EMI du soldat Dowding
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DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE :

Histoire personnelle d’un soldat tué au combat, avec les notes de Wellesley Tudor Pole, auteur de « The Silent Road ».

Sixième édition révisée Neville Spearman (éditeur), Copyright Wellesley Tudor Pole 1966, Première publication août 1917- Deuxième édition Septembre 1917-Troisième édition Novembre 1917-Quatrième édition Octobre 1918- Cinquième édition Janvier 1943- Sixième édition 1966, Imprimé en Grande Bretagne par Clarke, Doble and Brendon, Ltd.Cattedown, Plymouth



PREFACE DE LA SIXIEME EDITION

Depuis la première parution de ce livre, il y a presque un demi-siècle, de nombreux dossiers de qualité ont été publiés, l’intention étant de décrire les conditions dans lesquelles nous passons lorsque l’heure arrive pour nous de quitter la planète. Dans une certaine mesure, « Private Dowding » s’est avéré être un pionnier en ce domaine. Ce livre a marqué une époque et il devrait être lu comme tel, bien que selon moi le Message qu’il contient n’ait jamais eu davantage de pertinence qu’aujourd’hui. Tout comme nos expériences sur terre sont absolument individuelles et personnelles pour chacun d’entre nous, il semblerait qu’il en soit de même pour les expériences que nous vivons lorsque nous passons dans l’autre monde. En dépit de cela, il est pour moi à la fois remarquable et significatif que la plupart des écrits actuels sur cet important sujet, tendent largement à se confirmer les uns les autres dans les descriptions de la situation à cette « frontière ».

En ce qui concerne les détails il faut se souvenir qu’il n’existe pas deux personnes vivant un même événement, y compris sur terre, qui puissent le raconter ou le mémoriser de la même manière. C’est naturel et ces différences de perception, de vision doivent par conséquent teinter les différents récits de ce qui nous arrive après la « mort ».

Ce livre contient un certain nombre de prédictions très optimistes concernant le bien-être à venir de l’espèce humaine. Un mot d’avertissement est ici nécessaire. Pour ceux qui vivent aux confins du temps et de l’espace, il est concevable qu’un millier d’années en « temps » humain semble occuper la période d’une seule « Journée ». Je ne doute pas que les prophéties, fournies par le « Messager » en partie III de ce livre, soient destinées à s’accomplir longtemps avant que notre planète ne cesse de fonctionner en tant qu’entité vivante. Certes, c’est la mission de l’homme de faire tout ce qui est en son pouvoir pour amener « l’Age d’Or », dont parle le « Messager », plus tôt qu’il ne semble raisonnablement possible à nos visions restreintes. Nous devrions faire tout notre possible avec ce dessein en vue, même s’il peut paraître lointain et presque hors de portée de notre foi et de notre compréhension actuelle. Nous pouvons prendre à la fois courage et consolation dans le fait qu’une impulsion spirituelle nouvelle se fait maintenant sentir parmi nous, que notre Créateur oeuvrant dans le cœur et les esprits des hommes, toutes choses sont non seulement possibles mais seront effectivement harmonieusement accomplies en temps voulu, à la fois dans le temps et dans l’éternité.

W. T. P.



INTRODUCTION

Le lundi 12 mars 1917, je marchais au bord de la mer lorsque j’ai senti une présence. Je me suis retourné, personne n’était en vue. Tout le jour, j’ai eu la sensation que quelqu’un me suivait, essayant d’atteindre mes pensées. J’ai tout à coup pensé : « C’est un soldat. Il a été tué au combat et il veut communiquer. ».

Il se trouve que je suis allé ce soir là chez une dame qui possède une certaine faculté de voyance. J’avais oublié le soldat jusqu’à ce qu’elle décrive un homme habillé en kaki, assis sur une chaise près de moi. Il regardait intensément dans ma direction. Elle a dit qu’il était d’âge mûr, qu’il portait une petite moustache et paraissait plus ou moins triste. Ce n’était apparemment pas un personnage très intelligent, honnête cependant. Je suis rentré chez moi et je me suis assis à mon bureau. Immédiatement ma plume a bougé. L’avais-je déplacée ? Oui, d’une manière involontaire en quelque sorte. Les pensées n’étaient pas les miennes, le langage un peu inhabituel. Les idées étaient communiquées en expressions simples et courtes. Il semblait vraiment qu’une intelligence autre que la mienne s’exprimait au travers de ma pensée et de ma plume.

Certaines pensées ne sont pas conformes à mes idées préconçues. Les messages que j’ai reçus de cette manière de « Thomas Dowding », reclus, maître d’école, soldat, ont été mis par écrit exactement telles qu’ils sont arrivés à moi.



LE DESERT

Une grande vérité est devenue ma compagne constante. Je la résume ainsi : « Faites le vide en vous si vous voulez être empli.. »

Soldat Dowding

12 mars 1917, 9 h.



Je suis reconnaissant de cette opportunité. Vous ne réalisez peut-être pas à quel point certains d’entre nous désirent ardemment parler à ceux que nous avons laissés derrière nous. Il n’est pas facile de faire passer les messages avec exactitude. Ils sont si souvent perdus en cours de transmission ou mal interprétés. Parfois l’imagination du récepteur tisse une curieuse toile autour des pensées que nous tentons de transmettre. Les idées que nous voulons communiquer sont alors soit perdues, soit défigurées.

Avant la guerre, j’étais maître d’école dans une petite ville de la côte est. J’étais orphelin, plus ou moins reclus, je me faisais des amis mais lentement. Mon nom n’a pas d’importance ; apparemment, les noms ne sont pas nécessaires ici. Je suis devenu soldat à l’automne 1915, j’ai laissé mon étroite vie villageoise derrière moi. Bien que ces détails soient de peu d’importance, ils peuvent servir de contexte pour ce que j’ai à dire. Je me suis engagé comme soldat et je suis mort en tant que tel. Mon service n’a duré que neuf mois, dont huit à l’entraînement dans le Northumberland. Je suis parti en France avec mon bataillon en juillet 1916, nous sommes allés dans les tranchées presque immédiatement. Un soir d’août, j’ai été tué par un éclat d’obus, je crois que mon corps a été enterré le lendemain. Comme vous le constatez, je passe rapidement sur ces détails sans importance, ils en ont eu pour moi autrefois, mais ils n’ont pas vraiment de conséquences maintenant. A quel point surestimons-nous la portée des évènements terrestres, on ne s’en rend vraiment compte que lorsque l’on est libéré des liens de la terre. Bref, mon corps est rapidement devenu de la chair à canon, rares sont ceux qui m’ont pleuré. Je n’ai joué qu’un rôle insignifiant dans la tragédie mondiale qui continue de se dérouler.

Je reste une personne sans importance, mais j’ai le sentiment de devoir dire certaines choses avant de partir. Je craignais la mort, mais c’était naturel alors. J’étais timoré, je redoutais même la vie et ses pièges. J’avais donc peur d’être tué et j’étais sûr que cela signifiait disparaître. Beaucoup de gens le croient toujours. C’est parce que la disparition n’est pas venue à moi que je souhaite vous parler. Puis-je me permettre de décrire mes expériences ? Peut-être se révèleront-elles utiles pour certains. Combien il est nécessaire que quelques uns parmi nous parlent depuis cette frontière ! Les barrières doivent être brisées. C’est une des façons de le faire. Ecoutez donc ce que j’ai à dire :

La mort physique n’est rien. Il n’y a en fait aucune raison d’avoir peur. Certains de mes amis ont eu du chagrin pour moi. Quand je suis « parti à l’ouest », ils ont pensé que j’étais mort pour de bon. C’est bien ce qui s’est produit. Je me souviens très nettement de tout l’incident. A l’angle d’un boyau, j’attendais pour prendre ma garde. C’était une belle soirée. Je n’avais pas de prémonition particulière du danger, jusqu’à ce que j’entende le sifflement d’un obus. Une explosion a suivi. Je me suis instinctivement recroquevillé, mais trop tard. Quelque chose m’a frappé très, très, très durement dans le cou. Perdrai-je jamais le souvenir de cette dureté ? C’est le seul élément désagréable dont je me souvienne. Je suis tombé, ce faisant je n’ai ressenti aucune période d’inconscience, je me suis retrouvé en dehors de moi-même ! Vous voyez, je raconte mon histoire simplement ; vous la trouverez plus facile à comprendre. Vous allez apprendre à quel point mourir est un petit incident.

Pensez-y ! A un moment j’étais vivant, au sens terrestre, regardant par dessus le parapet d’une tranchée, tranquille, normal. Cinq secondes plus tard, je me trouvais hors de mon corps, aidant deux de mes camarades à porter mon corps, le long du labyrinthe des tranchées, en direction d’une infirmerie. Ils croyaient que j’étais sans connaissance mais vivant. J’ignorais si, à cause du choc de l’obus, j’avais sauté hors de mon corps temporairement ou pour toujours. Vous voyez que la mort est un petit événement, même la mort violente au combat ! J’avais l’impression de rêver. Auparavant, j’avais déjà rêvé que quelqu’un ou quelque chose m’avait assommé. Maintenant, je rêvais que j’étais hors de mon corps. Bientôt j’allais me réveiller et me retrouver dans le boyau, attendant mon tour de garde…tout est arrivé si simplement. La mort pour moi était une simple expérience – pas une horreur, pas une souffrance prolongée, pas un conflit. Elle vient pour beaucoup de la même manière. Mes camarades ne doivent pas craindre la mort. C’est le cas de peu d’entre eux ; néanmoins la crainte sous-jacente d’une éventuelle disparition existe. J’en avais peur ; de nombreux soldats sont dans ce cas, mais ils ont rarement le temps de penser à ce genre de choses. Comme dans mon cas, des milliers de soldats meurent sans le savoir. S’il y a choc, ce n’est pas celui de la mort physique. Le choc vient plus tard, quand la compréhension apparaît : « Où est mon corps ? Je ne suis sûrement pas mort ! ». Dans mon propre cas, à l’époque je n’en savais pas davantage que ce que j’ai déjà raconté. Lorsque je me suis rendu compte que mes deux camarades pouvaient porter mon corps sans mon aide, je me suis laissé distancer. J’ai simplement suivi de manière étrangement humble. Humble ? Oui, parce que je paraissais tellement inutile. Nous avons rencontré des brancardiers. Mon corps a été déposé sur un brancard. Je me demandais quand j’allais le réintégrer. Vous voyez, j’étais si peu « mort », que j’imaginais être toujours (physiquement) en vie. Réfléchissez-y un moment avant de continuer. J’avais été touché par un éclat d’obus. Il n’y a pas eu de douleur. La vie a été chassée de mon corps ; encore une fois, je le répète, il n’y pas eu de douleur. J’ai ensuite découvert que l’intégralité de moi-même, tout, c’est à dire ce qui pense, voit, sent et sait – était toujours vivant et conscient ! J’avais entamé un nouveau chapitre de vie. Je vais vous dire comment je me sentais. C’était comme si j’avais couru très vite, jusqu’à ce qu’échauffé et à bout de souffle, je jette mon pardessus. Ce manteau, c’était mon corps, si je ne l’avais pas jeté, j’aurais étouffé. Je ne peux mieux décrire cette expérience, il n’y a rien d’autre à expliquer.

