SOBE de Cristine H
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DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE :

C’est arrivé dans l’après-midi du vendredi 29 août 1997. Je me trouvais, une pelle à la main, sur la pente située à l’est de ma maison. Je m’étais mise à bêcher la pelouse pour démarrer un nouveau jardin. Je me suis appuyée sur la pelle pour faire une pause, me remémorant la magnifique conversation que j’avais eue avec un médecin ce matin-là. Puis une chose (qui s’était déjà produite) a capté toute mon attention. J’ai entendu un genre de bourdonnement ou de sonnerie avant de ne plus rien entendre du tout. J’étais tout à fait consciente de ce silence total, comme si rien d’autre n’existait. Le temps aussi s’était modifié, il s’est ralenti ou arrêté. Je me suis sentie apaisée, totalement concentrée sur le silence. J’ai puissamment ressenti qu’il s’agissait d’une invitation au voyage. Eprouvant davantage de curiosité que d’inquiétude sur ce qui allait suivre, je me suis laissée tomber en avant.

Le monde a disparu (ou peut-être était-ce moi). Je me suis mise à tomber dans une obscurité qui s’est rapidement transformée en traînées extrêmement rapides d’une intense lumière colorée. Le déplacement était doux malgré la vitesse à laquelle je chutais. Je me suis sentie renforcée, sans crainte. Pour moi c’était une aventure et j’étais impatiente de voir ce qui allait se produire ensuite.

Et c’est un peu difficile à décrire. J’ai traversé ce tunnel, puis j’ai soudainement atterri, observant la création et la naissance de tout (de la terre aux plantes et aux animaux), les uns à la suite des autres. Cela m’a été montré à une vitesse tellement extrême que mes yeux sont devenus « rapides » afin que je puisse tout voir. Je me souviens d’une graine qui a soudainement lancé des racines se propageant furieusement vite dans le sol. Puis sa force vitale a percé et les pétales se sont déployés, formant une magnifique rose rouge (j’ai remarqué que la couleur était plus vive comme si elle-même était vivante). La plante a paru passer de graine à fleur complète en moins d’une seconde. C’était comme voir tout passer de conception à naissance en un clin d’œil. Je ne peux pas vraiment traduire en mot comment c’était. Les couleurs que je voyais ont évolué depuis de sombres nuances de noirs, gris et bruns à des bleus, des verts puis des rouges et des jaunes. Ensuite, je me suis retrouvée dans une pièce remplie de somptueux coussins sur lesquels j’étais assise, on m’y a offert un spectacle. Je ne peux décrire cela que comme se trouver dans un gigantesque kaléidoscope où des images colorées changeaient rapidement de forme… toutes à couper le souffle. Puis, me sentant complètement étourdie, je me suis rapidement endormie sur les coussins moelleux.

L’instant suivant, je me suis éveillée dans un espace obscur et tranquille. De minuscules points lumineux donnaient l’impression de flotter dans l’espace lointain. Je me sentais bien reposée et très calme, comme après un long sommeil. J’ai regardé au loin pour me voir, j’étais en train de m’éveiller. Le moi (que je regardais) était recroquevillé en position fœtale. Lorsque je me suis rendu compte que je pouvais me déplacer librement, je me suis « ouverte » et j’ai flotté en douceur vers le bas, traversant la nuit, au-dessus d’un nouvel endroit en attendant que le soleil se lève. Je me suis retrouvée dans un jardin en fleur, une grande et abondante masse de couleurs en plein épanouissement. Les fleurs, très grandes, avaient une magnifique apparence ancien monde. Ce jardin constituait une parfaite introduction pour la maison attenante. C’était un jardin heureux, il vivait avec un enthousiasme d’enfant.

Là, mon corps physique a totalement disparu. J’étais constituée de lumière et miniaturisée, tout en étant bien davantage qu’auparavant. Je pouvais voler partout dans le jardin, ma vue était extraordinaire et je pouvais zoomer sur les plus petits détails. Je m’y sentais tout à fait naturelle, la joie du jardin m’a donné la sensation d’être chez moi. Le moi avec le corps était toujours là (bien qu’invisible), en train de regarder l’autre moi (une petite bille de lumière), vivant tout ce que ce dernier faisait. Je me suis concentrée sur les fleurs, elles étaient vivantes, immergée dans un amour pur. Aujourd’hui encore je me mets à pleurer quand j’y repense. Les couleurs du jardin étaient vivantes également, leurs teintes rendaient ternes toutes les autres couleurs d’ici-bas.

