Attitudes envers les expériences de mort imminente
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Attitudes envers les expériences de mort imminente par Benjamin M. Linzmeier.

Attitudes envers les expériences de mort imminente,

par Benjamin M. Linzmeier, Université du Wisconsin-Eau Claire
Site Web : http://www.visitunderthetree.com

“Un chauffeur de camion blanc, marié, âgé de 55 ans, avait été admis à l'hôpital avec un rythme cardiaque irrégulier et, lors d'une angiographie de diagnostic, avait souffert d'une occlusion coronarienne. Il a ensuite subi un quadruple pontage en urgence, à la suite duquel il a déclaré avoir eu la nette sensation de quitter son corps et d'observer la salle d'opération d'en haut. Il avait rapporté avec précision certains comportements idiosyncrasiques du chirurgien cardiovasculaire, en indiquant quand ils s'étaient produits pendant l'opération. Il avait également décrit avoir été distrait de la scène dans la salle d'opération par une lumière brillante et l'avoir suivie à travers un tunnel jusqu'à un endroit de chaleur, d'amour et de paix, où il avait eu une rencontre apparente avec sa mère décédée et son beau-frère, qui lui avaient fait savoir, sans parler, qu'il devait retourner dans son corps. Il s'était réveillé avec une passion intense pour aider son prochain, et un désir de parler de son expérience, au grand désarroi de sa femme embarrassée”. (Greyson, 2000, p. 315)

Des cas de personnes ayant frôlé la mort et rapportant des expériences inhabituelles durant cet épisode nous ont accompagnés tout au long de l'histoire. Cependant, ces expériences de mort imminente (EMI) n'avaient pas reçu beaucoup d'attention de la part de la culture populaire ou de la communauté scientifique jusqu'à la publication par le Dr Raymond Moody en 1975 du livre : "La vie après la vie". Cet ouvrage présentait des études de cas de personnes qui avaient vécu ce que Moody a qualifié d'expériences de mort imminente (EMI). Peu de temps après la publication du livre du Dr Moody, plusieurs autres chercheurs ont entrepris des études pour voir s'ils pouvaient vérifier ses conclusions.

De 1980 à 1982, deux de ces chercheurs, le psychologue Kenneth Ring et le cardiologue Michael Sabom, ont publié des études détaillées sur les EMIs, avec l’orientation statistique qui manquait à "La vie après la vie". À leur grande surprise, les résultats de leurs études ont largement reproduit les conclusions de Moody. Ring (1980) a identifié 5 étapes de ce qu'il appelle « l'expérience principale ». Ces étapes comprenaient : un sentiment de paix, une séparation d’avec le corps, entrer dans un tunnel, voir la lumière et entrer dans la lumière. Bien que toutes les étapes ne soient pas toujours présentes, Ring a détecté un scénario. Il a déterminé que les sentiments de paix étaient la chose la plus courante, se produisant dans 60% de son échantillon de cas ; après, venaient dans l’ordre suivant : la séparation d’avec le corps, l'entrée dans le tunnel, la vue de la lumière et l'entrée dans la lumière, ce qui s'était produit dans 10% de son échantillon. D'autres phénomènes associés à l'EMI incluaient : le fait d'être accueilli par des voix, des personnes ou des êtres amicaux ; de procéder à un bilan panoramique de la vie qui venait d'être vécue ; une perception différente du temps et de l'espace ; une réticence à retourner sur le plan terrestre et la déception d'avoir été réanimé (Atwater , 1994), ainsi que l'ineffabilité quand on essaie de décrire l’expérience (Sabom, 1982).

Les EMIs ont été présentes à d'autres époques et existent dans toutes les cultures (Zaleski, 1987). L'incidence des EMIs ne semble pas beaucoup fluctuer entre les différentes catégories démographiques telles que le sexe, le statut socio-économique ou la race. Cependant, il existe des différences individuelles ainsi que des différences culturelles. Bien que les personnes qui procèdent à un bilan de vie ne se sentent généralement pas jugées lorsqu'elles examinent leur vie, au moins une personne l'a été. (Serdahély, 1995). L’EMI libère presque invariablement, temporairement, de toute douleur le sujet qui en fait l'expérience. Pourtant, un retour de cette expérience signifie généralement un retour de la douleur physique, mais cette douleur n'est pas revenue dans au moins un cas (Serdahely, 1995).