Mon corps a été emmené à l’infirmerie la plus proche, après examen il a été transféré dans une morgue. Je suis resté près de lui toute la nuit, contemplant sans réfléchir. C’était comme si mon être, mes sentiments et ma pensée avaient été « suspendus » par une Force extérieure à moi-même. Cette sensation m’a progressivement envahi à mesure que la nuit avançait. Je m’attendais toujours à me réveiller à nouveau dans mon corps, pour autant en fait que j’aie attendu quoi que ce soit. J’ai ensuite perdu connaissance et j’ai dormi profondément.

Aucun détail ne semble m’avoir échappé. Lorsque je me suis réveillé, mon corps avait disparu ! Oh combien j’ai cherché et cherché ! J’ai commencé à me rendre compte que quelque chose de bizarre s’était produit, même si j’avais toujours la sensation de rêver et de devoir me réveiller bientôt. Mon corps avait été enterré ou incinéré, je ne l’ai jamais su. J’ai rapidement cessé de le rechercher. Alors le choc est arrivé ! Il est venu sans avertissement, soudainement. J’avais été tué par un obus allemand ! J’étais mort ! Je n’étais plus vivant. J’avais été tué, tué, tué ! Il est curieux que je n’aie pas été choqué lorsque j’ai été extrait de mon corps, au tout début. Maintenant le choc était là et il était très réel. J’ai tenté de penser à rebours, mais ma mémoire était engourdie (elle est revenue plus tard).

Comment se sent-on quand on est « mort » ? On ne peut l’expliquer parce qu’il n’y a rien à expliquer ! Je me sentais libre et léger. Mon être paraissait s’être étendu. Ce ne sont que des mots. Je peux juste vous dire ceci : la mort n’a rien d’inconvenant ni de choquant. Vivre ce « passage » est si simple que la description en est indigente. D’autres vivent peut-être des expériences différentes, d’une nature plus complexe à raconter. Je l’ignore…

Lorsque je vivais dans un corps physique, je n’y ai jamais beaucoup réfléchi. J’avais une bonne santé. Je savais très peu de choses sur la physiologie. Maintenant que je vis dans d’autres conditions, je reste sans curiosité à l’égard du vecteur grâce auquel je m’exprime. Je veux dire par là qu’il est évident que je suis toujours dans un genre de corps, mais je ne peux vous en dire que très peu de choses. C’est sans intérêt pour moi. Il est pratique, ne ressent ni douleur, ni fatigue, il semble être de forme similaire à mon ancien corps. Il existe une différence subtile, mais je suis incapable d’en tenter l’analyse.

Laissez-moi vous raconter ma première expérience, après que j’aie quelque peu récupéré du choc suivant ma prise de conscience du fait d’être « mort ». J’étais sur le champ de bataille, ou plutôt au dessus. J’avais l’impression de flotter dans une brume étouffant les sons et brouillant la vision. A travers ce brouillard filtrait une pâle image et quelques sons très faibles. C’était comme regarder par le petit bout d’une lunette. Tout était lointain, petit, brumeux, irréel. Des armes tiraient. Tout cela aurait pu se situer à des millions de kilomètres. La détonation ne m’atteignait pratiquement pas ; J’étais conscient des explosions d’obus sans vraiment les voir. Le sol paraissait tout à fait vide. Aucun soldat n’était visible. C’était comme regarder à travers les nuages, pourtant ce n’est pas non plus une bonne description. Lorsqu’un obus meurtrier explosait, alors la sensation était beaucoup plus proche de moi. Le bruit et le tumulte passaient la ligne frontière, accompagnant les vies des victimes. Etrange manière d’exprimer cela. Pendant tout ce temps, j’étais très solitaire. Je n’avais conscience d’aucune présence près de moi. Je n’étais pas dans le monde matériel, je ne pouvais non plus être certain de me trouver où que ce soit !!! J’étais seulement conscient de ma propre existence en état de rêve. Je pense que je me suis endormi pour la deuxième fois, j’ai dû rester longtemps inconscient dans un état sans rêve.

Finalement je me suis éveillé. Puis une nouvelle sensation m’est venue. C’était comme si je me tenais sur un pinacle, tout ce qui était essentiel en moi. Le reste s’en allait, s’en allait. Tout ce qui appartenait à la vie corporelle paraissait tomber dans un abysse sans fond. Je n’éprouvais aucun sentiment de perte irréparable. Mon être semblait à la fois minuscule et étendu. Tout ce qui n’était pas vraiment moi chutait en glissant au loin. La sensation de solitude s’est approfondie.

Je trouve qu’il n’est pas facile de m’exprimer. Si les idées ne sont pas claires, vous n’y êtes pour rien. Vous mettez seulement par écrit ce que je j’imprime en vous. Comment sais-je cela ? Je ne vois pas votre plume, mais je vois mes idées alors qu’elles sont saisies, mises en forme par votre esprit. Par « mises en forme », je veux peut-être dire « mises en mots ». Il est possible que d’autres ne ressentent pas cette solitude. Je ne peux dire si mes expériences sont communes à de nombreuses personnes dans une situation similaire. Lorsque je me suis réveillé pour la deuxième fois, je me suis senti restreint au début. Cette sensation est passée et une autre, de réelle liberté, m’a envahi. Mon fardeau a disparu. Je pense que mes nouvelles facultés sont en ordre de marche maintenant. Je peux raisonner, penser, sentir et bouger… Je suis simplement moi-même, vivant, dans une zone où la nourriture et la boisson ne semblent pas nécessaires. Sinon, la « vie » est étrangement similaire à la vie terrestre. Une « continuation », mais avec davantage de liberté. Je n’ai rien d’autre à ajouter pour le moment. Me permettrez-vous de revenir et d’utiliser votre esprit à nouveau ? Je vous en serais tellement reconnaissant.

13 mars 1917, 20 h

Vous êtes bien aimable avec moi. Vous me prêtez un pouvoir que je ne possède plus, le pouvoir de communiquer des informations à mes frères humains sur terre. Je peux utiliser votre esprit librement car je vois que vous avez délibérément enchaîné votre imagination, grâce à cela je peux imprimer en vous librement et clairement. Ainsi, vous pouvez remarquer que je suis arrivé un peu plus loin sur mon nouveau chemin. On m’a aidé. Je me suis également remis du « choc », non pas celui de ma transition, mais du fait de l’avoir reconnue. Il ne s’agit pas d’une subtilité, c’est exactement ce que je veux dire. Je ne suis plus seul, j’ai rencontré mon cher frère. Il est arrivé ici il y a trois ans et il est descendu pour m’Accueillir. Le lien qui nous unit est fort. William m’a dit n’avoir pu m’approcher durant une longue période. L’atmosphère était tellement épaisse. Il avait espéré m’atteindre à temps pour m’éviter le « choc » dont j’ai parlé, mais cela s’est avéré impossible.

Il s’occupe des nouveaux arrivants et il a une grande expérience.

Une grande partie de ce qui suit est venu à moi à travers lui ; je l’ai intégré, ainsi je peux le retransmettre. Vous voyez, je suis toujours habité par le souhait de faire de mon expérience, de mon aventure, une aide pour autrui, pour ceux qui ne sont pas encore arrivés ici.

Il semble qu’il existe des Salles de Repos dans cette zone, spécialement préparées pour les pèlerins récemment arrivés. Je vais utiliser votre langage. Nous ne pouvons transmettre nos expériences qu’avec approximation. Il est quasiment impossible de décrire en PAROLES les conditions qui règnent ici, ne l’oubliez pas. Mon frère m’a amené dans une de ces Salles de Repos. La confusion m’a quitté instantanément. Je n’oublierai jamais mon bonheur. J’étais assis dans l’alcôve d’une splendide salle en dôme. Le son d’une fontaine a touché mon être fatigué et m’a apaisé. La fontaine « jouait » de la musique, des couleurs, de l’harmonie, de la béatitude. Toutes les discordances se sont évanouies et j’étais en paix. Mon frère s’est assis près de moi. Il ne pouvait rester longtemps, mais il a promis de revenir. J’ai voulu vous retrouver immédiatement pour vous dire que j’avais trouvé la paix, mais ce n’est que maintenant que cela m’est possible. Sur terre, une de mes passions était l’étude des formations cristallines. A mon grand bonheur, j’ai découvert que cette splendide salle était construite selon les lois des formations cristallines. J’ai passé des heures à en examiner différentes parties. Je vais y passer des heures et des jours. Je peux poursuivre mes études et faire des découvertes sans fin. Quel bonheur ! Mon frère m’a dit que lorsque j’aurai retrouvé mon équilibre, je pourrai l’aider dans son travail à l’extérieur. Je ne suis pas pressé à cet égard. Vous ne savez bien sûr rien au sujet des cristaux. Je ne peux imprimer votre esprit avec les merveilles de cet endroit. Quel dommage ! Il est tellement différent de tous les édifices terrestres que je crains qu’il soit inutile d’en tenter la description. Il est tel que les gens diraient que je romance. Ou alors, ils diraient que vous, mon fidèle scribe, vous avez laissé votre imagination divaguer. Je vous prie de me laisser revenir plus tard. J’ai encore beaucoup à dire.

14 mars 1917, 17 h

Je commence à rencontrer des gens et à échanger des idées. Il est étrange que mon frère soit la seule personne que j’aie croisée durant une longue période. Il m’a dit que je n’ai jamais vraiment été seul. Il m’a révélé que la brume qui m’environnait et m’isolait, émanait de moi-même. Ce fait est plutôt humiliant. Je suppose que ma solitude dans la vie, due également à mon caractère lorsque j’étais sur terre, m’a suivi jusqu’ici. Je vivais toujours dans les livres, ils constituaient mon véritable monde. De plus mes lectures étaient plus techniques que générales.

Je commence à voir maintenant que lorsqu’il est libéré des entraves terrestres, un esprit comme le mien se retrouve isolé, ou plutôt qu’il génère de l’isolement,. Je vais devoir rester proche des conditions terrestres tant que j’apprendrai les leçons que j’ai refusé d’apprendre auparavant.

Il est dangereux de vivre pour et par soi-même. Dites-le avec insistance à mes frères. La vie d’un reclus n’est pas sage, sauf pour les rares personnes qui ont une tâche spéciale, requérant silence et isolement complets. Je ne faisais pas partie de ceux-là. Je ne parviens pas à me souvenir d’avoir fait quelque chose qui en vaille réellement la peine. Je n’ai jamais regardé à l’extérieur de moi-même. Mon école ? Eh bien enseigner m’ennuyait. Je considérais cela seulement comme gagne-pain. Les gens diraient que j’étais seul de mon espèce, un vieux célibataire égoïste et désagréable. Egoïste oui, mais hélas ! bien loin d’être seul en mon genre. J’avais trente sept ans quand je suis arrivé ici, c’est à dire que c’était l’âge de mon corps. Maintenant je me sens tellement ignorant, humble, que j’ai la sensation de n’avoir pas commencé du tout à prendre de l’âge.