Les fleurs se balançaient comme mues par la brise. Il y avait du soleil mais il ne blessait pas les yeux. La température était parfaite et je ressentais un bien-être plus intense que jamais. Le soleil illuminait pétales et feuilles, les rendant translucides. Je volais au milieu d’eux pour jouir des formes entrelacées (comme je l’avais fait dans le kaléidoscope). Le jardin me divertissait, j’y éprouvais non seulement de l’amour et de la joie, mais aussi de l’amusement. Mon ouïe distinguait chaque oiseau ou insecte, mais un son particulier (un bourdonnement) est en fait devenu désagréable parce qu’il s’imposait à mon attention. J’ai volé dans sa direction et me suis retrouvée face à un grand et gros bourdon. Il est entré dans une fleur et il a tout à coup été soufflé par une énorme explosion de pollen. J’ai vu chaque grain minuscule flotter au ralenti. La tête du bourdon a pris une expression hilare, comme s’il venait de jouir du meilleur des orgasmes. Il m’a regardé droit dans les yeux, a souri, puis a volé plus loin tandis que j’éclatais de rire. Le jardin donnait l’impression de constituer l’univers entier, j’ai vu tout son contenu dans une unique goutte de rosée sur un pétale de fleur. J’ai remercié Dieu de m’avoir permis de venir là. Je passais de tellement bons moments que j’aurais été heureuse de rester pour explorer davantage, mais c’est alors que j’ai senti « sa » présence. Je me suis envolée et j’ai vu un garçon avancer sur le chemin du jardin.

Il semblait avoir environ 14 ans. Il marchait le long d’un chemin empierré traversant le grand jardin fleuri en son centre et aboutissant à la porte d’entrée de la maison. Il portait une veste bleu-gris à col montant, elle paraissait faite de velours, avec des boutons brillants sur le devant. Les volants blancs de sa chemise dépassaient des manches de sa veste. Son pantalon, ourlé au genou, était assorti à la veste. Il portait de longues chausses claires et des souliers de cuir brun sombre qui semblaient bien usés. Ses chaussures comportaient des boucles en bronze et le soleil s’y réfléchissait tandis qu’il marchait. Ses longues boucles brunes se balançaient en douceur, encadrant le sourire de son visage radieux. Il tenait un bouquet de fleurs qu’il avait cueillies ailleurs, dans un autre jardin. Malgré son âge il avait l’air assuré, confiant. Il était heureux et fredonnait une vieille chanson stupide. Il chantait plus vite à mesure qu’il accélérait le pas et cela m’a fait sourire. Alors que je voletais autour de lui, il a semblé ne pas me remarquer (pas plus que l’autre moi qui regardait depuis un autre endroit). Les fleurs du jardin étaient plus hautes que lui, elles étaient très enthousiasmées par sa présence… elles aimaient vraiment ce garçon. Je l’ai suivi de près et je me suis rendu compte que je pouvais ressentir sa joie. En approchant de la porte d’entrée, j’ai remarqué que je devenais un néant invisible qui pouvait traverser les murs et même le garçon. Je me sentais incroyablement légère, chacune de mes pensées était bonne et magnifique. Le tic-tac du temps s’écoulant n’existait plus, il s’est ralenti ou il est reparti en arrière afin que je puisse intégrer chaque détail.