Il est également important de mentionner que toutes les EMIs sont pas agréables. Bien que les EMIs effrayantes soient en général beaucoup moins fréquentes que les EMIs agréables, il est important de savoir qu'elles peuvent être largement sous-représentées en raison de la stigmatisation qui serait associée au fait de se porter volontaire pour les rapporter, ou d’accepter de raconter une telle expérience. P. M. H. Atwater (1994), une chercheuse sur la mort imminente et quelqu'un qui avait eu elle-même une EMI, a énuméré certains aspects des EMIs infernales, notamment la rencontre d'apparitions sans vie ou menaçantes, d'étendues stériles ou laides, de menaces, de cris ou de silence et de sentiments de danger et la possibilité de violence et / ou torture.

Il n'est pas surprenant de constater que beaucoup de scepticisme persiste à l’égard des expériences de mort imminente. Ce scepticisme a beaucoup à voir avec la culture dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Un bref coup d'œil sur la transformation qui s'est produite dans la pensée et la science aidera à éclairer comment nous avons abouti à un état d'esprit qui tend à s’opposer aux phénomènes tels que les EMIs.

Au cours des derniers siècles, de vastes changements se sont opérés dans la façon dont nous percevons la nature et la réalité. L'accent a été mis sur l'utilisation de la méthode scientifique et sur l'étude uniquement de ce qui est mesurable. Ces méthodes générales ont mis l'accent sur l'analyse empirique, grâce à laquelle nous avons connu des progrès exponentiels dans notre compréhension de la nature. Allant des découvertes concernant le très petit, comme l'atome et ses constituants, l'électron, le neutron et le proton, au très grand comme les galaxies, les amas stellaires et les super amas.

Nous avons fait de grands progrès dans la compréhension des diverses forces dans lesquelles la matière semble opérer. Tout d'abord, Isaac Newton a expliqué l'activité de tout, de la pomme aux planètes, de par sa description de la gravité. Par la suite, Albert Einstein a approfondi ce principe à travers ses théories restreintes et générales de la relativité. La théorie restreinte met l'accent sur l'égalité de tous les points de reference, tandis que la théorie générale étend ce principe pour inclure l'accélération du mouvement et l'interaction de la vitesse, de la masse et du temps. Le travail d'Einstein a contribué à tout nous donner, depuis la télévision jusqu’à la bombe atomique.

La révolution scientifique a eu des avantages pratiques qui ont également amélioré la qualité de vie de nombreuses personnes. En Europe, au Moyen Âge, les maladies sévissaient. Cela a été le plus évident pendant la période de la peste noire. Les conditions de vie en Europe avant, et pendant la peste noire, étaient très mauvaises. La plupart des villageois vivaient dans des huttes en bois. Même les villageois installés dans des maisons en pierre sans fenêtres souffraient. Il était courant que les animaux de la ferme passent la nuit dans les maisons de leurs propriétaires. Les conditions de vie de la noblesse étaient presque aussi mauvaises. Les écuries étaient situées au même endroit où l’on cuisait le pain. Dans la cuisine, les mouches étaient libres d'aller et venir à leur guise. La famille noble passait la plupart de son temps dans une salle qu'elle utilisait pour manger, dormir, faire des banquets et même se soulager (Marks, 1971).

D'après la description susmentionnée, il n'est pas étonnant que les puces et autres vermines aient pu transporter des maladies si facilement. La dévastation suscitée par la peste, qui a anéanti 250 000 000 personnes, soit un quart de la population de l'Europe entre 137 à 1351 (Marks, 1971), a été aggravée par l'ignorance des gens des principes impliqués dans la propagation de la maladie. Cette tragédie aurait-elle été aussi vaste si les vaccins et autres progrès de la technologie médicale, ainsi que les meilleures pratiques d'hygiène qui ont suivi la révolution scientifique, avaient déjà été en place ? On ne peut que spéculer.