Je dois approfondir cela. Vivre largement. Ne pas m’isoler. Echanger idées et services. Ne pas trop lire. Ce fut mon erreur. Les livres m’attiraient davantage que la vie et les gens. Maintenant je souffre de mes erreurs. En repassant ces détails de ma vie, j’aide à ma propre libération. Quelle bonne chose que la guerre m’ait extrait en direction de la vie. Pendant ces neuf mois, j’ai davantage appris sur la nature humaine que je n’aurais imaginé qu’il soit possible. Maintenant j’apprends au sujet de mon pauvre vieux moi fossilisé. C’est une bénédiction d’être venu ici… Les liens terrestres resserrent leur étreinte, pourtant on est incapable de réagir… Chacun de nous crée les conditions de son propre purgatoire. Si je pouvais recommencer mon temps, combien différemment je vivrais ma vie! Je ne faisais pas partie de ceux qui vivent uniquement dans le but de satisfaire leur ambition. L’argent était une considération secondaire. Oui, j’errais à l’autre extrême, je n’ai en effet jamais suffisamment vécu parmi mes frères humains, je ne me suis pas assez intéressé à leurs affaires non plus. Eh bien j’ai créé mon propre purgatoire. D’une manière ou d’une autre, je dois le vivre. Bonne nuit. Je reviendrai.

14 mars 1917, 20 h

Je veux vous dire ce que j’ai fait. De retour à mon alcôve dans la Salle de Repos, j’y ai rencontré quelqu’un. Il m’a dit être messager d’une autre sphère plus élevée. A l’évidence la sagesse rayonnait dans ses yeux. Je pensais qu’il était juste venu pour un peu de tranquillité. J’ai fait comme si j’allais partir, mais il m’a fait signe de revenir. « Tu parles à la terre. Ne t’empresse pas de décrire ta nouvelle vie et son cadre. Suis mon conseil : vis un peu d’abord. » . Je pense qu’il a lu la surprise sur mon visage. « Sais-tu » a-t-il continué, « que la majeure partie de ce que tu as communiqué à ton ami est en fin de compte tout à fait illusoire ? » « Que veux-tu dire ? » me suis-je écrié. « Tu vas progressivement le voir par toi-même. Souviens-toi de ce que je viens de te dire. ». Cette conversation m’a perturbé. J’essaie de la chasser de mon esprit, mais elle persiste. Elle a pour conséquence que je me sens encore plus petit. Suis-je réellement un idiot qui se précipite là où les anges redoutent de poser le pied. Après tout, que sais-je de ma vie présente ? Je n’ai pas appris les lois naturelles de cet endroit. Je n’ai même pas appris sur moi-même… A l’évidence, je suis dans un état de conscience peu éloigné de l’existence terrestre. Je voyage en direction d’une vie plus large, plus authentique, mais je n’en suis pas encore là. Je n’ai pas le droit de parler avec une quelconque autorité de mes expériences ici. Je suis désolé de vous avoir plongé dans la confusion. Une pensée me console. Si je me trouve vraiment dans un état d’illusion, ou de pensées illusoires, eh bien d’autres doivent aussi passer par là. Peut-être que les idées que j’ai tenté d’exprimer pourront aider certains de ceux qui ne sont pas encore ici. Quoi qu’il en soit, ma vie semble tout aussi réelle que sur terre, voire plus réelle. Il y a quelque chose qui vit, qui bouge en moi et qui n’est pas une illusion. Un jour, ce quelque chose se fraiera un chemin vers la lumière. Je ne peux faire que continuer d’essayer. Dans l’intervalle, il vaut peut-être mieux que je ne revienne pas vers vous. Permettez-moi de vous remercier pour votre patience. Vous m’avez aidé à traverser des heures difficiles de purgatoire. Peut-être reviendrai-je, je l’ignore. D’ici là, bonne nuit.

L’EVEIL

Si vous voulez demeurer en paix, apprenez à aimer profondément. Soldat Dowding

16 mars 1917, 17 h

Vous allez être surpris. Je ne m’attendais pas à vous parler à nouveau. Je vais vous dire comment c’est arrivé. J’ai à nouveau rencontré le « Messager ». J’imagine qu’il me cherchait. Il voulait savoir comment j’allais. Je lui ai dit que sur son conseil j’avais rompu la communication avec mon ami terrestre. Il a répondu qu’il avait discuté avec mon frère et qu’il avait appris mon histoire. Mon frère lui a révélé combien je tirais de réconfort du fait de parler avec vous. Il a alors déclaré qu’il avait peut-être parlé un peu rapidement, sans pleine connaissance des faits. Il ne pense pas que beaucoup de dommages seraient causés si je conservais ce canal ouvert un peu plus longtemps. Il a imprimé en moi l’importance de vous rappeler que les conditions qui m’environnent actuellement sont impermanentes et, de ce point de vue, irréelles. A son avis, la valeur de messages tels que ceux-ci dépendent de l’accent mis sur ce point. Le monde spirituel est partout, la vie de l’esprit est éternelle, parfaite, suprême. Nous, les humains, nous cachons de la lumière. Nous nous vautrons dans les illusions créées par nos pensées. Nous nous entourons d’idées fausses. Nous refusons de nous élever dans la Sphère du Christ. La Sphère du Christ est partout, pourtant par un étrange paradoxe nous avons été en mesure de l’occulter à notre vue. Toutes ces pensées étaient nouvelles pour moi. Je commence à voir ce qu’elles signifient. Si ce n’était pas le cas, je ne pourrais pas transmettre ces idées. Vous dites qu’elles vous sont assez familières. Cela me surprend. Dans quel petit monde ai-je vécu !

Le Messager venait à l’évidence de la Sphère du Christ. La religion n’a jamais signifié grand-chose pour moi. Maintenant je commence à voir que je ne peux vivre sans elle.

Beaucoup de choses ont été dites au sujet de la réflexion ; comment nous pouvons nous débarrasser de nos propres pensées illusoires, permettre à la puissance du Christ de réfléchir à travers nous. Bien sûr cette puissance est merveilleuse. Le Messager semblait aimer en parler et en même temps il en était impressionné. Elle fait disparaître les illusions comme le soleil fait disparaître la brume. Il a dit que je vivais encore dans le brouillard, un brouillard que j’ai créé et conçu. Eh bien, eh bien ! J’ai autrefois cru en savoir beaucoup. Ensuite j’ai été certain d’en savoir un peu. Maintenant je sais que je ne sais rien. Il semble que la guerre soit fondée sur une illusion. Je me demande ce que mon vieil ami parisien en dirait ! Depuis que la Grande Guerre a commencé, je crois que les gens ont cru qu’il s’agissait de la seule réalité sur terre ! Maintenant on me dit que tout est fondé sur l’illusion. On me dit que l’avidité de richesse (d’un genre matériel ou d’un autre) a été la cause réelle de la guerre. Pourtant, à cause de la guerre toutes les nations engagées seront bien plus pauvres qu’avant.

Cette idée ne m’a pas traversé l’esprit. On m’a dit autre chose. Votre guerre ici-bas est utilisée comme un instrument céleste. Cela m’a été exprimé ainsi. Les forces matérielles s’épuisent, c’est à dire que plus elles sont utilisées, moins elles réussissent. Etrange pensée ! Les gens vont se rendre compte que ces forces matérielles ne mènent nulle part, qu’il s’agit en fait une illusion. Actuellement, je ne parviens quasiment pas à saisir cette idée.

Apparemment, l’affrontement impuissant des forces matérielles en conflit crée une sorte de vide. Le Messager a dit que ce fait impliquait un mystère suprême. Dans ce vide doit être déversé encore et encore une puissance spirituelle. Il en a vu les Bassins de ses propres yeux. Le souffle court, il a parlé de ces Bassins. La lumière du Paradis s’y reflète. L’Eau de la Vie les remplit. Cette Vie est bien au delà de nos concepts. Notre vie humaine n’est qu’une ombre. Des êtres élevés, les messagers de Dieu, gardent les vannes. Ils attendent la Parole de commandement. Alors l’Eau de la Vie sera libérée. Elle est déjà disponible pour beaucoup. Vous souvenez-vous de ce passage des Révélations au sujet de la rivière de l’Eau de la Vie, brillante comme le cristal, émanant de Dieu ? Le Messager m’a dit que nous entrons dans la période des révélations, quand toutes les prophéties seront accomplies. Ces choses sont hors de portée pour moi. Tandis qu’il parlait, j’ai eu la sensation d’être suspendu dans l’espace, sans soutien visible. Ces sujets élevés et saints sont de nature spirituelle. Ils n’appartiennent pas aux royaumes de l’illusion. Je ne peux accéder à de telles idées. J’ose à peine les envisager. Je les transmets parce que je crois qu’elles peuvent justifier le fait de conserver ouvert ce canal entre nous. Si je ne rapporte que des sujets qui me concernent, liés à mon environnement illusoire actuel, la voie entre nous se fermera. Nous ne pouvons vivre dans les hauteurs célestes avant d’avoir terminé nos tâches dans les vallées. C’est mon sentiment. Un jour, un de mes amis a tenté d’escalader le Mont-Blanc. Il a fait demi-tour bien avant d’atteindre le sommet. Il ne parvenait pas à respirer dans l’atmosphère raréfiée. Le guide et le reste de la cordée ont continué. Hélas, je dois être un de ceux forcés de faire demi-tour. Je n’ai jamais utilisé mes chances durant la vie terrestre. Ma nature spirituelle s’est atrophiée. Veuillez excuser cette auto-analyse… Combien cela doit être merveilleux d’être parmi ceux qui ne font jamais demi-tour ! Si Dieu le veut, je vais commencer à grimper. Si Dieu le veut, moi non plus je ne ferai jamais demi-tour ! Si Dieu le veut, l’espèce humaine toute entière ne fera jamais demi-tour, maintenant qu’elle a commencé à grimper. Le Messager a dit qu’un cycle s’est terminé, que la vie humaine vient d’entrer dans une courbe ascendante. Cela n’évoque pas grand-chose pour moi, mais je le transmets… Je suis triste. Je vaux si peu. Je reviendrai.

16 mars 1917, 20 h

Lorsque j’ai cessé de vous parler, mon frère est arrivé. Il a dit que j’avais besoin de repos. Il a reproché au Messager de m’en avoir dit plus que je ne pouvais supporter ou comprendre. William m’a amené vers la Salle du Silence. Je n’y étais jamais allé. Le dôme du Paradis était au dessus de moi. Le silence des sphères m’environnait. La solitude du désert était ma seule compagne. J’ai eu la sensation de rester là très longtemps, mais le temps est une illusion. La signification sous-jacente de ce mot soulève encore en moi des émotions conflictuelles. Serai-je éternellement l’esclave de mes propres illusions ? Il est impossible de le dire. Je me rendrai régulièrement à la Salle du Silence. Force et consolations sont venus à moi en ces murs. Tout ce que le Messager a dit m’est revenu. La compréhension de nombreuses vérités est apparue en moi. Une grande vérité est devenue ma compagne permanente. Je la résume ainsi : « Faites le vide en vous si vous voulez être empli ». L’Eau de la Vie ne pourra jamais s’écouler en moi tant que je n’aurai pas abandonné mon moi tout entier. Je commence à en voir la sagesse. Cela ne signifie peut-être rien pour vous. J’ai commencé à tenter de faire le vide en moi. C’est une expérience étrange. Jésus a parlé des enfants qui entrent au paradis. L’accès est clos pour les hommes instruits. Les enfants ont peu à désapprendre. Bien que je ne sache rien, j’ai pourtant beaucoup à désapprendre. C’est un paradoxe en vérité.

