19/9/02 Étude Suisse d’ESCs
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19/9/02 Étude Suisse d’ESCs, par Jody A. Long 25/9/02.

Étude Prétendant que la Stimulation Électrique du Cerveau Induit des ESCs

Le 19 septembre 2002, Le journal britannique « Nature » a publié une étude conservatrice avec des résultats prétendument pertinents au sujet de l’état de sortie du corps.[1] L’étude était dirigée par un médecin suisse, Olaf Blanke, et rappelle les travaux antérieurs de Wilder Penfield débutés en 1942, où la stimulation électrique de différentes parties du cerveau produisait la réactivation de souvenirs.[2] Le gyrus angulaire droit intègre l’information visuelle, telle que voir votre corps, et l’information qui crée la représentation mentale de votre corps. Ceci repose sur équilibre et feedback de vos limbes quant à leur position dans l’espace.[3]

Blanke travaillait sur une patiente épileptique et utilisait des électrodes pour stimuler diverses parties du cerveau. Cette patiente rapportait qu’elle « s’enfonçait dans le lit » ou « tombait d’une hauteur ». Quand l’amplitude était augmentée, elle rapportait « Je me vois couchée dans mon lit, d’en haut, mais je ne vois que mes jambes et la partie inférieure de mon tronc ». Elle a dit qu’elle flottait à peu près à deux mètres au-dessus du lit, près du plafond. Lorsque le médecin lui suggère de regarder ses jambes, la patiente rapporte qu’elle voit ses jambes « raccourcir ». Lorsqu’on a répété la stimulation avec ses jambes courbées, elle a rapporté que « ses jambes semblaient se diriger rapidement vers son visage, et elle a bougé pour les éviter ».

Les conclusions basées sur les résultats ci-dessus, « suggèrent que les changements de l’attention visuelle et/ou l’amplitude du courant dans le gyrus angulaire droit pourraient provoquer ces modifications phénoménologiques. Elles suggèrent aussi que l’expérience de dissociation du soi et du corps est le résultat de l’échec d’intégration d’information complexe somatosensorielle et vestibulaire. »

Des séries d’articles de presse ont été promulgués à partir de ce article.

Le 18 septembre 2002, Associated Press, avec Joseph B. Verrengia, a publié un article hautement contestable intitulé “Stress Cited in Out of Body Claims” (Le Stress évoqué dans les allégations de Sortie du Corps). Son reportage irresponsable déclarait que la nouvelle étude suggère que « les expériences de sortie du corps et de mort imminente pourraient être influencées par activation défectueuse d’une partie du cerveau causée par le stress ». Il cite Michael Shermer, psychologue et directeur de la Skeptic Society (Société des Sceptiques), déclarant « Comme tous nos cerveaux sont câblés de manière identique, il n’y a aucune raison de penser que la stimulation de cette région du cerveau ne corrobore pas le résultat. C’est un nouveau coup contre ceux qui croient que l’esprit et l’âme sont en quelque sorte séparés du cerveau. En réalité, toute expérience est dérivée du cerveau. » Il cite le Dr. Bruce Geyson de l’Université de Virginie, comme déclarant, « l’expérience ne prouve pas automatiquement que toutes les ESCs sont des illusions. » Il est possible que certaines ESCs surviennent différemment de ce que les scientifiques suspectent.

Lorsque l’on a questionné Greyson au sujet de cette piètre réponse, il a répondu qu’il avait donné à Verrengia une réponse en 1.000 mots sur la vaste absence de pertinence de cette étude par rapport aux ESCs spontanées, et la totale absence de pertinence pour les EMIs, qui comportent bien plus que des ESCs. Verrengia a choisi une citation indirecte d’une ligne. Greyson a écrit une lettre à l’éditeur de Nature. Il souligne dans la lettre que bien que les sensations de sortie du corps provoquées par stimulation du lobe temporal ressemblent aux ESCs spontanées, ces sensations ne sont pas identiques. Des déformations bizarres de l’image du corps ne surviennent pas dans les ESCs spontanées. Il déclare aussi « qu’il n’y a pas de raison de présumer que toutes les ESCs sont causées par l’activité du lobe temporal juste parce que certaines le sont. De la même manière, on ne peut pas présumer que parce que la stimulation électrique du cerveau peut induire des illusions de type ESC, alors toutes les ESCs sont des illusions ».