De telles avancées nous ont donné confiance que nous pouvons manipuler et améliorer notre monde en comprenant la nature et les processus physiques. Émerger de « l'âge des ténèbres » nous a donné un sentiment de liberté, que nous n'avons pas à dépendre d'une puissance supérieure pour contrôler notre destin. Nous sommes devenus très aptes à étudier le monde physique. Ainsi, lorsque nous sommes confrontés à un phénomène de nature non physique, beaucoup deviennent sceptiques. Comment évaluer les EMIs alors qu'il ne s'agit que d'événements subjectifs ? Il n'y a pas de facettes testables et mesurables dans les EMIs, n'est-ce pas ?

Ces questions ont empoisonné le domaine des études sur la mort imminente, l'empêchant d'être considéré comme légitime aux yeux de beaucoup. Cependant, un vaste ensemble de preuves appuie l'existence des EMIs. Certaines de ces preuves proviennent d'une vision apparente chez les aveugles, de la corroboration d'autres personnes et de faits que le sujet ayant eu l'EMI n'aurait pas pu connaître, s'il était inconscient.

Les EMIs semblent être un phénomène relativement courant. Comme indiqué au début de cet article, elles ont été présentes tout au long de l'histoire. Les EMIs surviennent au sein d'environ 5 % de la population. Un sondage Gallup et Proctor (1982) est parvenu à cette estimation dans le cadre d'une enquête auprès de 1 500 adultes américains. Ceci est cohérent avec l'examen d'une population âgée (Olson et Dulaney, 1993). Ceci est également assez cohérent avec une étude non publiée que j'ai achevée récemment (Linzmeier, 2001). Je suis arrivé à un taux d'incidence global de 7,5 %, l'incidence étant plus élevée parmi les sujets âgés de 55 ans ou plus (17,4 %) que chez les moins de 55 ans (4,7 %). Il convient de noter que j'avais beaucoup plus de participants non âgés (84) que de participants âgés (23). L'une des raisons pour l’incidence plus élevée chez les personnes âgées est qu'elles sont là depuis plus longtemps et qu'elles ont eu plus de chances d'avoir une EMI. La littérature indique bien que les EMIs existent, quoique leur interprétation soit largement débattue.

Kenneth Ring et Sharon Cooper (1997) ont mené une étude sur 31 personnes aveugles, dont beaucoup ont déclaré avoir pu voir pendant leur EMI. Vingt-et-une de ces personnes avaient eu une EMI, tandis que les dix autres avaient eu une expérience hors du corps (EHC), mais aucune EMI. Il a été constaté que dans l'échantillon des sujets ayant eu une EMI, environ la moitié était aveugle de naissance. En tout, quinze des vingt-et-un sujets ayant eu une EMI, et 9 des dix sujets ayant eu une expérience hors du corps, avaient pu voir pendant leur experience, tandis que les participants restants ont affirmé qu'ils n'avaient pas vu ou n'étaient pas sûrs d'avoir vu ou non. Presque tous les aveugles non voyants, ou indécis, étaient aveugles de naissance. Les personnes aveugles qui ont apparemment vu, ont rapporté des EMIs qui incluaient des éléments similaires aux EMIs traditionnelles, comme regarder des médecins les opérer, ainsi que des perceptions d'un autre monde telles que la lumière rayonnante, des anges ou des personnalités religieuses, des parents décédés, etc. (Ring & Cooper, 1997).

Pourtant, les sceptiques soutiendraient que la vision rapportée chez les aveugles ainsi que les EMIs en général sont dénuées de sens en l’absence de preuves pour étayer leurs affirmations. En fait, certaines preuves préliminaires de la validité de ces affirmations existent dans des preuves corroborantes.

Ring et Cooper (1997) présentent un tel cas de corroboration. Une femme devenue aveugle à la suite d'une intervention chirurgicale bâclée était précipitée dans un couloir sur une civière. L'un des préposés l'a accidentellement projetée contre un ascenseur fermé. À ce stade, elle a eu une expérience hors du corps durant laquelle elle a pu voir son propre corps d'en haut, ainsi que le père de son fils et son amant actuel, tous deux au bout du couloir.