Je crois que cette Salle du Silence vous est également accessible. Essayez de trouver le chemin qui y mène. La guerre rugit dans vos vies. Son tonnerre est partout. Je suis encore incapable d’en étouffer totalement le tumulte. Quelque part en l’âme se trouve le silence. Accédez-y. C’est une perle de grande valeur. Je parle d’une chose que je connais. Je pense que dans les Ecritures chrétiennes, l’accent n’est pas suffisamment mis sur l’importance du silence. Je ne me souviens absolument pas qu’on m’ait enseigné son immense portée quand j’étais sur terre. Je commence à me rendre compte de ce que signifie la petite voix Tranquille de Dieu ! Je suis maintenant davantage moi-même. Mon frère a proposé de me permettre de l’aider dans son travail : je suis content. Bonne nuit.

17 mars 1917, 17 h

J’ai regardé en enfer ! Je retournerai peut-être dans cette région. On me donnera le choix. Qu’il me soit accordé d’être suffisamment fort pour me proposer librement. L’enfer est une zone de la pensée. Le mal y réside et œuvre à ses fins. En enfer sont générées les forces utilisées pour maintenir l’humanité dans l’obscurité de l’ignorance! Ce n’est pas un endroit ; c’est un état. L’espèce humaine a créé cet état. Il a fallu des millions d’années pour atteindre les conditions actuelles. Je n’ose pas vous dire ce que j’ai vu là-bas. Mon frère avait besoin d’aide. Un soldat ayant commis des actes abominables a été tué. Je tirerai un voile sur ses actions. Il était déviant, assassin, dépravé. Il est mort en maudissant Dieu et l’humanité. Une mort affreuse. Cet homme a été entraîné vers l’enfer par la loi de l’attraction. Il a été ordonné à mon frère de le sauver. Il m’a emmené avec lui. Au début j’ai refusé d’y aller. Puis je l’ai fait… un ange de lumière est venu pour nous protéger, sinon nous nous serions perdus dans l’obscurité de cette fosse. Cela paraît sensationnel, voire grotesque. C’est la vérité. La puissance du mal ! Avez-vous idée de sa formidable force, de sa séduction ? Cette puissance peut-elle également être une illusion ? C’est ce que l’ange a dit, que la force de l’enfer était actuellement à son apogée. Il tire sa puissance de l’humanité ! A mesure que les hommes s’élèveront vers la vie spirituelle, les puissances obscures s’affaibliront et finiront par disparaître. « Disparaître » est mon terme, l’ange a dit « se transmueront ». Ce concept est hors de portée pour moi. Nous sommes descendus par des voies sombres. L’obscurité s’est accrue. L’atmosphère comportait une attractivité étrange. Même la lumière de l’ange s’est affaiblie. J’ai cru que nous étions perdus. Si forte est cette attraction que j’ai par moments espéré que nous soyons perdus. Je ne peux la comprendre. Quelque chose de sensuel en moi bondissait et brûlait. Je croyais m’être vidé du moi avant d’entreprendre cette grande aventure. Si je l’avais fait, j’aurais été en sûreté. Etant donné les circonstances, j’aurais été perdu sans l’aide de l’ange et de mon frère. J’ai senti le désir gigantesque de l’espèce humaine. Il frémissait à travers moi. Je ne pouvais l’écarter. Nous sommes descendus plus profondément. Je dis « descendus », « Si l’enfer n’est pas un endroit, comment peut-on « descendre » », ai-je demandé à mon frère. Il a répondu que nous ne nous déplacions pas au sens physique. Notre progression découlait de certains processus de pensée suscités par la Volonté.

Tout cela est très étrange pour moi. Je me rappelle maintenant que le Messager m’a dit de ne pas m’attarder sur ce que j’ai vu et senti dans cette sombre zone. Je vais donc faire vite et ne pas m’appesantir sur les détails. En fait, je n’ai jamais atteint l’endroit où le sauvetage a été tenté. L’ange et mon frère y sont allés seuls. J’ai attendu leur retour dans ce qui paraissait être une sombre et profonde forêt. Il n’y avait là ni vie, ni lumière. L’ange a dit qu’il s’agissait du type d’enfer le plus insidieux : la stagnation, personne en effet ne l’identifie en tant que tel. Contrairement à ce que l’on pense, l’enfer lui-même, ou plutôt la partie que mon frère et l’ange ont visité est intensément éclairée.

Cette lumière est grossière, artificielle. Elle repousse la lumière de Dieu. Dans sa lueur affreuse, la lumière de l’ange a presque perdu son rayonnement.

Tout cela, mon frère me l’a dit par la suite. Ceux qui meurent emplis de pensées d’égoïsme et de débauche sont attirés vers le bas, ils empruntent des voies grises en direction de cet enfer des sens. L’obscurité de la forêt profonde est horrifiante, la solitude est intense. Finalement, on aperçoit la lumière devant. Il ne s’agit pas de la lumière du paradis, c’est la séduction de l’enfer. Ces pauvres âmes se pressent en avant, non pas vers la destruction cependant ; celle-ci n’existe pas. Elles se hâtent de descendre vers un état qui est le reflet de leur état intérieur. La Loi s’applique. Cet enfer est un enfer d’illusions, il est lui-même une illusion. Je trouve cela difficile à croire. Ceux qui y entrent sont incités à croire que les seules réalités sont les passions des sens et les croyances du « je » humain. Cet enfer consiste à croire que l’irréel est réel. Il réside dans l’attrait des sens sans possibilité de les satisfaire. On m’a dit beaucoup d’autres choses au sujet de cette abominable région, mais je ne dois pas les transmettre. L’ange a dit que cet « état » allait finalement se dissoudre dans le néant. L’enfer, ou apparemment la partie dont nous parlons, dépend pour exister des pensées et des sentiments humains. L’espèce ne s’élèvera jamais vers la grandeur tant que les passions ne seront pas contrôlées. Ceci s’applique aux nations et aux individus. Sur terre, je ne me suis jamais intéressé à ces sujets. Je ne me rendais pas compte de l’existence du cancer du sexe au cœur de la vie humaine. Quelle terrible chose ! N’attendez pas de venir ici. Mettez-vous immédiatement au travail. Il n’y a pas de temps à perdre. Prenez le contrôle du moi. Ensuite conservez la maîtrise en évacuant le moi. En traversant les esprits des hommes et des femmes, toutes les pensées de stupre et de passion, d’avidité, de haine, d’envie et par dessus tout d’égoïsme, génèrent « l’état » appelé enfer. Purgatoire et enfer sont des états différents. Après avoir quitté la vie terrestre, nous devons tous passer par un processus de nettoyage, de purification. Je suis toujours au purgatoire. Un jour je m’élèverai au dessus. La majorité de ceux qui viennent ici s’élèvent au dessus du purgatoire, ou plutôt PAR lui s’élèvent vers des états élevés. Une minorité refuse d’abandonner ses pensées et sa foi dans les plaisirs du péché, dans la réalité des sens de la vie. Ils s’enfoncent par le poids de leurs propres pensées. Aucune force extérieure ne peut attirer un homme contre sa volonté. Un homme s’enfonce ou s’élève sous l’action de la loi de la gravité spirituelle. Il n’est jamais en sécurité tant qu’il ne s’est pas vidé lui-même complètement. Vous voyez à quel point je mets l’accent sur ce fait. Certaines de ces pensées sont venues à moi tandis que j’attendais dans la forêt obscure. Puis l’ange et mon frère sont revenus. Ils avaient trouvé celui qu’ils cherchaient. Il ne voulait pas partir. Ils ont dû le laisser là-bas. La peur le tenait. Il a dit que son existence était affreuse, mais il craignait de bouger de peur de tomber en de pires conditions.

La peur l’enchaînait. Aucune puissance extérieure ne pouvait libérer cet homme. La libération viendra un jour de l’intérieur. Nous sommes retournés tristement à nos propres places. J’ai commencé à réaliser quel pouvoir la Reine Peur possède sur pratiquement chacun d’entre nous. L’ange a dit que la Peur allait être détruite quand l’Amour allait prendre sa place. Il a dit que le temps venait… J’ai beaucoup de choses à penser. Je vais dans la Salle du Silence. Si je peux revenir, je le ferai. Au revoir.

17 mars 1917, 20 h

Peu après être revenu des états d’enfer, j’ai à nouveau rencontré le Messager. Il a dit que je n’avais pas suffisamment appris de la vie spirituelle pour visiter des régions aussi sombres en toute impunité. Il m’a emmené vers le Mont de Vision. La lumière était éblouissante. Sans doute pensait-il qu’un tel pèlerinage allait s’avérer être un antidote pour mon voyage dans le royaume du démon. Ce fut presque trop puissant pour moi. Je ne me rappelle que peu de chose de ce que j’ai vu. J’ai regardé les Bassins d’Illumination. Ils étaient éloignés. Ils m’ont quasiment aveuglé. Le Messager m’a dit de nombreuses choses concernant les manifestations de Dieu pour l’homme. Il a dit qu’un prophète du Très Haut était en charge de chacun des accès à ces Bassins de Lumière. Lorsque l’obscurité et l’ignorance se sont accrues plus rapidement parmi les hommes, la « Parole » a été prononcée. Alors, le prophète dont c’était le tour de descendre entre les hommes, a fait preuve d’une grande obéissance et a ouvert en grand sa propre vanne des Bassins de Lumière. Il est descendu vers les régions terrestres afin de pouvoir guider la propagation de la nouvelle illumination. Le Messager m’a dit que l’un de ces saints prophètes avait rempli sa divine mission au cours du siècle dernier. Il a dit que l’illumination libérée alors, était sur le point de se propager en orient et en occident. Le prophète est revenu vers les sphères célestes, son œuvre accomplie. Son travail va devenir manifeste lorsque la guerre sera terminée. La guerre elle-même est une manifestation extérieure des forces du mal, dans leurs tentatives d’obstruction à l’afflux de lumière. C’était très intéressant, mais hors de ma portée. Il m’a dit qu’une régénération spirituelle devait se produire dans toutes les grandes religions du monde.

Il a dit que l’unité allait être établie, que la paix universelle allait devenir un fait accompli. Il semblait suggérer que l’âge d’or était à portée de main ; plus proche en fait que nous ne pouvions nous en rendre compte. Il m’a demandé de revenir avec lui au Mont de Vision, mais j’ai la sensation de ne pas pouvoir, je n’ose pas, je suis indigne. Je ne peux suffisamment évacuer mon moi. De telles hauteurs ne sont pas pour des gens tels que moi ! Par la force d’une gravité intérieure, je suis revenu seul à ma propre place. Je vous demande toutefois d’écrire les paroles du Messager. Il a parlé de ce qu’il connaît. Que ses mots embrasent un canal entre les esprits des hommes.

Je vous demande ceci : les faire connaître.

18 mars 1917, 20 h

Je suis revenu une fois de plus. Je voudrais communiquer plusieurs choses. Je les trouve difficiles à transmettre.

Je vais vous dire pourquoi. Je suis quelqu’un qui ne peut prétendre enseigner ou prêcher, je ne souhaite pas le faire. Je ne suis pas encore suffisamment sûr de ma propre foi.