Un commentaire du jour posté sur le site internet de Nature dans la catégorie Science Bizarre s’intitule, « Des électrodes déclenchent une expérience de sortie du corps. La stimulation de région du cerveau provoque l’illusion souvent attribuée au paranormal. » L’article a été écrit le 19 septembre 2002 par Helen Pearson. Presque tout son article repose sur un interview avec Blake. Il mentionnait que lorsqu’on a demandé à la femme de « lever son bras, elle a pensé qu’il venait pour lui donner un coup de poing. » Ensuite il fait le grand écart dans la logique en disant que cette observation montre que le syndrome du membre fantôme, rapporté par de nombreux amputés ayant perdu un membre, pourrait être lié à des expériences de sortie du corps. En interviewant John Marshall, neurologiste Anglais, i déclare que les expériences de sortie du corps sont incroyablement communes et certaines font partie d’expérience de mort imminente.

Marsha Walton de CNN a rapporté le 19 septembre 2002 sur CNN.com que « les indices concernant les expériences de sortie du corps pourraient se cacher dans l’esprit, Hommes de Science : un cerveau à l’activation défectueuse à l’origine d’ une sensation bizarre. » L’article était fondé sur la recherche de Blanke et rapporte « le cas d’une femme qui se décrit comme flottant au-dessus de son propre corps et se regardant alors qu’elle est testée et traitée pour épilepsie. » Blanke est cité comme disant « Vous entendez parfois des rapports étranges, mais en cinq ou six ans consacrés à ça, je n’ai jamais eu ce type de réponse auparavant.

Le Dr. Barry Gordon, professeur de Neurologie aux Institutions Médicales John Hopkins est crédité de la discussion sur le membre fantôme attribuée à Blanke dans l’article de Pearson. Le stress causant une ESC, paraphrasé par Verrengia pourrait être attribué à l’article de CNN dans lequel Walton déclare :

« Une expérience de sortie du corps pourrait être une légère déconnection ou mauvaise activation du traitement de l’information. Ensuite, disent Blank et Gordon, le traumatisme causé par l’implantation d’électrodes dans le crâne, ajouté à la peur et l’incertitude associées à une procédure médicale complexe, pourrait contribuer à déclencher cette activation défectueuse de l’information, comme dans le cas de la patiente de Genève. Certaines des meilleures données au sujet de la perception des épileptiques proviennent de l’interview de Walton avec le Dr. Cindy Kubu, neuropsychologue à la Clinique de la Fondation Cleveland. Elle dit:

“Parfois les patients se décrivent comme regardant leurs propres corps d’en haut, et cette expérience est en fait une aura ou un avertissement qu’ils sont sur le point de convulser. Certains patients voient des flashs de lumière, d’autres voient des personnages de bandes- dessinées, d’autres ont des sensations de ‘déjà vu’, ou son contraire, ‘jamais vu’ (ce qui est vraiment une expérience très familière semble survenir pour la première fois).

Tous ces évènements peuvent être des précurseurs de convulsion. »

Discussion

Bien que d’importantes recherches soient attribuées à Blanke, il y a quelques problèmes dans la manière dont l’article lui-même a été rédigé et la conclusion que Blanke tire des observations. Immédiatement apparent est le parti-pris des media contre le phénomène de l’ESC présenté comme rien d’autre qu’une hallucination du cerveau, ce qui représente un exemple flagrant de reportage irresponsable. Le meilleur article est celui de CNN. Le trophée « bâillonne-moi avec une cuillère » va à l’article de Associated Press. Il est particulièrement intéressant de constater comment chaque article s’appuye sur l’autre sans aller vérifier auparavant le bien-fondé de la recherche impliquée. Je n’arrive pas à comprendre que le fait de planter des électrodes dans le cerveau d’une femme, génère des grands titres comme quoi le cerveau est seul responsable des ESCs et des EMIs.

De très curieuse manière, Blanke omet de dire que la recherche de Penfield a montré que plusieurs des souvenirs étaient partiellement ou totalement non factuels. Penfield et d’autres à l’époque ont présumé que ces expériences étaient réelles et qu’on s’en souvenait. Il ne lui est même pas venu à l’esprit de demander si cela pouvait s’agir d’évènements reconstitués. Plus tard, lorsqu’on a questionné les patients sur leurs histoires, on s’est rendu compte que plusieurs de ces évènements n'avaient jamais eu lieu. Par exemple, une patiente a entendu sa mère l’appeler depuis un dépôt de bois. Cette patiente ne s’est jamais approchée d’un dépôt de bois, de toute sa vie. Un autre groupe de souvenirs s’est avéré avoir été fort influencé par la conversation entre le médecin et le patient juste avant le début de la stimulation électrique[4]. Par conséquent, ce que la patiente déclare avoir vu, pourrait ne pas avoir été une vision réelle. Ou, comme suggéré par les résultats de Blanke, cela pourrait avoir subi des distorsions de reconstruction consécutives à l’échec d’intégration d’information complexe somatosensorielle et vestibulaire.