Par la suite, l'ancien amant, qui n'avait pas eu de contact avec cette femme depuis 7 ans avant d'être interrogé, a fourni une description similaire de ce qui s'était passé ce jour-là, notamment qu'il se tenait à côté du père de l'enfant de la femme, et de l’incident survenu à l'ascenseur (Ring & Cooper, 1997).

Bien que les récits documentés de corroboration soient moins courants que les récits anecdotiques de corroboration, et soient jugés plus importants, les récits anecdotiques peuvent être éclairants pour décrire la nature de tels incidents.

“Quand je me suis réveillée après l'accident, mon père était là, et je ne voulais même pas savoir dans quel état je me trouvais, comment j'allais ou comment les médecins pensaient que j’irais. Tout ce dont je voulais parler, c'était de l'expérience que j'avais vécue. J'ai dit à mon père qui avait traîné mon corps hors du bâtiment, et même la couleur des vêtements que portait cette personne, et comment ils m'avaient fait sortir, et même toutes les conversations qui avaient eu lieu à cet endroit. Et mon père a dit : 'Eh bien, oui, ces choses sont vraies.' Pourtant, mon corps était physiquement inconscient tout ce temps-là, et il n'y avait aucun moyen que j'aie pu voir ou entendre ces choses sans être à l'extérieur de mon corps”. (Moody, 1975, p. 122-123)

Il y a eu des tentatives plus directes pour essayer de prouver l'existence des EMIs. Greyson (2000) note que certaines études ont été entreprises dans lesquelles des « cibles » avaient été placées près du plafond dans des salles d'urgence. Dans une étude, des morceaux de carton colorés avaient été choisis au hasard et placés dans différents coins de la pièce. Dans une autre, un écran à diodes électroluminescentes projetait chaque jour une phrase absurde différente. Les études ont été menées pendant un an et sur six mois, respectivement. Cependant, aucune des deux études n'est tombée sur un sujet ayant eu une EMI.

Il est clair que les chercheurs dans le domaine des études sur la mort imminente, et les recherches qu'ils mènent, seront scrutés à la loupe et, dans certains cas, rejetés par les sceptiques et d'autres chercheurs. C'est à prévoir. Pourtant, qu'en est-il des sujets mêmes qui ont eu des EMIs ? Quelles réactions reçoivent-ils à leurs histoires incroyables ?

Malheureusement, les sujets ayant eu une EMI ont souvent été critiqués ou rejetés lorsqu'ils racontaient leurs histoires. Cela peut être particulièrement dévastateur pour ceux que leurs proches, ou des personnes très proches, traitent de cette manière. Très souvent, la première personne à qui le sujet ayant eu l'EMI parle suite à son expérience est une infirmière, ou un médecin, ou un responsable médical. Cependant, ces personnes peuvent avoir également un grand impact sur le sujet qui a eu l'EMI, comme en témoigne ce passage.

“[Avez-vous essayé de communiquer à quelqu'un quoi que ce soit de l'expérience ?]

“Ouais, j’ai dit à l'infirmière le lendemain matin que j'avais quitté le lit, que j’étais sorti dans le couloir et elle m'a dit que c'était impossible, que j'avais eu des hallucinations, et de laisser tomber le sujet. Et qu’elle n'avait pas le temps pour des bêtises comme ça.

“[Avez-vous essayé d’en parler à quelqu'un d'autre ?]

“Ouais, j'ai essayé d’en parler à mon interniste. Quand personne ne voulait m'écouter à propos de tout ça, j'ai demandé à mon interniste si je pouvais voir un psychiatre et il m'a dit que non, que j'allais très bien. Ils n'arrêtaient pas de me dire que j'allais très bien. Ils ne faisaient qu'ignorer l'expérience. J'étais le seul qui ne l'ignorais pas. J'avais très envie de voir un psychiatre.

“[Pour quelle raison ?]

“Parce qu'il se passait des choses que je ne comprenais tout simplement pas et j'ai pensé que peut-être le psychiatre pourrait m'aider à comprendre. Je pensais vraiment que le psychiatre, à ce moment-là, offrirait la réponse à toute ma confusion et que personne ne comprenait, personne ne voulait de moi.

“[Qu'est-ce que cela vous a fait ressentir ?]