Je pense de mon devoir de vous dire une chose que l’ange et le Messager ont dévoilée, non parce que je comprends ou crois tout, mais parce qu’ils ont été bons avec moi. Ils se sont rendu compte de mon ignorance, ils ne se sont pas moqués de mon indignité. Je ne suis pas venu vers vous pour prêcher, pour montrer la voie vers les états célestes. Je ne connais pas mon propre chemin pour y parvenir, comment pourrais-je donc vous guider ? Bien que toujours sur terre, vous êtes probablement plus proche du paradis que moi. Ne pensez pas que je sois « supérieur » parce que je transmets ce qu’on m’a dit. Ne croyez pas que tout ce que je dis soit vrai. C’est peut-être le cas. Je ne peux l’affirmer moi-même. Je vous suis reconnaissant de m’écouter. Je suis reconnaissant à mon frère d’être venu me voir ici. Avant tout, je remercie Dieu pour le Messager qui daigne venir et parler avec moi périodiquement. J’ai rencontré d’autres personnes ici, j’ai aussi été autorisé à aider une ou deux âmes en détresse. Mais je reste une personne solitaire, travaillant pour mon propre salut dans la peur et les tremblements. Laissez la peur derrière vous ! C’est une des choses que je dois dire. Je tente de le faire ! La peur est une force opposée à la vie ; c’est l’arme du Malin. C’est une illusion. Parvenez-vous à croire ce que je dis ? La peur n’a pas de réalité propre. Sa force est générée en nous-mêmes. Chassez-la. Ne craignez plus jamais.

Je veux dire quelques mots au sujet de l’amour, très peu parce que je sais si peu. Et aussi parce que l’on en parle déjà trop, alors qu’il devrait être vécu. Si vous voulez demeurer en paix, apprenez à aimer profondément. Ne cessez jamais d’aimer. Jésus a dit beaucoup de choses sur l’amour, si je me souviens bien. Consultez ce qu’il a dit et vivez-le.

Aimez Dieu en faisant le vide en vous même. Aimez vos frères en leur donnant tout ce que vous possédez en lumière et en vérité.

Aimez l’AMOUR pour lui-même, pour sa bénédiction. Un tel amour vous amènera plus près du paradis.

J’ai parlé plusieurs fois d’illusion. J’y reviens une fois de plus. Je commence à voir que l’existence phénoménale, qu’elle soit sur terre ou ici, est tellement impermanente qu’elle doit être irréelle. Il est difficile de le dire. Je ne le comprends pas encore.

Vivez au dessus des états qui, après beaucoup de méditation, vous apparaissent comme illusoires. C’est le meilleur conseil que je puisse donner.

Le Messager a plusieurs fois parlé du mal. Je ne parviens pas à me débarrasser entièrement des effets de ma visite dans les régions basses, ou le mal règne comme seigneur et maître. Il semble que le mal ne soit ni réel ni permanent. Sa puissance est permanente, mais elle peut être transmuée, jusqu’à ce qu’elle serve des desseins qui soient divins.

Je ne peux en dire plus car je suis ignorant. Si vous pouvez vous rendre compte que le mal n’a pas d’existence réelle, qu’il peut être entièrement éliminé de la vie humaine, vous aurez beaucoup appris. Rappelez-vous de ce qui a été dit au sujet de la stagnation. Continuez à avancer dans une direction tout le temps. Comment est-il possible que j’aie pu vivre dans une telle stagnation alors que j’étais sur terre ? Que ma vie soit un exemple.

Je souhaite vous laisser une autre pensée. Le Messager m’a dit que nous sommes entrés dans la période des périodes des révélations. L’enfance de l’espèce est presque terminée. D’immenses forces spirituelles purifiantes attendent d’être déversées. Créez des récipients à cette fin ! Faites de vous-même un réceptacle afin de pouvoir recevoir le don de l’Esprit. Vous n’aurez alors besoin d’aucun enseignement extérieur. La révélation viendra en vous de l’intérieur. Retirez-vous dans le Hall du Silence. Réfléchissez à ces choses. Réfléchissez à ces choses… Le temps est venu pour moi de partir…

Que Dieu vous accorde la paix. Au revoir.

Note de W. T. P.

… Il est possible que tous ceux qui n’estiment pas les valeurs intérieures soient, en un sens, dans la même solitude spirituelle, déconnectés comme ils le sont du tout inviolable parfait, par les sens corporels fragmentaires et par les limitations des sens, de l’intellect…

Le voile sombre de la séparation n’émane-t-il pas de cette aveuglement de l’âme. L’homme dépourvu de révérence est aveugle, car s’il pouvait voir, il en aurait; et l’homme qui n’aime pas est aveugle, car s’il voyait, il aimerait. Dans la Salle du Repos est venue la paix, dans la Salle du Silence est venue la compréhension. Ces Salles sont accessibles à tous, ici et maintenant. Si seulement nous pouvions pénétrer dans la Salle du Repos, les sens seraient pacifiés et nous pourrions alors entrer dans le Silence, pour y entendre « la petite voix tranquille » et pour comprendre. « Quelque part dans l’âme » nous dit-on « se trouve le silence. Atteignez-le. C’est une perle de grande valeur. ». Entrer dans le Silence, avoir une vision, c’est nécessairement avoir de la révérence, aimer et servir. Il nous presse de maîtriser nos affaires du dehors, de vivre largement, de faire le vide en nous, de ne pas vivre pour le moi. « Le monde spirituel est partout, pourtant, par un étrange paradoxe, nous sommes en mesure de l’occulter ». « Nous sommes incapables » dit le soldat Dowding, « de nous débarrasser de nos propres pauvres pensées et illusions, de permettre au Christ de réfléchir à travers nous… Je ne peux imprimer votre esprit avec les merveilles de cet endroit, ». Ceci est d’un intérêt de grande portée, indiquant que la capacité de compréhension est nécessaire avant de pouvoir commencer à se rendre compte intérieurement d’une quelconque vérité. En présence des « forces de l’ombre » il pense qu’il est nécessaire d’évacuer son propre moi. « Prenez le contrôle du moi » nous dit-il, « puis conservez la maîtrise en vous vidant du moi. ». Sur le Mont de Vision, les Bassins d’Illumination l’aveuglent presque. Il dit : « j’ai la sensation de ne pas pouvoir, je n’ose pas, j’en suis indigne. Je ne peux suffisamment évacuer mon moi. ». Dans la première de ces expériences, le moi dont il parle, le moi qui est illusion, le moi des sens, est attiré par la séduction de la puissance du mal, dans l’autre il est aveuglé par la Lumière des Bassins d’Illumination. Il revient à sa « place seul, par la force d’une gravité intérieure. ». Il n’y a rien d’indéfini et on trouve beaucoup de sujets de réflexion dans ces expériences. On nous dit avec la même certitude que d’immenses forces de purification spirituelle attendent d’être déversées « Créez des récipients à cette fin ! » dit le soldat Dowding, « Faites de vous-même un réceptacle afin de pouvoir recevoir le don de l’Esprit. », « Retirez-vous dans le Hall du Silence. Réfléchissez à ces choses. Réfléchissez à ces choses… » Il est difficile de surestimer cet enseignement. « Je vous demande toutefois d’écrire les paroles du Messager. Il a parlé de ce qu’il connaît. Que ses mots embrasent un canal entre les esprits des hommes. Je vous demande ceci : les faire connaître. ». Qu’est-il si déterminé à faire savoir ? Le message de l’existence des Bassins de Lumière, l’expression de la parole, l’illumination sur le point de se répandre en orient et en occident, ou l’établissement de l’unité et de la paix universelle ? Peut-être toutes ces choses. Et que les Bassins d’Illumination soient les forces spirituelles et capacités des races, latentes mais non éveillées et par conséquent non exprimées, nous ne pouvons le dire, mais l’expression de la Parole et la venue du Révélateur de la Parole amènent certainement l’illumination dans les cœurs des hommes.

Il est vrai que de grands mouvements spirituels ont été initiés au cours du siècle dernier. L’un des plus remarquables s’est concentré en orient autour du prophète persan Baha'u'llah. Ce Messager de Dieu est retourné à sa place élevée, mais son message de fraternité et d’amour commence à faire bouger le cœur des hommes. Nombre de ses prophéties se sont déjà accomplies. Les idéaux d’unité et de fraternité qu’il a défendus se répandent largement, malgré la guerre. Son Livre des Lois doit encore se faire connaître au monde, mais l’inspiration qui l’a fait réaliser est certainement d’origine divine. Le fils de Baha'u'llah, celui qui a expliqué le message et dont le nom est Abdu'l Baha (le serviteur de Dieu), est toujours parmi les hommes, contrôlant et dirigeant la divulgation d’un mouvement spirituel qui enveloppera sans doute la planète dans un grand idéal d’unité. Et en occident, il existe entre autres, le merveilleux mouvement spirituel connu sous le nom de « Science chrétienne ». C’est peut-être le renouveau religieux le plus remarquable initié au cours du siècle dernier dans le monde occidental, sa croissance et son influence, notamment en Amérique, est pour ainsi dire fantastique. Le Messager nous dit que la lumière perce d’abord dans les individus, que son rayonnement s’étend, qu’extérieurement son influence se fera sentir par de nombreuses et grandes réformes, que de « grande lampes brilleront en orient et en occident. ». Encore une fois, je dirais avec les mots du soldat Dowding : « D’immenses forces spirituelles purifiantes attendent d’être déversées. Créez des récipients à cette fin ! Faites de vous-même un réceptacle afin de pouvoir recevoir le don de l’Esprit. ». Je finirai en répétant ce qu’il dit concernant l’amour et qui, à mon avis, scelle l’expérience du sceau de l’authenticité « Si vous voulez demeurer en paix, apprenez à aimer profondément. Ne cessez jamais d’aimer… Aimez Dieu en faisant le vide en vous même. Aimez vos frères en leur donnant tout ce que vous possédez en lumière et en vérité. Aimez l’AMOUR pour lui-même, pour sa bénédiction. Un tel amour vous amènera plus près du paradis. »

W.T.P.

Bournemouth, 19 mars 1917

20 mars 1917, 20 h

Peu après la visite d’adieu du soldat Dowding, j’ai commencé à me rendre compte, que ne pouvant revenir lui-même, il essayait d’établir une communication directe entre l’être qu’il appelle le « Messager » et moi-même. Je suis donc resté réceptif dans l’espoir d’obtenir d’autres nouvelles de mon ami, je mets maintenant par écrit le message qui m’a atteint, je réserverai mes observations pour plus tard.***

Messager : Oui, je suis le Messager et je vous parle à la demande spéciale de votre ami.

W.T.P. : Puis-je poser quelques questions ?

Messager : Je suis ici pour y répondre.

W.T.P. : Voyez-vous réellement des temps plus lumineux pour l’avenir de l’espèce humaine ?

Messager : Mon fils, tu n’as pas besoin d’avoir peur. Votre monde est plongé dans le chagrin et le chaos. L’heure est sombre, les perspectives étrangement tristes. Nous voyons la lumière derrière les nuages d’orage. L’amélioration de l’état du monde a déjà lieu malgré la guerre. Peu de rois resteront en Europe ou, en l’occurrence, où que ce soit. La Russie va mener son peuple vers la paix et une émancipation joyeuse. L’illumination d’un Nouveau Jour se reflètera dans l’âme de la race slave et deviendra apparente partout. Dans les temps à venir, l’aube va poindre sur l’Allemagne et les peuples du nord, balayant devant elle l’obscurité cruelle de l’ignorance et du despotisme.

Les tribulations seront grandes ; des révolutions sont à prévoir, mais rien ne peut résister à la lumière. De grands changements sont à venir. Si je te parlais de ces miracles, tu ne les croirais pas. Nous voyons le renouveau en Perse, la transformation en Inde, des insurrections en Extrême-Orient et de nouvelles découvertes ; des évènements révolutionnaires dans le Nouveau Monde, au nord et au sud ; mais la lumière va s’amplifier.

