement aveugle, il serait presque impossible de dire à partir de sa transcription… qu'il s'agit d'un homme qui n'a aucune expérience préalable avec le monde visuel. Au lieu de cela, il le décrit en utilisant le lexique d’une personne normalement voyante. Par conséquent, son récit, couplé à celui de Vicki, fait qu’il est très difficile de s’empêcher de conclure que dans les conditions d’une EMI, la vision est native et va de soi chez les aveugles.[33]

Le site internet de Barbara : http://www.extraordinaryexperiences.org

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[19] Grof, Stanislav. Books of the Dead: Manuals for Living and Dying. London: Thames and Hudson, 1994.
[20] Ring, Kenneth, and Sharon Cooper. Mindsight: Near-death and Out-of-body Experiences in the Blind. Bloomington: IUniverse, 2008: 13
[21]Ibid, 26
[22] Ring, Kenneth, and Sharon Cooper. Mindsight: Near-death and Out-of-body Experiences in the blind. Bloomington: IUniverse, 2008: 14
[23] Van Lommel, Pim. Consciousness beyond Life: The Science of the Near-death Experience. New York: HarperOne, 2010: 24
[24] Ring, Cooper, Ibid, 84
[25] Van Lommel, Ibid, 26
[26] Ring, Kenneth, and Sharon Cooper. Mindsight: Near-death and Out-of-body Experiences in the Blind. Bloomington: IUniverse, 2008 :41
[27] Ibid, 85
[28] Ibid, 107
[29] Ibid, 112
[30] Myers, Frederic William Henry. Human Personality and Its Survival of Bodily Death. Vol.1. London: Longmons, 1903
[31] Blackmore, Susan. Dying to Live: Near-Death Experiences. Buffalo, NY: Prometheus, 1993: 124-125
[32] Sabom, Michael B. Recollections of Death: A Medical Investigation. New York: Random House, 1979: 115
[33] Ring, Kenneth, and Sharon Cooper. Mindsight: Near-death and Out-of-body Experiences in the Blind. Bloomington: IUniverse, 2008: 45