“Je n'arrêtais pas de me renfermer de plus en plus dans mon propre monde. Je n'avais vraiment pas envie de continuer à vivre. Je voulais vraiment retourner dans le tunnel. Je voulais vraiment mourir ”. (Ring, 1984, p. 93)

Ce passage illustre l'importance d'un certain degré de compréhension et d'empathie pour le sujet qui a eu l'EMI. Il faut bien comprendre que pour ce sujet, l'expérience n'est pas simplement une hallucination comme certaines personnes le prétendent fréquemment. En fait, les personnes qui ont eu une EMI et qui ont également vécu des hallucinations considèrent leur EMI comme étant “ plus réelle ” que la réalité ordinaire qui, à son tour, est “ plus réelle ” que les hallucinations qu'ils ont vécues (Greyson, 2000). Heureusement, la popularité récente des EMIs dans les médias a contribué à créer une plus grande prise de conscience parmi les professionnels et les laïcs qu'il y a deux décennies.

Ketzenberger et Keim (2001) ont noté que, malgré les nombreuses études réalisées sur les sujets ayant eu une EMI, ainsi que leurs croyances et valeurs, peu de recherches ont été menées sur le même sujet au sein des populations n'ayant pas eu d'EMI. Il semble y avoir une corrélation entre la connaissance des EMIs et les attitudes à leur égard. Les personnes qui ont une meilleure connaissance des EMIs ont tendance à avoir des attitudes plus positives (Ketzenberger & Keim, 2001).

Il semble y avoir de grandes différences culturelles dans les croyances sur les EMIs. Dans le cadre d'une étude menée en Australie, 58 % des participants ont interprété une vignette d'EMI comme une preuve possible d'une vie après la mort et 15 % ont pensé qu'il s'agissait de rêves ou d'hallucinations. (Kellehear & Heaven, 1989). Cela contraste fortement avec une étude chinoise dans laquelle 58% des participants pensaient qu'il s'agissait de rêves ou d'hallucinations et 9% pensaient qu'il s'agissait de preuve d'une vie après la mort (Kellehear, Heaven et Gao, 1990).

Dans le cadre de mon étude, j'ai examiné la familiarité avec les EMIs et leur explication au sein d'une population qui n'avait pas eu d'EMI. Au sein de la population qui n'avait pas eu d'EMI, et qui connaissait très bien les EMIs, 64 % pensaient qu'elles étaient de nature transcendante. Parmi ceux qui les connaissaient un peu, 66% pensaient qu'elles étaient de nature transcendante. Parmi ceux qui ne les connaissaient pas, 44% pensaient qu'elles étaient de nature transcendante. Bien que ces statistiques ne soient pas accablantes, elles semblent indiquer que là où il existe une certaine connaissance des EMIs, il y a une plus grande probabilité qu'elles soient considérées comme de nature transcendante. D'autres explications disponibles comprenaient une explication psychologique et une explication physiologique, qui ont été sélectionnées avec une fréquence similaire, bien que moindre (Linzmeier, 2001).

Devons-nous nous concentrer uniquement sur la preuve absolue de l'existence des EMIs dans le cadre de la science occidentale actuelle ? Bohm et Peat (2000) parlent d'un “ jeu créatif ” qui peut être utilisé pour promouvoir une pensée originale et de nouvelles connexions entre les idées existantes. Malheureusement, notent-ils, le jeu créatif est largement sous-utilisé au sein de la communauté scientifique aujourd'hui.

L'absence de jeu créatif et l'adhésion aux paradigmes établis augmentent jusqu'à ce que le scientifique ne soit pas conscient de sa position limitée (Bohm & Peat, 2000). L'infrastructure actuelle de la pensée scientifique repose sur la spécialisation, souvent au détriment de la créativité et de la pensée novatrice. Certes, les spécialistes acquièrent une meilleure connaissance de leurs domaines respectifs, mais à quel prix ? Ces personnes pourraient-elles ne pas être conscientes de la situation dans son ensemble, pendant qu'elles approfondissent de plus en plus leurs propres domaines ?

Le jeu créatif permettrait à ceux qui travaillent dans le domaine des études sur la mort imminente d'examiner les caractéristiques de l'expérience, même celles de nature transcendante, sans prouver absolument l'existence des EMIs. Peut-être que ce faisant, une méthode pour prouver ou réfuter leur existence pourrait même apparaître.