La France va se relever, purifiée, soulevée, elle devient inspiratrice du monde dans les arts et les sciences. L’Irlande prend enfin son indépendance et devient le berceau de grands hommes et femmes. L’Angleterre se joint à de nombreuses nations pour élever le niveau de l’unité et de la fraternité parmi les peuples du monde. Elle sera appelée à faire d’immense sacrifices, en orient et en occident, mais elle croît vers une nouvelle grandeur par ses actes de renonciation.

Les républiques démocratiques vont gouverner le monde avec des relations libres et pacifiques entre les nations. Ce n’est pas encore l’avènement de la paix, mais les vannes de l’amour de Dieu ont été ouvertes et la puissance divine est pour toutes les nations.

Ne crains pas que les barrières soient partout brisées. Que les chemins soient droits ! Le Seigneur des seigneurs va accomplir un progrès divin, et les voies doivent être préparées.

W.T.P. : Tout cela est absolument merveilleux. Comment ce nouveau rayonnement spirituel va-t-il se manifester ?

Messager : Tu es déjà témoin de la force du levain. Le monde n’est plus dans l’obscurité où il était plongé il y a seulement cinq ans. Et cela, malgré le combat des nations.

La lumière pointe d’abord à l’intérieur des individus. Extérieurement son influence apparaît dans de nombreuses grandes réformes. Avec le temps, l’air lui même deviendra plus pur. Le climat va s’améliorer ; les désastres causés par les tremblements de terre, par la mer et l’atmosphère, diminueront lentement ; mais il y aura d’abord des cataclysmes. Les conflits interreligieux vont cesser, l’âpreté des sectes va disparaître.

Les femmes auront des droits égaux aux hommes, de grandes femmes, inspiratrices de l’espèce, s’élèveront en orient et en occident. Les maladies (physiques, mentales, politiques, sociales) vont progressivement disparaître. Cela te paraît incroyable. Rappelle-toi qu’un remède spirituel devient disponible pour les pêchés et les discordes des hommes. Il va vraiment s’avérer être l’élixir du nouvel âge, il sera à portée de l’humanité toute entière. L’esprit du Christ demeurera parmi les hommes avec la guérison en ses ailes.

W.T.P. : Pourquoi me dites-vous cela ?

Messager : Les yeux doivent être ouverts, les oreilles doivent être harmonisées avec le message du jour à venir. La connaissance de la joie et de la paix qui viennent vous aidera à traverser ces jours de détresse douloureuse. Par un acte de foi consacré, amène la compréhension et la plénitude dans ta propre vie et dans celles des gens qui t’entourent.

W.T.P. : Les barrières entre ce monde et le prochain seront-elles abattues ?

Messager : Le voile s’éclaircit déjà. A mesure que l’espèce se régénèrera de l’intérieur, toute nécessité de barrière disparaîtra et la mort perdra son dard affreux.

Percer le voile doit advenir par des processus spirituels et naturels de l’esprit et du cœur, pas par l’emploi de la magie, du rituel ou de la transe.

W.T.P. : Une nouvelle religion deviendra-t-elle nécessaire ?

Messager : L’esprit va illuminer à nouveau toutes les croyances religieuses. La nouvelle religion sera le service, la fraternité et l’unité.

W.T.P. Et l’Egypte ?

Messager : Le grand pays des Pharaons a encore un rôle à jouer dans l’évolution de l’espèce, mais cela pourrait ne pas être au travers de l’influence britannique. De grands préparatifs sont actuellement en cours pour des progrès éclairés de tout le monde musulman.

W.T.P. : Combien de temps cela prendra-t-il ?

Messager : Je ne suis pas un être très élevé et les détails de tous ces évènements merveilleux ne me sont pas révélés. Dans la mesure où je suis autorisé à voir, la paix sera rétablie au cours de 1919. Bien que les combats effectifs pourraient cesser en 1918, il faudra de nombreuses années pour amener réellement le calme et la paix de façon permanente.

W.T.P. : Qui es-tu ?

Messager : Je suis un de ceux à qui on a ordonné d’orienter la nouvelle illumination dans les voies qui descendent dans les cœurs et les esprits des hommes. Quand elles arrivent sur ce rivage, j’Accueille et je protège certaines âmes choisies pour des œuvres particulières.

W.T.P. : Thomas Dowding en faisait-il partie ?

Messager : Nous nous sommes rencontrés par « accident » comme vous le diriez. Il fait de rapides progrès et la puissance de son service envers ses frères humains sera grande. Ce sont souvent les personnes les plus inattendues qui sont choisies pour des œuvres importantes.

W.T.P. : Et en ce qui concerne l’Extrême Orient ?

Messager : Un grand leader s’élèvera dans les temps à venir, il évitera de nombreux dangers. Il est attendu depuis longtemps, il amènera progrès moral et social en Chine et ailleurs. Les flammes actuellement visibles entre l’orient et l’hémisphère nord du Nouveau Monde seront transmuées, purifiées et utilisées à de bonnes fins.

W.T.P. : L’Amérique ?

Messager : son heure de tribulation est proche. Un destin splendide arrive en vue. La lumière sera retenue aussi longtemps que la richesse matérielle restera l’idole. Tu dois t’attendre à des révolutions d’un genre particulier à une date peu éloignée.

W.T.P. : Pourrons-nous revenir en Allemagne ?

Messager : Déjà, le monde perçoit faiblement le tour probable des évènements dans ce pays. L’Allemagne en tant qu’empire cesse d’exister, mais en tant que fédération d’états indépendants son avenir et son bien-être ultime sont assurés. Les jours sont toujours sombres, mais rappelle-toi ceci : plus grande est l’ombre de la nuit, plus intense est la lumière de l’aube.

W.T.P. : Et comment toutes ces merveilles seront-elles amenées ? Devons-nous attendre des prophètes et des enseignants au milieu de nous ?

Messager : De grandes lampes vont luire en orient et en occident. La période des révélations est sur vous. La lumière est pour toute l’espèce, mais les individus doivent la réfléchir à l’intérieur d’eux-mêmes, afin qu’elle devienne disponible pour tous.

Levez-vous et proclamez l’aube du Jour Nouveau ! Vous pouvez tous devenir prophètes et visionnaires dans cette nouvelle distribution. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort, la lumière a resplendi. »

La naissance et la mort physiques ne sont pas éternelles. Génération et dissolution telles qu’elles vous sont connues, seront transformées, transfigurées. Là demeure un mystère qui ne peut encore être dévoilé. La route vers sa révélation est le sentier de la pureté immaculée.

W.T.P. : Tes paroles seront-elles comprises ou crues ?

Messager : Les merveilles qui seront bientôt révélées sont telles, que la vision du peuple sera sans nuage et les rayons du soleil brilleront à travers les esprits et les cœurs des hommes et des femmes. Alors la foi deviendra compréhension.

W.T.P. : En ce qui concerne les maux sociaux et les injustices, la pauvreté et l’ignorance, la luxure et l’avidité ? Pourront-ils tous être transmués ?

Messager : Mon fils, aie la foi. Prends conscience que l’amour de Dieu est en vérité tout-puissant. L’Age d’Or ne sera pas introduit en un clin d’œil, ainsi que certains le croient. La loi de l’évolution doit être respectée et ne peut être déjà outrepassée.

Les extrêmes de richesse et de pauvreté vont disparaître. Oui, c’est ainsi. La guerre elle-même est devenue un « instrument céleste », ainsi qu’on te l’a déjà dit. Les gouvernements vont devenir plus simples, moins maladroits, davantage locaux et emplis des idéaux de justice et de fraternité.

L’Unité de l’Humanité, ainsi que l’ont mise en avant les grands prophètes qui se sont manifestés au siècle dernier, sera reconnue et, en conséquence, de vastes réformes sociales et éthiques seront progressivement introduites à travers le monde.

W.T.P. : Et pour la nourriture ?

Messager : La bestialité va disparaître. L’espèce va apprendre à vivre plus simplement, des fruits, plantes et céréales bénies. Si elle n’apprend pas cette importante leçon, on découvrira que la terre ne peut fournir des ressources aux populations qui l’habitent maintenant. L’excès de nourriture et la trop grande soumission aux désirs des sens doit cesser. L’inspiration du spirituel dans la vie éliminera la domination des appétits grossiers. Montre l’exemple ! Lutte pour le bon combat ! Amplifie ta foi. Pour l’homme offert à Dieu, toute chose est possible.

W.T.P. : Tes déclarations sont tellement utopiques que je crains qu’il ne soit impossible de leur obtenir une bonne audience.

Messager : Compare 1817 avec 1917. Compare 1900 avec 2000 après J.C.. Cette dernière comparaison n’est possible que par l’exercice de la foi et de la vision. Beaucoup de choses que j’ai annoncées seront visibles avant l’an 2000 après J.C.. Mon fils, je te bénis, vas en paix.



NB : J’ai mis par écrit ces sentiments et prophéties très utopiques exactement telles qu’elles se sont écoulées au travers de ma plume ; mais, bien qu’étant optimiste, je trouve difficile de croire que l’espèce s’approche de la réalisation de tous ces idéaux.

Ces prophéties sont intéressantes malgré leur imprécision et leur optimisme extrême. Il est inutile pour moi de faire davantage que les mettre à disposition de mes lecteurs, de permettre au temps d’appliquer sur elles le sceau de l’authenticité ou de l’erreur. Nous vivons sans aucun doute une époque étrange, où tout est possible, alors même que les rêves les plus fous se réalisent sous nos yeux.

W.T.P.

Bournemouth, 20 mars 1917

LE SOLDAT DOWDING REVIENT

…Je vais vous dire ce que j’ai appris dans la salle d’instruction ; comment nous avons été préparés pour le « Service Actif » sur le « champ de bataille » entre les mondes… L’Instructeur nous a « parlé » au travers de signes et de symboles, par images et par rayons de couleur, ainsi que par ce qui ressemblait à des photographies éthériques sur un écran. Notre entraînement a été divisé en trois parties. Il a duré longtemps et n’est pas encore terminé, même si certains d’entre nous ont déjà entamé leur tâche.

Dans les premières leçons on nous a appris comment discipliner nos propres émotions et désirs. C’est très difficile. Aucun travailleur n’est autorisé à retourner dans les brumes pour le service avant que les émotions n’aient été soumises. On nous a instruits sur la relation entre l’esprit et la volonté. On nous a dit comment faire le vide en nous-mêmes jusqu’à ce que l’Esprit et la Volonté de Dieu puissent se refléter à travers nous, sans pensée du moi.

Ce fut très difficile pour moi. Ça l’est toujours. Oh, mon ami. J’ai beaucoup à apprendre, j’ai parcouru si peu de chemin depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ! Je suis heureux d’être autorisé à vous parler à nouveau. Peu importe si les gens vous disent que le « Soldat Dowding » n’a aucune existence en dehors de votre imagination. Ce n’est pas important. Le message compte, malgré son caractère fragmentaire. Donnez-le et négligez le reste… L’Instructeur nous a dévoilé son propre esprit. Il était poli comme le cristal et réfléchissait de nombreux purs rayons de lumière de la sphère céleste. Il nous a enseigné comment vider nos esprits des pensées inutiles, des idéaux médiocres et des images vaines. Il nous a montré sur un écran l’esprit d’un homme qui vit encore dans le voile de la chair (écran n’est pas le mot : c’était un globe de cristal ovoïde dans lequel nous avons vu les mouvements des chaînes de pensées à l’intérieur de son esprit).