La fille habitait une charmante demeure rurale d’aspect européen, peut-être français. Les pierres claires paraissaient délavées par le soleil. La porte était située au centre avec une grande fenêtre de chaque côté. Les murs étaient très épais et les fenêtres posées très en arrière. Les fenêtres de l’étage étaient beaucoup plus petites, j’ai remarqué les volets de bois à la belle patine bronzée. La porte d’entrée était magnifique, réalisée en bois massif ouvragé et peinte de couleur claire. J’ai distingué sa texture et des entrelacs délicats, j’ai dû voler plus près pour l’examiner… cette porte m’a également fait penser à des coquillages. Elle était ornée d’un heurtoir en laiton ovale, j’ai vu l’image du garçon s’y réfléchir quand il l’a utilisé. Le temps pouvait repartir en arrière, j’ai ainsi pu voir le garçon approcher par le jardin et à nouveau éprouver tous ces merveilleux sentiments. Nous sommes arrivés à la porte encore une fois, il a frappé et nous avons attendu avec enthousiasme qu’elle s’ouvre. Le garçon est entré par la porte, quant à moi je l’ai suivi en traversant le mur. De manière très semblable au jardin, l’intérieur de la maison était empli de soleil et de couleurs. Partout dans la grande pièce, j’ai noté la présence de vases emplis de fleurs fraîchement coupées. Les meubles étaient joliment ouvragés et recouverts de tissus aux motifs floraux et de couleurs gaies. J’ai ensuite regardé au fond à droite de la pièce, vers le bas des escaliers, où se trouvait la fille. Elle était petite et menue, paraissant avoir environ treize, quatorze ans. Elle était si mignonne dans sa longue robe de satin jaune pâle, resserrée sur sa taille de guêpe. Elle portait un ruban de couleur assorti noué sur la tête, de longues bouclettes châtain retombaient sur les épaules. Elle avait un visage vraiment lumineux qui semblait translucide, à l’image des pétales illuminés par le soleil. J’éprouvais ses sentiments, comme pour le garçon, je ne peux le décrire que comme de la joie pure. Sa mère se tenait près d’elle, c’est elle qui avait ouvert la porte. Je ne percevais pas les émotions de cette femme qui, bien que paraissant heureuse pour elle, était un peu inquiète mais le cachait à sa fille à peine capable de contenir son enthousiasme. Celle-ci s’était précipitée dans les escaliers pour ouvrir la porte, mais la mère semblait penser qu’il n’était pas convenable qu’elle ouvre.

Par la fenêtre, nous avons (à nouveau) regardé le garçon qui parcourait joyeusement le chemin en direction de la porte. Puis j’ai pour la première fois éprouvé de la peur, j’ai prestement tourné le regard sur la gauche, vers une pièce que je venais juste de remarquer. Cette salle était sombre, mais j’ai distingué un homme assis sur une chaise, regardant par l’autre fenêtre en façade le garçon qui approchait. La chaise n’était pas face à moi, je ne voyais donc qu’un côté de sa tête. En direction de cette pièce ma vue était floue, pas du tout comme la vision super nette partout ailleurs. Très à contrecœur, j’étais sur le point de pénétrer dans cette salle, mais quelque chose m’en a empêchée. La pression de l’urgence s’est tout à coup fait sentir, j’ai donc mis ce sombre sentiment de côté et je suis revenue vers la fille, tandis que le garçon frappait et que la porte s’ouvrait.

La fille a pris une profonde inspiration (moi aussi) lorsque la porte s’est ouverte. Quand le garçon et la fille se sont enfin retrouvés face à face, ils n’ont pas prononcé une parole, j’ai par contre ressenti tout ce qu’ils ont « exprimé ». J’ai éprouvé toutes les émotions de chacun d’eux, j’ai à nouveau remonté le temps, avec la fille cette fois, afin de ressentir ses émotions et de regarder par la fenêtre tandis qu’il arrivait par le jardin. Toutes les deux, nous pouvions à peine contenir notre joie et nous-nous sommes précipitées dans les escaliers alors qu’il était sur le point de frapper. Je les ai contemplés en train de se regarder l’un l’autre avec un sourire juvénile. Je me suis tout à coup retrouvée dans le garçon, la voyant à travers ses yeux, le regardant lui également avec ses yeux à elle. J’ai ensuite vu leurs reflets qui me regardaient. Puis j’ai eu la sensation de les traverser tous les deux simultanément, tout en ressentant leur amour. Ensuite est venu le moment d’être propulsée là où je me trouvais précédemment, debout sur la pente, appuyée sur ma pelle.

En regardant autour de moi, j’ai été stupéfaite de me rendre compte à quel point ma vue semblait toujours aussi nette, l’herbe était d’un vert bien plus vif. Je voyais chaque brin d’herbe s’agiter comme animé par sa propre vie. Les sons d’insectes et d’oiseaux, proches ou lointains paraissaient plus distincts et harmonieux. Je me sentais incroyablement bien, énergique. J’étais heureuse et triste en même temps.

Après quelque temps, les couleurs sont redevenues normales, mais horriblement ternes en comparaison du jardin. Tout ici est terne, sombre en comparaison. Pendant ma décorporation j’ai vraiment senti la présence de quelque chose de bien plus grand que nous.