Il est évident que des EMIs se produisent, bien que leurs interprétations et explications varient. L'EMI est très réelle pour les sujets qui en font l'expérience, et les réactions qu'ils rencontrent de la part de leurs amis, de leur famille et des médecins ont un impact considérable sur la façon dont ils font face à leur nouvelle vision de la vie. Bien que les sujets qui aient eu une EMI aient traditionnellement été traités avec malveillance ou indifférence lorsqu'ils racontaient leurs histoires, la popularité croissante des EMIs dans les médias ainsi qu'en milieu universitaire, a contribué à susciter une meilleure compréhension. Par exemple, dans mon étude, seulement 25 % des participants n'étaient pas familiers avec les EMIs. (Linzmeier, 2001)

Bien que la recherche sur les études de mort imminente repose en grande partie sur la validation de leur existence réelle, une analyse plus approfondie de leur nature est toujours justifiée. Peu importe si les EMIs sont de nature transcendante ou si elles peuvent être expliquées en tant que phénomène psychologique ou physiologique : elles restent d'une grande importance. L'idée d'un jeu créatif mentionnée par Bohm et Peat (2000) devrait être utilisée afin d'approfondir notre connaissance des EMIs. Les études sur la mort imminente peuvent également informer, ou être informées, par d'autres disciplines telles que la physique, la neurologie et la psychologie, afin que nous acquérions une meilleure compréhension de la nature de la science et de la réalité.


Références

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Gallup, G. & Proctor, W. (1982) : Adventures in immortality: A look beyond the threshold of death/Aventures dans l'immortalité : Un regard au-delà du seuil de la mort). NY: McGraw-Hill.

Greyson, B. (2000) : Near death experiences/Expériences de mort imminente. In E. Carde'a, S. J. Lynn & Stanley Krippner (Eds). Varieties of anomalous experience/Variétés d'expériences anormales (pp.315-352). Washington DC: American Psychological Association.

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Kellehear, A., Heaven, P. & Gao, J. (1990) : Community attitudes toward near-death experiences: A Chinese study/Attitudes de la communauté envers les expériences de mort imminente : une étude chinoise. Journal of Near-Death Studies, 8, 163-172.

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Linzmeier, B. M. (2001) : Incidence and causes of the near-death experience and life review among the elderly and non-elderly/Incidence et causes de l'expérience de mort imminente et bilan de vie chez les personnes âgées et non âgées. Document de recherche principale non publié, Université du Wisconsin-Eau Claire.

Moody, R. (1975) : La vie après la vie. Pennsylvania, PA: Stackpole.

Olson & Dulaney (1993). Life satisfaction, life review, and near-death experiences in the elderly/Satisfaction à l'égard de la vie, bilan de vie et expériences de mort imminente chez les personnes âgées. Journal of Holistic Nursing, 11, 368-383.

Ring, K. (1980) : Life At Death/La vie à la mort. New York: Coward, McCann & Geoghegan.

Ring, K. (1984) : Heading toward omega: In search of the meaning of the near-death experience/En route vers oméga : A la recherche du sens de l'expérience de mort imminente. NY: William and Morrow and Company, Inc.

Ring, K. & Cooper, S. (1997) : Near-death and out-of-body experiences in the blind: A study of apparent eyeless vision/ Expériences de mort imminente et hors du corps chez les aveugles : une étude de la vue apparente sans yeux. Journal of Near-Death Studies, 16, 101-147.

Sabom, M. (1982) : Recollections of Death: A Medical Investigation/Souvenirs de la mort : Une enquête médicale. New York: Simon & Schuster.

Serdahely, W. J. (1995) : Variations from the prototypic near-death experience: The individually tailored hypothesis/Variations par rapport à l'expérience prototypique de mort imminente : l'hypothèse individualisée. Journal of Near-Death Studies, 13, 185-196.

Zaleski, C. (1987) : Otherworldly Journeys: Accounts of Near-Death Experience in Medieval and Modern Times/Voyages vers un autre monde: récits d'expériences de mort imminente à l'époque médiévale et moderne. New York: Oxford University Press.