Cette personne représente un type d’homme. C’est un commerçant prospère, empli du désir de gagner davantage d’argent, ambitieux, sans pensée pour les mondes spirituels plus vastes autour de lui. Son esprit pivotait pour que nous puissions l’étudier…

23 mai 1919, 11 h

Aux environs de la seconde ou troisième partie de notre formation, j’aimerais vous parler d’autres sujets. En ce qui vous concerne : vous êtes sortis de la guerre, non pas indemne mais sauf. A quel point avez-vous été merveilleusement protégé. A un moment donné je vous attendais ici, mais c’était une erreur. Ensuite j’ai demandé qu’on m’autorise à vous parler à nouveau. Ainsi la guerre est terminée ! Est-elle vraiment terminée ? Ici on a l’impression que les combats continuent : non pas peut-être sur les champs de bataille extérieurs, mais dans les cœurs et les esprits des hommes. Cette lutte va continuer encore longtemps. Ce qui absorbe mes pensées, c’est le merveilleux développement de l’intérêt pour ce que vous appelez l’invisible, qui a actuellement lieux sur terre dans les pays anglophones. Nous espérons percer les voiles, faire tomber les barrières inutiles, mais cette tâche requiert un entraînement attentif. Je vais y revenir. Les esprits équilibrés sont tellement essentiels et combien rarement découverts ! Mais qui suis-je pour m’exprimer ? Je sais si peu de choses, je suis toujours un enfant ! De nombreux avertissements nous ont été lancés au sujet des méthodes concernant notre œuvre. Je vais vous transmettre certains de ces avertissements. Faites les connaître, sinon la bonne œuvre sera retardée. Ces avertissements peuvent être exprimés par moi à travers vous, mais ils proviennent de mon Instructeur et du Messager.

Le Messager est devenu mon guide, ne suis-je pas chanceux ? Il vient à moi dans les moments où je me repose.

Ma vie est maintenant divisée en trois parties : la première se passe dans la salle d’instructions, la seconde au pays des brumes pour aider à dissiper le brouillard et le tumulte, la troisième dans les jardins du repos, j’y possède une petite maison et un jardin. Nous construisons notre propre environnement ici, par la puissance créatrice de nos propres pensées. Vous faites la même chose bien que ce ne soit pas autant visible pour vous. Je le répète : par votre propre pensée, vous construisez votre propre environnement, même dans ce monde extérieur opaque et restreint. Où vous mènent vos chaînes de pensées ? Sont-ce des chaînes qui vous maintiennent à terre, ou sont-ce des fils de lumière vous entraînant vers le haut ? Je me trouve toujours emmêlé dans mes propres chaînes, effets secondaires de ma vie inutile sur terre. Tirez les leçons de mon expérience. Lorsque je reviendrai, je vous en dirai davantage sur l’Ecole.

23 mai 1919, 21 h

Je ne vais pas vous raconter l’enseignement qui nous a été fourni par notre Instructeur. Je ne peux me souvenir de tout. Certaines des pensées déposées dans mon esprit, grâce au temps passé dans la salle d’instruction, laisseront leur trace sur vous et, à travers vous, sur d’autres qui pourraient lire ce que vous écrivez. Nombre des leçons de désintéressement, de maîtrise de soi, de relation entre raison et intuition, entre intellect et émotion, sont des leçons que nous aurions dû apprendre alors que nous étions encore sur terre. Je vous ai parlé auparavant de l’importance suprême d’évacuer le moi afin de refléter l’Esprit divin, l’Instructeur a insisté auprès de nous sur l’immense importance de cette leçon. Seuls ceux d’entre nous ayant suffisamment réussi à la comprendre ont été autorisés à quitter la salle d’instruction, à passer quelque temps comme novices au sein des travailleurs dans le royaume intermédiaire. L’Instructeur nous a souvent accompagnés en ces occasions. Il nous a montré comment nous protéger des pensées troubles, sensuelles et affreuses qui pointaient, entrant et sortant des brumes telles des flèches cramoisies. Tant que nous ne pouvions nous protéger nous-mêmes de telles attaques, nous étions incapables d’en protéger les autres.

L’obscurité, causée par la peur, la haine et le désir, prend la forme de gaz âcres (il me faut utiliser vos termes), de telle manière que souvent nous perdions presque connaissance. Il est difficile de se protéger contre ces états vibratoires denses, apportés dans le royaume de la brume par les âmes humaines tourmentées. Les affres subis par tant de personnes sont le résultat de l’ignorance, de la peur de passer d’un monde au suivant, ainsi que par ce que j’appelle l’absence d’âme. Cette dernière condition n’est qu’apparente, elle ne dure pas éternellement. On la voit chez ceux qui ont vécu une vie totalement égoïste ou mauvaise sur votre terre. Je ne souhaite pas m’appesantir sur ces états. Ils sont traités ici par des épreuves purificatrices, qui progressivement assainissent et finalement libèrent l’âme tourmentée. Le Purgatoire, à l’inverse de l’Enfer, est un état souhaitable qu’il faut courageusement affronter et traverser. Je commence à m’élever au dessus de mon propre purgatoire, sinon je ne pourrais pas vraiment aider les autres.

La deuxième partie de notre formation a été effectuée dans les brumes qui stagnent au dessus du grand Fleuve séparant votre monde du nôtre. Toutes les âmes doivent franchir ces brumes en quittant leur forme physique pour la dernière fois. Par trois fois j’ai succombé à l’influence de cette sombre sphère ; ma lumière a été tamisée et mon esprit obscurci. En chaque occasion, deux de mes frères travailleurs m’ont porté dans la salle de soin où j’ai lentement repris connaissance, j’ai ensuite été en mesure de rentrer chez moi. Si j’avais été dépourvu d’ego, les états malins n’auraient pu me vaincre. Nous devons nous entraîner afin que la peur et les pensées sensuelles ne provoquent aucune réaction dans nos esprits, qu’elles tombent anéanties par leur absence de vie inhérente. Souvenez-vous que les pensées et les formes mauvaises n’ont pas de vie propre. Elles disparaissent dès que cette vérité est reconnue et mise en pratique. Dans les brumes, la tâche des travailleurs est de détruire la puissance (apparente) des états créés par la pensée discordante des hommes, d’éclairer avec les torches de l’amour, de la vérité et de la sagesse, les voies les menant d’un monde vers le suivant. Ces voies ne sont pas nécessairement pleines de chagrin, de difficulté et d’obscurité. Afin que le dard de la mort disparaisse, elles doivent être illuminées par la joie authentique de la vie et de la compréhension. J’ai d’autres choses à vous dire au sujet de cette région. Nombre de ceux qui sont encore dans la chair sont appelés à travailler ici avec nous, à la fois dans les heures de veille et de sommeil. Je veux imprimer en vous l’importance d’une telle tâche. La prochaine fois, je parlerai de la troisième partie de notre formation.

24 mai 1919, 21 h

Au delà de la salle d’instruction, une grande voie monte à flanc de montagne. Sur ce mont est bâti un château que nous appelons le temple de l’initiation. Lorsque le groupe, ou cercle, auquel j’appartiens a été mis à l’épreuve dans les brumes et emmené à travers le monde d’en bas (où d’autres tests nous attendaient), l’Instructeur nous a rassemblés dans la salle d’instruction, à chacun de nous on a donné une nouvelle robe, signe que nous étions sur le chemin de la première porte de l’initiation. Ce langage est symbolique. Le fil des évènements actuels passe par le symbolisme. Je me demande si cela est signifiant pour vous ? Je crains d’être mal compris. Les conditions de vie ici ne peuvent être expliquées en termes de temps, d’espace ou de forme tels que vous les connaissez. Ecrivez ce que je vous dis, transmettez-le si vous vous en sentez capable. Même si nombre de choses peuvent paraître confuses, une pensée utile pourrait être découverte ici ou là. Beaucoup de motifs d’espoir existent! Depuis que j’ai parlé à travers vous il y a deux ans (selon votre mesure du temps), les voiles entre nous se sont éclaircis et nombreux sont ceux qui, des deux côtés, sont maintenant engagés dans cette tâche splendide.

L’Instructeur nous a disposés dans nos robes nouvelles et vivantes, il a parlé de ce qui nous attendait. Nous avons prié ensemble pour obtenir illumination et force afin que nos vies soient d’un plus grand service. Ce fut un moment solennel et heureux.

Je ne dois pas m’attarder sur les différentes épreuves de chacun d’entre nous avant que nous ne soyons admis dans le temple. Je ne peux non plus vous dire grand-chose de ce qui s’y est passé. Ces expériences seront vécues par nombre d’entre vous.

Nous étions 9 dans le groupe, sur 81 personnes du quatorzième cercle de la salle d’instruction, tous ont réussi les tests. Nous avons été soudés en un instrument de secours, nous avons été initiés aux mystères spirituels, on nous a dévoilé une partie du plan, la petite fraction que nous étions destinés à accomplir. Chacun des 9 a été affecté à une tâche et à une place particulière dans les rangs de l’armée de libération. Notre travail est de libérer certaines âmes des chaînes de leurs pensées égoïstes qui, à leur arrivée à la frontière, stagnent misérablement autour d’elles. Vous et beaucoup d’autres comme vous, êtes membres de cette glorieuse armée.

Dans la salle d’initiation, notre Instructeur nous a confiés à un Maître qui a ouvert les portes de notre compréhension intérieure. De cela, je ne peux rien vous dire pour le moment. Souvenez-vous à quel point j’étais triste et brisé à mon arrivée ici ! Maintenant, j’ai mon utilité et je peux partager ma joie avec vous. A tous ceux qui sont encore ensevelis dans les dais sombres du moi, prenez courage !

A la demande du Maître, un ange nous a montré les conditions environnant les différents états d’illumination, les variations de lumière et de couleur qui peuvent le plus efficacement détruire les diverses sortes d’obscurité.

On nous a montré comment protéger notre propre esprit contre les ténèbres et la peur, comment réfléchir la lumière à travers chaque pensée, chaque action. On nous a appris comment trouver et transmuer les gaz mauvais, relâchés dans les zones du purgatoire par les pensées de peur et de sensualité. On nous a fait monter dans la tour du temple afin de nous montrer une vision des gloires des sept sphères célestes.

On me permet seulement d’indiquer vaguement ce que signifie traverser la première porte de l’initiation sur le chemin du service désintéressé. N’est-ce pas merveilleux que je sois ici ? Ne suis-je pas chanceux d’avoir été choisi pour une œuvre si glorieuse ? N’attendez pas de venir ici. Entamez immédiatement le chemin qui va vous mener au temple de l’initiation. Tous les mondes authentiques ne font qu’un et s’interpénètrent… Le Messager est avec moi maintenant. Il dit que je ne dois pas parler davantage de ce temple, de son Maître et des anges qui assistent notre illumination intérieure. La prochaine fois je vous emmènerai chez moi. Nous parlerons de simples sujets domestiques. Bonne nuit.