Un autre problème est que l’expérience de cette femme pourrait ne pas être valide et reproductible à l’échelle de toute une population en bonne santé. Clairement, pour des raisons éthiques/morales, cette recherche n’a pas été reproduite ni étudiée dans une population générale. Même Blanke a dit qu’en 5-6 ans de recherche, il n’a jamais vu un phénomène comme cette femme. Nous avons un site internet avec des centaines d’EMIs et d’ESCs, pas juste une seule expérience isolée d’électrodes dans le cerveau. Il n’y a aucune corrélation entre les centaines de comptes-rendus du site internet et ce dont cette femme a fait l’expérience.

J’ai trouvé le commentaire de l’article de CNN par le Dr. Kubu extrêmement utile. Je trouve aussi curieux que si les épileptiques mentionnent des personnages de bandes-dessinées, que les média relient ces hallucinations aux ESCs. Cependant, ceci étant dit, je n’exclus pas que certaines conditions physiques puissent être causées ou activées par une séparation de la conscience du corps. Qui plus est, la plupart des personnes qui ont fait une ESC ou une EMI peuvent facilement faire la différence entre ce qui leur est arrivé et une réponse au stimulus d’une électrode qui a eu lieu chez cette seule femme.,

Il est intéressant que la première phrase définisse une ESC comme « d’habitude des sensations brèves durant lesquelles la conscience d’une personne semble se détacher du corps et se placer à un endroit ayant une perspective éloignée ». Même en utilisant cette définition biaisée, il y a quelques grands sauts logiques basés sur les preuves. Blanke automatiquement suppose que sa seule patiente fait une ESC, et ensuite déclare qu’en stimulant le gyrus angulaire, il peut provoquer des ESCs de façon répétitive. Il déclare après que les ESCs et les illusions peuvent être produites artificiellement par stimulation électrique du cortex. Sont ignorées de façon bien pratique et non reproduites dans ses études, les observations probantes que les EursSC déclarent voir alors qu’ils sont séparés de leur corps. Qui plus est, les EursSC rapportent voir tout leur corps distinct de leur corps astral, comme étant vu à l’extérieur de leur corps physique.

Bien qu'il existe des déclarations contradictoires, il semble que cette patiente percevait probablement son corps réel d’un point de vue comme étant à l'intérieur d'elle-même, phénomène beaucoup plus proche de l'autoscopie (un trouble psychologique) que des ESCs vécues par les EursMI et les EursSC. Son cerveau lui a parlé de ses perceptions déformées par rapport à l'endroit où se trouvaient ses membres et de ce qu'ils faisaient.

Je me demande également, si la patiente était réellement au plafond au-dessus de son corps (comme indiqué dans un article), pourquoi les scientifiques ne l'ont-ils pas interrogée sur les particularités de la pièce ou sur d'autres choses qu'elle aurait pu raisonnablement voir depuis ce point d'observation ? Le fait qu'elle ait vu son corps n'est pas probant car on lui a dit de se concentrer sur sa jambe et elle a vu une jambe déformée qui pourrait être ce que le pouvoir de suggestion lui dit de voir. (Comme les commentaires pré-chirurgicaux de Penfield, incorporés dans la mémoire comme se produisant réellement chez la patiente) Il aurait également été utile de savoir quels étaient ses signes vitaux lorsqu'elle était hors de son corps.

Donc, l’un dans l’autre, l’étude ne dit ni ne prouve ce que les media ou Blanke suggère dans ses derniers interviews. Il y a simplement deux bonnes suggestions de conclusions cohérentes avec les données : 1) des changements dans l’attention visuelle et/ou l’amplitude du courant dans le gyrus angulaire droit pourraient générer les modifications phénoménologiques observées ; et 2) que l’expérience de dissociation du moi hors du corps est le résultat de l’échec d’intégration d’information complexe somatosensorielle et vestibulaire. La question suivante est de savoir dans quelle mesure ces résultats ne concernent que les épileptiques et dans quelle mesure ils concernent le grand public. Il serait exagéré de penser que ces suggestions s'appliquent aux ESCs et aux EMIs.



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[1] Stimulating illusory own-body perceptions (The part of the brain that can induce out-of-body experiences has been located) by Olaf Blanke, et al, Nature, vol 419, p. 269 (2002).

[2] Penfield, W. J Ment Sci 101, 451-465 (1955).

[3] Electrodes trigger out-of-body experience, by Helen Pearson, September 19, 2002, Weird science column of the www.nature.com website.

[4] The Evolution of Consciousness, The Origins of the Way We Think, by Robert Ornstein, Touchstone, New York, NY (1991) p. 189