Informations générales :

Sexe : féminin

Date de l’EMI : 29 août 1997

Eléments de l’EMI :

Au moment de votre expérience, y avait-il un événement qui menaçait votre vie ? Non Aucun Expérience associée à une autre, ce n’était qu’une journée tout à fait ordinaire

Comment considérez-vous la teneur de votre expérience ? Merveilleuse

Vous êtes-vous senti séparée de votre corps ? Indécise Il y avait le moi avec un corps qui regardait (d’en-haut ou d’ailleurs) le moi sans corps, les deux vivant les émotions simultanément.

Quel était votre degré de conscience et de lucidité durant cette expérience comparativement à celui que vous avez au quotidien en temps normal ? J’étais à la fois consciente et lucide. J’ai en permanence su que je me trouvais ailleurs. J’ai eu l’impression d’être partie une journée entière, mais cela n’a duré que quelques minutes. Je suis restée debout dans la même position et ne me suis pas endormie.

Est-ce que le temps vous a paru s'accélérer ou ralentir ? Tout semblait se passer en même temps, ou le temps s’est arrêté, ou il n’y avait pas de notion de temps Le temps s’accélérait, ralentissait ou revenait en arrière, afin de pouvoir revivre tous les sentiments.

Pendant l’expérience, votre vue était-elle différente de ce qu’elle était juste avant ? Mes sens étaient très affûtés, en particulier la vue et l’ouïe.

Pendant l’expérience, votre ouïe était-elle différente de ce qu’elle était juste avant ? Au début, quand le bourdonnement a capté mon attention, tous les sons ont disparu. Dans le jardin, je n’ai entendu que les magnifiques chants d’oiseaux et les sons d’insectes. Aucune parole n’a été prononcée, mais tout était compréhensible.

Avez-vous rencontré ou perçu la présence d'êtres décédés (ou encore en vie) ? Oui Une jeune fille et un jeune garçon amoureux. J’ai ressenti leur amour. L’amour était transmis. J’avais l’impression de les connaître comme si j’étais l’un d’eux, ou les deux.

Avez-vous vu une lumière surnaturelle ? Indécise

Avez-vous eu l'impression d'entrer dans un autre monde, surnaturel ? Un monde nettement ésotérique ou surnaturel Je suppose que le paysage et la maison me paraissaient familiers uniquement dans la mesure où je me sentais chez moi.

Quelles émotions avez-vous ressenties durant l'expérience ? Je me sentais exaltée par cette aventure, j’ai ressenti de l’amour comme jamais auparavant. Je suis incapable de le décrire, si ce n’est que c’était extrêmement puissant et pur.

Avez-vous soudainement eu l'impression de comprendre tout ? Tout sur l'univers Je me rappelle avoir vu de façon très accélérée la formation des planètes des animaux et des plantes. C’était tellement rapide que tout a paru se dérouler en moins d’une minute, trop vite pour mon cerveau humain. Lorsque c’est arrivé, il semble toutefois que je savais quelque chose dont je ne me souviens plus maintenant.

Est-ce que des scènes de votre passé vous sont revenues ? Mon passé a défilé devant moi, hors de mon contrôle

Est-ce que des scènes de l’avenir vous sont apparues ? Non

Êtes-vous arrivée à une frontière ou à un point de non-retour ? J'ai atteint une barrière que l'on ne m’a pas permis de dépasser; ou j'ai été renvoyé(e) contre ma volonté.

Dieu, Spiritualité et Religion :

Vos pratiques religieuses ont-elles changé depuis cette expérience ? Non Mes croyances n’ont pas vraiment changé. Je ne suis adepte d’aucune religion, je crois pourtant en Dieu.

Après l'EMI :

A la suite de votre expérience, avez-vous acquis des capacités médiumniques, hors de l'ordinaire ou d'autres dons particuliers que vous n'aviez pas avant ? Oui J’avais déjà entendu le bourdonnement. Un jour je l’ai entendu et je me suis retrouvée dans le ventre de ma mère, j’ai revécu ma naissance. Une autre fois j’ai senti et entendu la présence d’un « esprit ». J’ai vécu des expériences de nature ésotérique pratiquement toute ma vie.

Une ou plusieurs parties de l'expérience sont-elles particulièrement significatives pour vous ? Tout dans l’expérience était extraordinaire, notamment lorsque j’ai traversé « l’âme » des 2 personnes amoureuses. Je ne voulais pas que cela se termine parce que je me sentais tellement bien là-bas. Le pire moment a été provoqué par la peur dans la pièce.

Avez-vous déjà raconté cette expérience ? Indécise

Est-ce que quelque chose a reproduit une partie de cette expérience à une période de votre vie ? Non