24 mai 1919, 22 h

Bienvenue ! Venez avec moi à la maison. Lorsque j’ai parlé à travers vous il y a deux ans, je n’avais pas de domicile établi. J’étais un vagabond solitaire, quasiment privé d’amis et très triste. Vous m’avez aidé alors. J’y repense souvent avec gratitude. Un jour, il faudra que vous me permettiez de vous aider. On m’a parlé du groupe auquel vous appartenez. Vous faites un travail utile (Le soldat Dowding m’a pris par la main et m’a emmené sur l’une des routes principales de la région campagnarde où il vit. J’étais tout à fait conscient de mon environnement extérieur, assis en train d’écrire sur le pont d’un grand paquebot, par une mer tempétueuse et ensoleillée, mais j’étais également conscient de ce voyage intérieur dans les régions de la pensée, en compagnie de mon ami qui préfère toujours qu’on l’appelle soldat Dowding. Laissons les moqueurs ricaner ! Le temps vient où des expériences telles que celle-ci seront racontées librement par nombre d’hommes et de femmes encore sur terre. Je n’ai pas peur d’en parler comme faisant partie de ma vie normale et naturelle. W. T.P.).

J’aime ma petite maison. Le Messager m’a aidé à la créer. Ce chemin y mène. Ces bancs moussus ne sont-ils pas bien verts et reposants ? Un ruisseau descend d’un côté. Je suis devenu l’ami de nombreux lutins des eaux, dans la source sur le flanc de la montagne. Voici mon petit bois. Je l’ai trouvé là lorsque je suis arrivé au début. Il a été créé par une âme rayonnante qui est maintenant passée joyeusement à une sphère plus élevée. Le Messager m’a dit que ce bois était mien. C’était une époque ou les mots « mien » et « tien » avaient encore une signification pour moi !…

26 mai 1919, 10 h

Je voudrais parler de la guérison spirituelle. Je commence à étudier ce sujet. Je crois que cela finira par remplacer les médicaments et la chirurgie dans votre monde. Ici tout le travail de guérison est accompli en permettant à l’esprit de refléter les rayons lumineux guérisseurs provenant des sphères plus élevées. Il pourrait en être de même dans votre monde.

Le Messager me dit qu’il s’agit d’un sujet auquel vous vous intéressez fortement. J’espère que vous partagerez vos idées avec moi. Je crois fermement que la guérison des infirmités physiques, par les méthodes spirituelles et le déverrouillage des portes entre notre monde et le vôtre, fera davantage que n’importe quoi d’autre pour amener progrès rapide et bonheur à l’Espèce. Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour apporter cela !

Le Messager est avec moi maintenant. Avez-vous des questions que vous souhaiteriez lui poser

W.T.P. : souhaitez-vous que ces nouveaux messages du soldat Dowding soient publiés ?

Messager : Nous souhaitons que toutes les mesures possibles soient prises afin d’éveiller parmi vous l’intérêt pour les royaumes dans lesquels nous demeurons.

L’humanité a trop longtemps concentré sa réflexion sur ce qui peut être senti, vu et entendu dans le monde matériel, excluant tout autre intérêt. La vie sur terre ne peut durer que quelques années tout au plus. Alors qu’ils sont encore sur terre, les hommes doivent se préparer et se former pour la grande vie…

W.T.P. : Comment considérez-vous la campagne actuelle du spiritisme afin de percer le voile occultant votre monde au nôtre ?

Messager : C’est un résultat naturel de la guerre. A mesure que l’Espèce accroîtra sa compréhension spirituelle, la nécessité du voile disparaîtra. Qu’il en soit ainsi fait partie du Plan divin.

27 mai 1919, 10 h

Je suis dans mon bureau, je me repose après une période de dur labeur à la frontière. Il est important que cette sphère cesse d’être un pays de brume et d’obscurité. Lorsque le rayonnement des royaumes supérieurs aura commencé à se diffuser sur toute la frontière, une grande œuvre aura été accomplie. Pensez à ce que cela signifiera ! Je peux mieux vous le décrire par l’exemple. Vous avez vu Londres ensevelie dans un épais brouillard jaune. Imaginez que ce brouillard se maintienne jour et nuit, de telle sorte que toutes les activités de la vie lui soient subordonnées. Toute la vie de la cité et de ses habitants ne serait-elle pas transformée ? Lorsque la brume épaisse se lèvera sur la frontière entre votre monde et le nôtre, une ère nouvelle et davantage spirituelle commencera. L’âme arrivante baignera dans la lumière et gravitera immédiatement vers son propre paradis de repos et d’harmonie. La peur de la mort disparaîtra. L’homme franchira le fleuve joyeusement et sans crainte. Ceux qu’il laissera derrière lui regarderont son voyage avec des yeux qui ne seront pas embués de larmes. Ils verront les amis qui l’attendent pour l’Accueillir dans le grand monde. Il pourra raconter ses nouvelles expériences merveilleuses à ceux qu’il aura laissés derrière lui. Il n’y aura pas de brouillard entre eux. La pensée matérialiste et la peur de la mort ont dressé des barrières séparant notre vie ici de la vôtre. Tout cela doit disparaître. Le brouillard a commencé à se lever ! Aide-nous à répandre le rayonnement qui donnera vie à tout. La tâche n’est pas impossible. Votre monde a besoin de l’inspiration des royaumes élevés. Souvent nos très grands efforts pour percer les voiles, illuminer les endroits sombres dans les esprits des hommes n’ont porté aucun fruit. Le brouillard a occulté la lumière et les hommes sur terre ont vécu dans l’obscurité, ou tout au moins dans la pénombre. Ceci est bien sûr symbolique. Lorsque la frontière sera libérée de l’ombre, emplie d’illumination, alors une nouvelle ère commencera sur terre. Les guerres cesseront. Les maladies et la haine décroîtront. Le climat météorologique s’améliorera. Les discordes en tout genre seront remplacées par l’harmonie et le progrès. La vision des hommes s’étendra de telle manière que l’égoïsme et l’avidité ne seront plus attirants. Ne pouvez-vous voir à quel point cette tâche est importante : l’éclaircissement des voiles et l’illumination de la frontière ? La nouvelle ère est sur nous. Les forces du mal sont tout à fait épuisées. La lumière commence à percer l’obscurité qui a rempli si longtemps les esprits des hommes. Ce ne sont pas des paroles creuses. La tâche à accomplir est encore immense, mais la parole a été prononcée et nous devons obéir à nos guides et à nos maîtres. Les forces du mal de votre côté et du nôtre ont lutté pour résister à la Lumière. Un instant elles ont semblé devoir l’emporter. Le danger est passé maintenant. Les nuages qui ont caché le soleil vont disparaître avec la pluie. Cette pluie va purifier la frontière, laver l’impureté, couler dans les esprits des hommes comme des nouvelles rivières de vie et de vérité. Le Messager me demande de vous dire ceci. Il parle de ce qu’il connaît. Faites comprendre ses paroles !

Le Messager est ici et va vous parler.

W.T.P. : Il a été fait mention de la formation d’écoles d’instruction dans notre propre monde, afin de former les hommes et les femmes pour qu’ils aident à l’avènement de la transformation spirituelle dont Dowding vient de parler. Comment vont-elles être créées ?

Messager : Chaque groupe d’élèves sérieux se réunissant de votre côté, peut attirer à lui un guide de nos sphères qui les formera et les instruira durant les heures de veille et lorsque le corps sommeille. Chaque groupe doit demander orientations et instructions invisibles. Elles seront fournies de différentes manières. Au début, elles peuvent prendre la forme de livres ou d’amis. Rapidement un guide gravitera vers le groupe et rendra la communication possible. Lorsque ce sera fait, la route deviendra plus facile. Le guide illuminera le chemin à parcourir par chacun des membres du groupe. De nouveaux groupes se formeront, avec chaque membre des anciens groupes comme centre. Progressivement, le monde sera encerclé de cette manière. Chaque groupe sera en contact avec un groupe d’élèves déjà formés de notre côté du voile. Purifiez et illuminez votre propre pensée afin que les brumes puissent être dissipées. Cette œuvre est dirigée et bénie par des êtres des sphères élevées. Une fois que vous aurez mis la main sur la charrue, ne vous retournez pas.

W.T.P. : Cette œuvre sera-t-elle accomplie par les institutions religieuses de notre monde ?

Messager. Cette nouvelle campagne sera conduite dans les institutions existantes et sans elles. Sa progression ne dépendra pas des croyances et des dogmes. Elle se libèrera des superstitions de la bigoterie. Votre tâche est de faire votre propre travail sans empêchement ni obstacle de la part des autres groupes.

Avec le temps, les groupes de travailleurs de votre côté et du nôtre seront liés harmonieusement. La Lumière jaillira d’un esprit à un autre. Rien ne peut résister à l’illumination à venir (après cette déclaration le Messager s’est retiré).

Note de W.T.P.

SURVIE : L’INTERLUDE DU SILENCE

De nombreux étudiants chercheurs en ce domaine auront eu cette même question qui m’est si souvent posée :

Au cours des maladies graves, il existe souvent une sensation de proximité avec l’autre monde, elle est ressentie à la fois par le patient et ceux qui l’entourent. C’est comme si les deux états de conscience se rapprochaient l’un de l’autre, se confondant même par moments.

Si toutefois la maladie s’avère « fatale » (pour utiliser l’expression habituelle), alors une période intermédiaire s’ensuit, durant celle-ci le « silence de la tombe » s’abat sur ceux qui restent. L’au-delà semble être hors de portée, le contact paraît avoir été interrompu, suivi par un vide ou par une sensation de néant.

Cette expérience ne vaut pas pour les personnes dans cette situation et qui ont perdu toute peur de la « mort », qui sont dans une certaine mesure familières des conditions dans lesquelles nous passons lorsque nous quittons la vie terrestre. Néanmoins, le vide temporaire ressenti par ceux qui portent le deuil est une expérience bien trop commune et pénible.

Pourquoi en est-il ainsi ? A mon avis, l’explication est à la fois simple et consolatrice.

Tout d’abord, il nous faut réaliser que le silence de la tombe n’est pas un état négatif mais un silence porteur des qualités de guérison et de tranquillité.

Le premier besoin d’une âme à son arrivée « là-bas », c’est d’être libre, libre avant tout de dormir puis d’apprendre comment utiliser la nouvelle forme qui l’enveloppe, de commencer à comprendre les étranges conditions qui l’environnent. A cette fin, il est impératif que toute perturbation émotionnelle soit évitée, particulièrement celles causées par le chagrin, la dépression, les regrets (et parfois la peur) de ceux qui sont restés. C’est particulièrement important dans les cas où la croyance en la vie après la mort est faible, voire inexistante.

C’est ici qu’intervient la Providence, agissant avec la plus grande miséricorde, elle masque (temporairement) à l’âme ces contacts du monde qui pourraient perturber ou retarder la progression et la compréhension.

Pour ceux qui ne se rendent pas compte de la nécessité de ce processus de filtrage protecteur, ce qui semble être une perte de contact peut s’avérer douloureux. « L’interlude » en question peut durer des semaines ou même des mois de notre « temps » et varie selon les individus.

Les « prières pour les défunts » au cours de cette période devraient éviter les pensées de regret ou les tentatives de communication, elles devraient être orientées vers le but d’élever l’être cher dans la Lumière et la Grâce de l’amour du Créateur. En de tels moments, il n’existe pas de meilleure manière pour ceux qui restent d’aider vraiment.

Un vrai soulagement est ressenti dès qu’on réalise que la Providence sait mieux que quiconque mener ses affaires, le résultat étant que « l’interlude » en question peut être raccourci et la communication devient à nouveau possible. Les sentiments de chagrin et de séparation retombent dans le passé et l’amour a triomphé de la « Mort » (qui est de toute façon un passage, non un aboutissement).

W.T.P. Ecrit en 1966 LAUS DEO